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Le chancelier autrichien Sebastian Kurz, hôte du sommet européen informel de Salzbourg, s'adresse aux journalistes au début de la réunion, le 19 septembre |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Leur dîner de travail en Autriche devait principalement traiter des migrations, sujet d'incessantes controverses européennes. Mais il a aussi donné l'occasion à la Première ministre britannique Theresa May d'exposer sa vision pour éviter un "retrait chaotique" du Royaume-Uni fin mars 2019.
"Si nous voulons parvenir à une conclusion réussie, alors, tout comme le Royaume-Uni a fait évoluer sa position, l'UE devra aussi faire évoluer sa position", a lancé devant la presse la dirigeante conservatrice britannique dès son arrivée. "Bien entendu, nous ne serons pas d'accord sur tous les détails", mais "il nous incombe désormais à tous de conclure cet accord", a ensuite plaidé Mme May durant le dîner, réaffirmant avec force qu'il n'y aurait pas de second référendum au Royaume-Uni sur le divorce avec l'UE.
"Terrible" pour Londres
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait auparavant appelé Londres à faire des efforts. Sur "la question irlandaise ou le cadre de la coopération économique future, les propositions du Royaume-Uni devront être retravaillées", a-t-il estimé.
Le président du Conseil de l'Europe, Donald Tusk, et la Première ministre britannique, Theresa May, au 10 Downing Street, à Londres, le 25 juin. |
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Londres et Bruxelles ont trouvé des compromis sur la plupart des contentieux liés à la rupture, notamment sur son règlement financier, mais ils continuent de buter sur certains points, principalement le sort de la frontière irlandaise. Les deux parties sont d'accord pour éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, mais Londres conteste les termes du "filet de sécurité" ("backstop") réclamé par l'UE pour garantir ce résultat.
La solution préconisée par les 27 - qui prévoit le maintien de l'Irlande du Nord dans l'union douanière s'il n'y a pas d'autre solution satisfaisante - est jugée "inacceptable" en l'état par Londres car elle aboutirait à ses yeux à une frontière de fait entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Si les négociations échouent, "ce serait difficile pour l'Europe, mais ce serait terrible pour le Royaume-Uni", a prévenu le chancelier autrichien Sebastian Kurz.
Les 27 doivent débattre jeudi 20 septembre, toujours à Salzbourg mais sans Mme May, des prochaines étapes des discussions. Donald Tusk a cependant déjà annoncé qu'il proposerait un sommet européen supplémentaire à "la mi-novembre", en plus de celui du 18 octobre initialement censé boucler les tractations.
"Jeu des reproches"
Quant aux débats prévus sur les migrations, dont la teneur devrait être dévoilée jeudi 20 septembre, ils se déroulent après des bras de fer diplomatique pendant l'été en Méditerranée autour de navires transportant des migrants, auxquels l'Italie refuse désormais d'ouvrir ses ports sans promesse d'un partage de l'accueil des demandeurs d'asile.
"Les tensions parmi les États membres ont refait surface", a déploré Donald Tusk, appelant à mettre fin à Salzbourg au "jeu des reproches" qui persiste malgré la forte baisse du nombre des arrivées sur les côtes européennes par rapport au pic de 2015. "Honnêtement, je ne m'attends à pas grand-chose... Mais même si l'Europe démontre pour la énième fois qu'elle est absolument inexistante et se désintéresse (de la question migratoire), nous agissons de notre côté, avec des accords bilatéraux", a d'ores et déjà répondu le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini.
Peu de progrès ont été faits cet été pour concrétiser les projets européens de "centres contrôlés" en Europe, où distinguer rapidement demandeurs d'asile légitimes et migrants économiques irréguliers à renvoyer. Quant au projet de "plateformes de débarquement" hors de l'UE pour les migrants secourus en mer, aux contours encore flous, aucun pays africain ne s'est pour l'heure dit prêt à en accepter.
Il faut "mettre en place un système plus prévisible, pour cesser les solutions ad hoc pour les débarquements" du type de celles difficilement trouvées pendant l'été pour des navires comme l'Aquarius et le Diciotti, a plaidé un diplomate européen. "Nous avons besoin de solidarité en Europe", a exhorté de son côté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, appelant les pays qui n'acceptent pas de réfugiés - "alors qu'ils le devraient"- à "contribuer par d'autres voies".
Les Européens continuent d'ailleurs de se déchirer sur la question du partage de l'accueil des demandeurs d'asile, réclamé par les pays méditerranéens, mais toujours catégoriquement rejeté par les pays de l'Est. Ils se rejoignent en revanche désormais sur les objectifs d'intensifier les expulsions de migrants ne pouvant prétendre au droit d'asile, de faire pression sur les pays de transit et d'origine et de renforcer les frontières extérieures de l'UE.
Sur ce dernier point, le chancelier autrichien a déploré des réticences de la part de l'Italie, l'Espagne et la Grèce face au projet d'un renforcement considérable de l'agence européenne de garde-frontières. "Nous sommes heureux qu'on se concentre désormais sur comment défendre les frontières. Mais nous sommes capables de protéger notre propre frontière", s'est réjoui pour sa part le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui aime à fustiger les "forces pro-migration" de Bruxelles.
AFP/VNA/CVN