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La Palme d'Or réalisée par le joaillier Chopard pour la 75e édition du Festival de Cannes, le 10 mai à Meyrin, près de Genève. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette année, le Festival a bazardé son partenariat historique avec Canal+, chaîne emblématique du cinéma dans les années 1980 et 1990, qui retransmettait notamment les cérémonies d'ouverture et de clôture.
À la place : un attelage surprenant entre service public (France Télévisions) et Brut, qui doit permettre de s'adresser, notamment, aux jeunes générations.
Ce média vidéo fondé il y a cinq ans (par Renaud Le Van Kim, un ancien de Canal+), tourné vers les formats courts, est présent également en Inde, en Egypte, en Côte d'Ivoire ou au Japon.
Il revendique 500 millions de spectateurs dans plus de 100 pays, majoritairement chez les 18-34 ans.
Tout un symbole, à l'heure où le cinéma en salles prend un coup de vieux, subissant de plein fouet la concurrence des séries et du streaming.
Beaucoup de jeunes ne se rendent plus en salles que pour les films de superhéros, de Marvel ou DC Comics.
Sélection officielle du 75e Festival de Cannes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pourtant, "les thématiques abordées (dans les films de) Cannes résonnent beaucoup avec la jeunesse du monde entier", explique le patron de Brut, Guillaume Lacroix, qui voit dans le partenariat le moyen de rendre le festival "encore plus inclusif générationnellement, et en termes de diversité".
Plusieurs dispositifs permettent déjà de faire éclore de jeunes pousses, comme la Cinéfondation ou La Fabrique Cinéma, et le Festival vient de recentrer la sélection Un Certain Regard sur les nouveaux talents.
"Évoluer ou crever"
Un an après le coup de jeune que s'est offert la Palme d'Or en récompensant une trentenaire, Julia Ducournau, pour Titane, la compétition accueille de vieux routiers comme David Cronenberg (79 ans) ou les frères Dardenne (68 et 71 ans), mais aussi plusieurs "juniors", comme Lukas Dhont, 30 ans, ou Saeed Roustaee, 32 ans.
Comme le monde du cinéma dans son ensemble, côté image, Cannes "a besoin de toucher une nouvelle génération et de se moderniser", juge Julien Pillot, enseignant-chercheur en économie à l'Inseec.
L'acteur américain Tom Cruise sur le tapis rouge pour la première du film "Top Gun : Maverick", le 6 mai à Naucalpan de Juarez, au Mexique. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le tapis rouge, où règne un strict code vestimentaire jugé par certains anachronique (talons pour les femmes, nœud papillon pour les hommes), est-il devenu "has been" ?
"À côté d'un Tom Cruise qui va parler aux +boomers+ (générations du baby-boom, ndlr), il y a à Cannes toute une génération d'acteurs super glamours, hyper suivis sur les réseaux sociaux" et à côté desquels les nouveaux médias ne veulent pas passer, souligne M. Pillot.
Réseau social préféré des ados et paradis de la vidéo ultra courte, TikTok, nouveau partenaire officiel lui aussi, retransmettra chaque jour la montée des marches, tandis qu'Instagram profitera du buzz cannois pour mettre en avant certains de ses influenceurs - sans rapport d'ailleurs avec le 7e art.
Et, consécration, un "jury TikTok", où siègera Khaby Lame, 100 millions d'abonnés, départagera des vidéos de 30 secondes à 3 minutes pour un prix officiel, remis le 20 mai des mains du délégué général, Thierry Frémaux.
Le tiktokeur Khaby Lame, le 5 septembre 2021 au Festival du film de Venise. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Si Michel Hazanavicius ou Martin Scorsese avaient 16 ans aujourd'hui, ils ne feraient pas du Super-8 mais utiliseraient leur téléphone pour créer du contenu, raconter des histoires", détaille Guillaume Lacroix, qui assure que Brut permet à Cannes d'être présent "partout où se trouvent" les jeunes générations.
Son média va même transposer les lieux du Festival et la Croisette dans le "métavers" (monde virtuel) de Fortnite, l'un des jeux vidéo les plus populaires au monde qui revendique près de 200 millions d'utilisateurs.
Dans le costume d'un journaliste, d'un acteur ou d'un réalisateur, les joueurs auront accès à diverses quêtes : "réaliser des interviews", "passer un casting" ou "participer à la montée des marches"...
Face à ces initiatives tous azimuts, "des gens vont se gausser, critiquer", prédit Julien Pillot. "Mais (le cinéma) doit évoluer avec son temps, pour ne pas crever".