>>Bronchiolite chez bébé : le kiné, un réflexe à oublier
Un kinésithérapeute effectue un massage respiratoire sur un bébé de 9 mois atteint par la bronchiolite. |
"L'épidémie de bronchiolite pourrait être de grande ampleur", prévient dans son dernier avis le Conseil scientifique, qui guide le gouvernement français. L'hiver dernier, les confinements et les gestes barrières anti-COVID ont aussi bloqué les autres virus, dont le VRS (virus respiratoire syncytial), responsable de la bronchiolite.
Les enfants ont été moins infectés que d'habitude, et sont donc moins immunisés. Le Conseil scientifique français note ainsi un "déficit d'immunité collective acquise significatif pour les enfants nés après mars 2020". "La faible circulation du VRS durant l'automne/hiver 2020-21 peut entraîner une hausse du risque de maladie grave associée au VRS chez les nourrissons et les jeunes enfants en raison des faibles niveaux d'exposition au virus l'an dernier", s'est également alarmée mi-septembre la Société espagnole de néonatalogie (Seneo).
Courante et très contagieuse, la bronchiolite provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Même si elle est angoissante pour les jeunes parents, elle est la plupart du temps bénigne. Mais elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation. Une épidémie de grande ampleur pourrait donc peser sur des systèmes hospitaliers déjà mis à rude épreuve par le COVID.
"Signal faible"
"Nous avons déjà remarqué une augmentation du nombre de cas. Ces jours-ci nous avons hospitalisé quelques nouveau-nés qui ont été placés sous oxygène", dit Antonino Reale, chef des urgences pédiatriques de l'hôpital Bambino Gesu de Rome, référence en Italie pour les soins aux enfants et nouveau-nés. Pour autant, "il s'agit d'un petit signal encore trop faible pour dire comment se déroulera l'hiver", nuance-t-il.
Même constat et même prudence en France. Pour la semaine du 27 septembre, on a relevé 1.278 passages aux urgences d'enfants de moins de 2 ans pour bronchiolite, dont 460 se sont soldés par une hospitalisation, contre respectivement 700 et 300 à cette période lors d'une année normale.
Un enfant souffrant de bronchiolite est sous perfusion au service des urgences de l'hôpital Trousseau à Paris. |
"Le niveau des indicateurs reste modéré" mais on observe une "tendance à l'augmentation qui nécessite la plus grande vigilance", explique Delphine Viriot, épidémiologiste à l'agence sanitaire Santé publique France. "L'idée, c'est de pouvoir détecter le plus en amont possible la survenue de l'épidémie, pour permettre la mise en place de l'organisation des services hospitaliers", ajoute-t-elle.
Pour cela, on dispose "d'un bon référentiel", car en temps normal, l'épidémie de bronchiolite suit le même schéma d'une année sur l'autre : elle démarre fin octobre, atteint un pic fin décembre puis se termine fin mars. Mais l'hiver dernier, le COVID a bouleversé cette chronologie.
En décalé
En plus d'être moins forte (2.500 passages hebdomadaires aux urgences en France lors du pic contre 5.000 une saison normale), l'épidémie de bronchiolite a été décalée dans le temps : elle "a démarré début février 2021, avec un pic début avril, puis une fin début juin", relève Delphine Viriot. C'est également ce qui s'est passé en Australie.
Fin 2020, c'est-à-dire au printemps/été dans l'hémisphère sud, plusieurs Etats australiens ont noté une hausse inhabituelle des cas de bronchiolite, attribuée à l'allègement des mesures anti- COVID. "Bien que les maladies respiratoires soient plus fréquentes durant les mois les plus frais, la levée des restrictions et l'augmentation des interactions sociales ont pu contribuer à cette hausse inhabituelle pour la saison", avait assuré l'État de Nouvelle-Galles du Sud dans un communiqué le 10 décembre 2020.
"Ce qui pose souci, c'est surtout les tout petits", souligne la Dr Fabienne Kochert, présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa), en recommandant "un respect rigoureux des mesures barrières". "Il ne faut pas emmener de bébé de moins de 3 mois dans des grandes surfaces, et on doit garder un minimum de distanciation", insiste-t-elle. Les bisous aux bébés sont à proscrire : s'il est dû au VRS, un rhume chez un adulte peut donner une bronchiolite chez un tout petit.
AFP/VNA/CVN