>>Commerce Chine - USA: fin des discussions à Pékin, pourparlers "fructueux" selon Washington
>>Chine - États-Unis: les négociations reprennent à Pékin
De gauche à droite: Robert Lighthizer, Steven Mnuchin et Liu He, le 1er mai à Pékin. |
La question sur la guerre commerciale entre Washington et Pékin est dans tous les esprits à Washington alors que des dignitaires chinois, une centaine selon certains médias, sont attendus mercredi 8 mai dans la capitale américaine pour des négociations présentées comme les dernières.
À l'issue de ces tractations, les deux premières puissances économiques du monde pourraient soit dévoiler les grandes lignes d'un traité, soit reprendre de plus belle leur guerre commerciale.
Dimanche 5 mai, le président américain Donald Trump a augmenté la pression sur Pékin en annonçant que son administration allait augmenter de 10% à 25% les taxes douanières sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises, estimant que les négociations avançaient "trop lentement".
Si un texte devait être finalement signé, les yeux seront rivés non seulement sur les concessions chinoises pour réduire le colossal déficit américain (378,73 milliards de dollars en 2018, surplus des services compris) mais encore sur la manière d'appliquer ses engagements.
Le vice-président Mike Pence a lui-même reconnu vendredi 3 mai que le mécanisme d'application du traité était au cœur même des dernières discussions.
"La mise en œuvre (du traité) est devenue centrale dans ces négociations car la Chine a une longue tradition de non respect de ses engagements pris à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et dans ses négociations bilatérales, que ce soit avec les États-Unis ou les autres pays", résume Edward Alden, expert en commerce international au Council on Foreign Relations.
Taxes unilatérales?
La partie américaine a proposé la tenue de réunions mensuelles, trimestrielles et semi-annuelles entre les deux parties, les dernières étant réservées aux hauts responsables chinois et américains pour traiter des différends les plus épineux.
En outre, si des entreprises américaines venaient à rapporter des entorses à l'accord, Washington pourrait engager une série de consultations avec les responsables chinois.
Et in fine, en cas de blocage des discussions, Washington aurait recours aux taxes douanières de manière unilatérale, selon certains médias américains. Un processus valable aussi pour les entreprises chinoises.
"Le mécanisme d'application est crucial", commente Douglas Barry, directeur de la communication du Conseil économique sino-américain, soulignant que "l'ensemble des problèmes et inquiétudes ne vont pas se dissiper d'un coup de crayon ou d'une poignée de mains".
"Sans des moyens crédibles, vérifiables (...), nous passerons à côté de l'opportunité de remettre sur le bon pied la relation commerciale" sino-américaine, dit-il.
Edward Alden note que le mécanisme sur la table des négociations semble inédit, les traités bilatéraux prévoyant habituellement une résolution des litiges par le biais de panels de juges indépendants, semblables à ceux de l'OMC.
En outre, toute velléité de mesure unilatérale passe par le truchement d'arbitres indépendants.
Pour l'heure, les entreprises chinoises et américaines souhaitent que les discussions aboutissent au plus vite pour retrouver stabilité et visibilité, alors que les deux économies commencent à ressentir les effets de la guerre commerciale.
Parmi les 15 États américains exportant le plus vers la Chine, nombreux sont ceux qui ont été durement touchés par les tarifs douaniers supplémentaires chinois sur le soja, le porc ou l'aéronautique, à l'instar de l'Alabama, de l'Illinois ou de Washington, constate le Conseil économique sino-américain.
Les industriels exhortent à la levée des taxes réciproques imposées l'an passé sur des centaines de milliards de dollars de marchandises chinoises et américaines.
Pour autant, l'administration américaine compte conserver ce levier pour maintenir la Chine sur la sellette. Donald Trump a de nouveau brandi la menace de taxer la totalité des importations chinoises (539,5 milliards de dollars en 2018).