Phuong est originaire de la commune de My Trach, une localité pauvre nichée au bord de la rivière Gianh. Il y a 20 ans, sa famille était l’une des plus pauvres. Ses parents n’épargnaient pas leur peine pour nourrir leurs huit enfants. En 1990, Phuong devient ouvrier. Salaire modique, à peine suffisant pour assurer ses propres besoins. À cette époque, l’État mettait en œuvre une politique d’installation de paysans volontaires dans des montagnes et collines en friche. Sans trop réfléchir, Phuong a arrêté son travail d’ouvrier et reçu un terrain à exploiter.
Un de ses étangs de pisciculture. |
À la différence d’autres personnes, il a demandé une terre jugée ingrate en bordure de forêt. «À cette époque, personne n’en voulait. Moi, j’ai pensé que c’était l’occasion de trouver plus d’hectares». Il demanda à ses frères de venir l’aider à défricher et mettre en valeur cette terre. «On avait tous la volonté de bâtir une ferme, mais on n’avait rien d’autre que notre volonté. Le peu d’argent que nous avions est vite parti en fumée. La vie au début a été difficile, nos repas étaient frugaux».
Une dette envers la forêt
Une fois le défrichage terminé, Phuong a partagé ce terrain avec ses frères, et la mise en culture a commencé. Au début, des plantes annuelles comme manioc, cacahuète, haricot afin de subvenir aux besoins immédiats. Après un an, quand le souci de se nourrir a été dépassé, Phuong a commencé à planter des plantes vivaces et non comestibles. «Étant pauvre, je n’avais pas d’autre choix que d’investir le peu que je gagnais pour recevoir un petit profit, que je réinvestissais, et ainsi de suite... ».
Après 20 ans de dur labeur, Phuong et ses frères sont les heureux propriétaires d’une ferme de 100 ha, avec beaucoup d’essences de valeur. Le terrain de Phuong fait 30 ha dont 17 ha d’hévéa qui lui rapportent chaque année plus d’un milliard de dôngs. Phuong a aussi construit des routes pour que ses clients puissent venir prendre livraison de la marchandise. Du haut de la montagne, il a créé un réseau de canalisations pour acheminer l’eau, pour ses cultures et aussi ses étangs de pisciculture.
Phuong a même réservé un bout de terrain à des essences forestières locales. «Je veux recréer un morceau de forêt naturelle, car j’ai une dette envers elle. Je la laisserai pousser et je n’y récolterai aucun arbre», s’est-il engagé.
Phong Delon/CVN