Canada : la pandémie pousse le déficit budgétaire à un niveau historique

La pandémie de coronavirus a poussé le déficit budgétaire du gouvernement canadien à un sommet historique de plus de 343 milliards de dollars canadiens (224 mds EUR) pour l'année fiscale en cours, a annoncé mercredi 8 juillet le ministre des Finances Bill Morneau.

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Le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, lors d'une conférence de presse à Ottawa, au Canada, le 18 mars.

Avec un niveau de dépenses gouvernementales jamais vu depuis la Deuxième Guerre mondiale, ce déficit pour l'année fiscale 2020-2021 commencée le 1er avril est dix fois plus élevé que le montant estimé par le ministre avant la crise. Il équivaut à 15,9% du Produit intérieur brut (PIB) du Canada.

La pandémie a provoqué la mise à l'arrêt de grands pans de l'économie canadienne à partir de la mi-mars et pendant plus de deux mois, restreignant fortement les rentrées fiscales du gouvernement fédéral. "Devant le pire ralentissement depuis la Grande Dépression, notre gouvernement est intervenu pour soutenir l'économie", a dit M. Morneau en dressant un portrait de la situation économique et fiscale actuelle devant la Chambre des Communes d'Ottawa.

Face à la crise, M. Morneau avait notamment dû renoncer fin mars à présenter son budget pour l'année fiscale en cours, jugeant l'exercice trop incertain en cette période volatile.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a mis en place un plan considérable d'aides directes de 230 milliards de dollars, représentant 14% du PIB, ainsi que 85 milliards d'aides indirectes.

Ce plan "est l'investissement en temps de paix le plus important de l'histoire du Canada", a déclaré M. Morneau.

Conséquemment, la dette du gouvernement fédéral va exploser, passant de 765 milliards de dollars (500 mds EUR) en mars 2020 à 1.236 milliards de dollars (807 mds EUR) d'ici mars 2021. Le ratio dette/PIB passera de son côté de 31% à 49% pendant la même période.

Le Premier ministre Justin Trudeau avait relativisé à l'avance mercredi cette dégradation des finances publiques en rappelant que le Canada était "entré dans cette pandémie avec une meilleure position fiscale que beaucoup de nos alliés". "On avait le plus bas taux (ratio) de dette par rapport à notre PIB de tous les pays du G7 et on a pu donc investir sans avoir trop d'impact sur notre stabilité fiscale", a-t-il dit. "En plus, il faut se souvenir que les taux d'intérêt sont historiquement bas et donc notre capacité à payer pour cette dette va être extrêmement gérable dans les années à venir", a-t-il ajouté.

L'agence de notation financière Fitch a privé récemment le Canada de sa note AAA, la plus élevée, sur sa dette à long terme, décision qui n'a cependant pas été suivie par les autres agences. "Sous le gouvernement de Justin Trudeau, le Canada régresse", a dénoncé de son côté le chef sortant de l'opposition conservatrice, Andrew Scheer. "Depuis cinq ans, les libéraux de Trudeau abandonnent complètement leurs cibles budgétaires", a-t-il critiqué. "Le ratio de la dette au PIB augmente, le déficit a explosé à 343,2 milliards de dollars et les libéraux ont complètement perdu le contrôle de la dette fédérale, qui atteindra pour la première fois plus de mille milliards de dollars cette année", a-t-il tonné.

Le portrait dressé par M. Morneau ne contient aucune projection pour les années à venir, contrairement au budget canadien traditionnel qui fournit des prévisions sur cinq ans. Les économistes du secteur privé consultés par le ministre des Finances prévoient une contraction de 6,8% de l'économie canadienne en 2020, soit sa plus forte baisse depuis la Grande Dépression, avant un rebond de 5,5% en 2021.

AFP/VNA/CVN

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