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La réalisatrice américaine Annie Silverstein, le 16 mai 2019 à Cannes |
Ce premier film "dresse un tableau extrêmement juste et troublant de l’Amérique de Donald Trump, cette Amérique abandonnée par ses politiques que ce soit dans l’école ou dans la santé", a estimé la comédienne Anna Mouglalis, présidente du jury de la révélation qui a, comme le jury de Catherine Deneuve, et celui de la critique, couronné Bull.
Le film raconte la rédemption de Kris, une adolescente de 14 ans vivant dans la banlieue pauvre de Houston. La jeune fille donne l’impression de suivre le chemin de sa mère, qui purge une peine de prison.
Après avoir saccagé la maison de son voisin dans un acte purement gratuit, elle doit faire amende honorable, et prêter main forte au propriétaire de la maison vandalisée qui est une ancienne gloire du rodéo. Elle se découvre alors une passion pour l’art de monter les taureaux à cru.
Gérard Lefort, président du jury de la critique, a salué de son côté "une histoire captivante, une actrice sidérante de maturité (Amber Havard, ndlr) malgré son jeune âge, des situations dérangeantes et imprévisibles".
Pour le journaliste, ce film "invente un territoire tant par son cadrage, son montage, son scénario, sa façon d’entremêler le documentaire à la fiction".
"Actrice sidérante"
De gauche à droite : le réalisateur Kyle Marvin, le comédien Michael Angelo Covino ainsi que les réalisateurs Carlo Mirabella Davis et Robert Eggers, le 14 septembre à Deauville. |
"C’est un film politique sans jamais être dogmatique", a ajouté Anna Mouglalis. "La réalisatrice réinvente le récit d’apprentissage sur fond de désastre social. Elle renverse tous les codes déjouant les clichés au sein d’une Amérique qu’on croit connaître, celle du Texas et du milieu du rodéo".
Le film, qui avait aussi fait partie de la sélection "Un Certain regard" à Cannes, n’a pas de date de sortie en France. Sa réalisatrice n’a pas pu faire le déplacement à Deauville, selon les organisateurs.
Quatorze films "ambitieux et réussis" étaient en compétition dont neuf premiers films et six signés par des femmes, selon Catherine Deneuve.
Outre le "Grand Prix" attribué à Bull, son jury a également décerné un prix à deux autres films, une comédie et un film plus sombre. The Climb est un premier film de Michael Angelo Covino, comédie sur l’amitié entre deux quadragénaires, "presque un film de Claude Sautet", avec une apparition de Judith Godrèche, selon Bruno Barde, directeur du festival. Arrive ex-aequo à cette seconde place The Lighthouse de Robert Eggers, avec Robert Pattinson et Willem Dafoe, "un film en noir et blanc hypnotique et hallucinatoire, un peu dérangeant sur deux gardiens de phare qui vont se battre", selon Bruno Barde.
Catherine Deneuve a également décerné un Prix spécial du 45e anniversaire du Festival à Swallow (avale), de Carlo Mirabella-Davis. Le film raconte l’histoire d’une jeune femme mariée à un homme incarnant la réussite sociale et souffrant d’un syndrome qui la pousse à manger des objets.
"Il est important de reconnaître que nous avons à la Maison Blanche quelqu’un de raciste et de sexiste, dont il faut essayer d’éviter qu’il soit réélu", a dit samedi soir 14 septembre le réalisateur en recevant son prix pour un film qu’il veut "féministe".
Le Prix du public de la Ville de Deauville revient à The Peanut butter falcon de Tyler Nilson et Michael Schwartz. Ce premier film réjouissant conçu pour un acteur trisomique raconte dans l’esprit de Mark Twain l’histoire d’un jeune handicapé qui a fui la maison de retraite où il était retenu malgré ses 22 ans. Il affiche une distribution remarquable (Shia Labeouf, Dakota Johnson, John Hawkes, Thomas Haden Church, Bruce Dern).
En tête à l’applaudimètre de la salle de 1.500 personnes samedi soir 14 septembre à Deauville, Port authority de Danielle Lessovitz, une histoire d’amour entre un jeune homme en conditionnelle et une jeune femme transsexuelle, n’a remporté aucun prix.
AFP/VNA/CVN