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L'effondrement du viaduc autoroutier de l'A10, le 14 août à Gênes, dans le Nord de l'Italie. |
L'Italie est encore sous le choc de la catastrophe, et la controverse entre le gouvernement italien et la société autoroutière gestionnaire de l'ouvrage, Autostrade per l'Italia, s'est encore intensifiée.
Le bilan de l'effondrement d'une section du pont Morandi, survenu mardi 14 août en fin de matinée, n'a pas évolué dans la journée de jeudi 16 août: 38 morts et 15 blessés, dont cinq dans un état grave.
Les chances de retrouver des survivants s'amenuisent d'heure en heure, mais les sauveteurs ne renoncent pas. "Nous cherchons toujours des cavités qui puissent héberger des gens, vivants ou pas", a déclaré dans la journée à l'AFP Emanuele Gissi, un responsable des pompiers.
"On essaie de sectionner les grands morceaux de béton qui sont tombés du pont, et après on les déplace avec les grues et on envoie des chiens de recherche, puis notre personnel s'il y a des signes positifs", a-t-il expliqué.
Le procureur général de Gênes, Francesco Cozzi, a déclaré à la presse qu'"il pourrait y avoir encore dix ou vingt personnes disparues".
Dans la nuit de jeudi 16 août à vendredi 17 août, éclairés par de puissants projecteurs, les sauveteurs poursuivaient sans relâche leurs opérations au milieu des gigantesques blocs de béton et des morceaux de ferraille tordus, avec l'aide de chiens, de pelleteuses et de grues.
"Bien sûr, nous ne nous arrêtons pas, nous travaillons toute la nuit", a déclaré sur place à la chaîne de télévision Sky TG24 une responsable des pompiers, Marcella Battaglia. "Les opérations se poursuivent avec des équipes alternées".
Deuil national
L'Italie observera samedi 18 août une journée de deuil national et une cérémonie solennelle de funérailles aura lieu à 11h30 (09h30 GMT) à la Fiera de Gênes, un centre d'expositions, en présence de toutes les plus hautes autorités de l'État.
Entretemps, la controverse entre le gouvernement et Autostrade per l'Italia ne cesse de prendre de l'ampleur. "On ne peut pas mourir en payant le péage en Italie", a lancé le vice-Premier ministre Luigi Di Maio, ministre du Développement économique et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste).
Le gouvernement a annoncé son intention de révoquer la concession d'Autostrada per l'Italia sur le tronçon d'autoroute où se trouve le pont effondré.
"Nous ne pouvons pas attendre la justice pénale", a déclaré le chef du gouvernement, Giuseppe Conte. "Autostrade avait le devoir et l'obligation, l'engagement, d'assurer l'entretien de ce viaduc et la sécurité de tous ceux qui voyageaient dessus".
La société, qui appartient au groupe Atlantia, lui-même contrôlé par la famille Benetton, a assuré que ses contrôles de sécurité étaient sérieux.
Elle a par ailleurs déclaré qu'une reconstruction du pont pourrait "être achevée dans les cinq mois" une fois le site accessible après la fin des recherches et des relevés d'enquête.
Atlantia a critiqué une annonce gouvernementale faite "en l'absence de toute certitude sur les causes effectives" du drame. Le groupe a prévenu que la révocation coûterait cher en indemnités à l'État. Selon des médias italiens, cela se chiffrerait en milliards d'euros.
Le titre a plongé à la Bourse de Milan, où il a clôturé sur une baisse de 22%.
"Si j'avais été un dirigeant d'Autostrade per l'Italia, j'aurais suspendu quelques péages, mais dans l'heure qui a suivi" le drame, a déclaré l'autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et chef de la Ligue (extrême droite).
Peu après, Autostrade per l'Italia a annoncé que les ambulances ne paieraient plus le péage sur l'ensemble de son réseau, qui couvre près de la moitié des quelque 6.000 kilomètres d'autoroute du pays.
Autre cible du gouvernement italien: l'Union européenne et sa politique d'austérité, accusée d'empêcher les investissements. "Les investissements qui sauvent des vies, des emplois et le droit à la santé ne doivent pas faire l'objet des calculs rigides et des règles imposées par l'Europe", a déclaré M. Salvini.
La Commission européenne a réagi en assurant avoir encouragé l'Italie à investir dans ses infrastructures et en rappelant que les États membres étaient "libres de fixer" leurs priorités.
Alors que l'enquête judiciaire est en cours, le ministère des Infrastructures a annoncé la création d'une commission d'inspection chargée de remettre un rapport au ministre "dans les 30 jours" sur les causes du drame.
Le ministère a aussi lancé une série de contrôles sur l'état des routes et a demandé à tous les exploitants d'infrastructures de signaler avant le 1er septembre les interventions nécessaires.
Alors que le championnat de football doit reprendre ce week-end, les matches prévus dimanche de la Sampdoria et du Genoa, les deux équipes de Gênes, ont été reportés à une date ultérieure. Pour les autres rencontres, les joueurs observeront une minute de silence et porteront un brassard noir.