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La professeure de l’auteur fête son anniversaire en classe. |
Cân Tho, le 2 septembre 2021
Madame,
C’est peut-être la première lettre depuis près de huit ans que je vous écris… Je pensais que j’aurai encore plusieurs chances pour vous revoir. Le fil du temps est toujours très cruel. Aujourd’hui, je sais que je suis assez mature pour le faire...
Savez-vous que les premiers jours où je suis entrée au lycée à option Ly Tu Trong, j’étais vraiment nerveuse à cause des pressions invisibles que je m’étais créées. Mais lorsque j’ai pris mes premiers cours avec vous, j’ai trouvé davantage de motivation. Je me souviens encore de votre première prise de parole : "L’école n’est pas un lieu pour vous mettre la pression, mais une maison commune où nous nous retrouvons pour créer, partager et accomplir notre enfance".
À cette époque-là, la grammaire était mon cauchemar. Pourtant, j’étais toujours dans l’attente de votre classe, tout simplement pour vous écouter raconter vos histoires, nous sermonner ou nous donner des conseils sur la psychologie de l’adolescence. Presque à toutes vos classes, vous réserviez les premières 15 minutes à nous raconter des histoires ou à prendre notre pouls, afin de nous donner des conseils psychologiques. Passionnée et investie, il n’était pas rare de dépasser l’heure de fin de classe.
Il est clair que vous étiez souvent amusante, mais parfois vous étiez aussi très stricte. Je me souviens d’une fois où deux élèves qui avaient une mauvaise attitude et n’étaient pas sérieux en classe, vous leur avez demandé de sortir de la classe et de rédiger un contrat d’engagement envers la classe en disant : "Je préfère être sévère pour que vous soyez sérieux avec vous-même et les autres". Cette déclaration m’a également enseigné beaucoup de choses sur le chemin ultérieur.
Personnellement, je garde aussi beaucoup de souvenirs particuliers avec vous.
Peut-être que dans ma mémoire, je n’oublierai jamais les souvenirs des jours où nous nous préparions ensemble pour les concours. La première visite à Hô Chi Minh-Ville pour le concours pour les lycéens, la veille de la compétition, nous étions si nerveux et inquiets que nous ne pouvions pas dormir. Cependant, vous nous avez encouragés en nous disant de faire de notre mieux et vous aviez demandé à tout le monde d’aller dormir, de ne pas rester éveillé tard pour réviser. Nous ne savions pas alors que vous n’aviez pas fermé l’œil de la nuit ce soir-là.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est probablement le concours national des excellents élèves en français en classe de terminal, l’année où nous avons tous fourni de nombreux efforts. Lorsque le groupe n’a pas obtenu le prix espéré et a pleuré comme la pluie, vous nous avez toujours souri et réconfortés : "Chaque concours est une marche, une chance pour vous mettre au défi. Ne soyez pas triste, vous avez fait beaucoup d’efforts". En ce sens, sans que vous le sachiez, par les valeurs que vous portez, c’est souvent vous qui m’enseignez quelque chose et c’est moi, aujourd’hui, qui vous remercie d’avoir été avec nous.
Vous êtes entrée dans ma vie...
Le dernier jour du lycée, nous étions tous surexcités et confiants en l’avenir. Nous avons partagé avec vous nos sourires, notre joie et la promesse de retourner au lycée chaque année afin de vous rendre visite. Nous avions hâte de vous revoir en tant qu’étudiants en pensant que nous aurions encore plusieurs occasions de vous revoir, de vous raconter notre parcours.
La professeure de l’auteur pose avec ses élèves chez elle. |
Nous nous sommes arrangés pour vous rendre visite le plus tôt possible dès le début de votre maladie. Rien ne pouvait être pire que d’entendre cette mauvaise nouvelle. Toutefois, vous étiez très optimiste et joyeuse, encore une fois, c’était vous encore qui nous avez réconforté, que tout irait bien. Nous avons pris une photo de famille et vous rappelez-vous ce que nous avions alors promis ? Que nous irions nous promener ensemble dans l’avenir. Nous savions à quel point ces médicaments vous étaient douloureux. Cependant, vous aviez gardé votre sourire, et vous nous aviez également raconté vos souvenirs heureux lors du traitement de la maladie. En vous écoutant ce jour-là, mes larmes coulèrent sans que je m’en rende compte, madame...
Enfin, je voulais vous dire que je me souviendrai toujours de votre visage. Dans quelques années, peut-être quand je traverserai les couloirs ou classes familières, je ne me souviendrai plus où vous m’aviez donné cours, je ne saurai même plus parfois quelle matière vous aviez enseigné, au secondaire ou au lycée. Mais une chose est sûre, c’est que je me souviendrai de l’essentiel, de votre visage et de votre voix…
Parce que vous êtes entrée dans ma vie… Et il y a un endroit dans mon cerveau, pour ne pas dire dans mon cœur, où je collectionne les visages qui me permettent d’être heureuse en faisant les choses que j’aime. Avoir été votre élève fut l’une d’entre elles.
Vous êtes et resterez toujours la personne la plus résiliente dans mon cœur. Sur ce, je peux maintenant sincèrement vous dire une dernière fois : "Merci, madame !".