Chez les commerçants, la colère... et la grande peur de l'avenir

"On a envie d'être là dans cinq ans, dans dix ans": au-delà de la colère immédiate et des inquiétudes sur les ventes pour la fin d'année, certains commerçants, durement éprouvés par le reconfinement, vont jusqu'à poser la question de leur avenir à plus ou moins long terme.

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Manifestation à Nantes contre la fermeture des commerces, le 13 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il y a de la "colère", mais aussi beaucoup d'inquiétude. Pour Lola Mourier, qui tient depuis 15 ans une petite boutique de prêt-à-porter dans le cœur historique d'Arles (Bouches-du-Rhône), "la colère ne sert à rien. On n'est pas les seuls à être dans ce cas-là, on le voit au niveau européen et mondial".

"S'il faut en passer par là pour pouvoir avancer et après revivre plus normalement plus tard, il faut le faire", confie-t-elle vendredi 13 novembre. "Il ne faut pas oublier aussi qu'il y a des gens à l'hôpital, qu'il y a des personnels soignants qui se battent au quotidien", qui "ont plus de raisons d'être en colère que nous, je pense".

"Ci-gît le commerce"

Malgré tout, se pose la question de l'avenir du commerce : "On a envie d'être là dans cinq ans, dans dix ans et on a envie que les autres s'en sortent aussi parce qu'il faut que les autres tiennent pour l'attractivité du centre-ville", explique-t-elle encore.

"On sent des commerçants inquiets pour leur avenir", estime aussi Stéphane Paglia, président de la Chambre de commerce et d'industrie du pays d'Arles. "Pour les hôteliers-restaurateurs dans une ville touristique comme Arles, il y a une grande anxiété car on ne voit pas de perspective claire. Lors du premier confinement, il y avait de l'allant pour repartir mais maintenant c'est plus dur".

Jean Castex a indiqué jeudi 12 novembre que, "si les données sanitaires le permettent", "des premières mesures d'allègement pourrait intervenir à compter du 1er décembre", "strictement limités aux commerces". Mais peu de commerçants trouvent leur compte dans ces annonces, et surtout pas le secteur de l'hôtellerie-restauration, pour lequel n'existe "aucune espérance de réouverture rapide", dixit l'Union des métiers des industries de l'hôtellerie.

À Nantes, entre 120 personnes selon la police et 300 personnes selon l'association "Plein centre" se sont réunies vendredi 13 novembre sur la place du Commerce pour déposer une gerbe de fleurs : "Ci-gît le commerce nantais". Tout autour de la place, des commerçants avaient placardé cette affiche sur leurs devantures fermées.

"L'ambiance se tend"

Une pancarte "À vendre" sur la devanture d'un magasin de jouets, le 10 novembre 2020 à Lyon.

"On espérait tous un petit peu, on est déçus", réagit Sophie Gondreau, gérante d'un magasin de chaussures pour enfants à Grenoble. "Le gouvernement a beau nous proposer des aides, c'est mieux que rien, mais on voudrait bosser".

"Castex a été catégorique sur le fait que les mariages resteraient limités à six personnes, il n'a même pas laissé entrevoir un espoir", déplore aussi Brigitte Poupon, propriétaire depuis 32 ans d'une boutique de robes de mariées et de cocktails à Dijon. Et "quand bien même on rouvrirait le 1er décembre, le maintien de l'attestation empêchera certains de mes clients qui viennent de loin de se déplacer".

"La colère gronde de plus en plus", estime aussi Thierry Radice, de l'association de commerçants "Les vitrines d'Annecy". "Les gens ont l'impression qu'il y a deux poids deux mesures entre les petits commerces et les grandes surfaces avec des règles sanitaires qui ne sont pas similaires". Mais "fermer les grandes surfaces, qui ont bénéficié du premier confinement de manière considérable", comme il le demande, serait-il suffisant pour apaiser les colères et les craintes ?


AFP/VNA/CVN

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