Dénucléarisation: Kim Jong Un fait des gestes, Washington prêt au dialogue

Kim Jong Un a accepté mercredi 19 septembre de fermer, devant des inspecteurs internationaux, un site d'essai de missiles nord-coréens, un geste salué par les États-Unis qui se sont dits prêts à reprendre "immédiatement" les négociations sur la dénucléarisation qui étaient dans l'impasse.

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Les leaders sud-coréen Moon Jae-in (gauche) et nord-coréen Kim Jong Un, à Pyongyang le 19 septembre.
Photo: AFP/VNA/CVN

Au cours du troisième sommet intercoréen depuis avril, le dirigeant nord-coréen, qui accueillait le président sud-coréen Moon Jae-in à Pyongyang, a aussi annoncé une prochaine visite historique à Séoul. Sur la question cruciale du désarmement nucléaire de la Corée du Nord, les deux hommes n'ont fait état que de progrès jugés limités par plusieurs experts, mais cela semble suffisant pour permettre au Sud-Coréen de remplir une de ses missions: débloquer les discussions entre Pyongyang et Washington.

Depuis la Maison Blanche, Donald Trump, qui envisage une seconde rencontre avec Kim Jong Un, a salué des "progrès extraordinaires". Son secrétaire d'État, Mike Pompeo, a ensuite annoncé que les "engagements importants" pris par le régime nord-coréen étaient de nature à relancer "immédiatement des négociations" en vue d'une "dénucléarisation rapide" qui devra s'achever "d'ici janvier 2021", avant la fin du mandat de Donald Trump.

"Demantèlement permanent"

Le chef de la diplomatie américaine a ainsi invité son homologue nord-coréen Ri Yong Ho à le rencontrer la semaine prochaine à New York en marge de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU. Ces négociations étaient au point mort après le sommet historique Trump-Kim de juin, au cours duquel le dirigeant nord-coréen avait réitéré un engagement vague en faveur de la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne", mais sans modalités ni calendrier. Avant le sommet intercoréen de Pyongyang, Washington avait réclamé "un pas significatif et vérifiable vers la dénucléarisation", que les États-Unis souhaitent "définitive et entièrement vérifiée", une formulation que les Nord-Coréens n'ont jamais officiellement repris à leur compte.

Dans la capitale nord-coréenne, selon la déclaration conjointe publiée à l'issue de la rencontre, le Nord a accepté de "fermer de façon permanente" le site de tests de moteurs de missile et le pas de tirs de Tongchang-ri, "en présence d'experts des nations concernées". Pyongyang s'est aussi dit prêt à "prendre des mesures supplémentaires y compris le démantèlement permanent du complexe nucléaire de Yongbyon", le centre de recherche atomique le mieux connu du Nord, mais à condition que "les États-Unis prennent des mesures correspondantes". Ces contreparties ne sont pas précisées, mais la Corée du Nord espère obtenir la fin officielle de la guerre de Corée, qui ne s'est conclue en 1953 que par un simple armistice, ainsi qu'une levée au moins partielle des dures sanctions internationales. Sans faire allusion à cette demande de contreparties, Mike Pompeo a salué ces deux gestes.

Les sommets inter-coréens.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réagi en appelant à "l'action concrète". Pyongyang a effectué de nombreux lancements de missiles depuis le site de Tongchang-ri, également connu sous le nom de Sohae. Mais d'autres sites ont aussi été utilisés, ce qui relativise la portée de l'engagement. "Kim la joue de façon brillante: Venez vérifier que je démantèle un seul site que je n'utilise plus de toute façon, pendant que je produis en masse les missiles que le site m'a permis de développer", souligne Vipin Narang, chercheur au MIT.

Candidature commune aux JO

Pour Jeffrey Lewis, spécialiste du contrôle des armements, l'opinion généralement admise était par ailleurs que l'usine d'enrichissement d'uranium de Yongbyon "avait été construite avec la claire intention d'être sacrifiée". "Sur la question de la dénucléarisation, l'accord n'est pas à la hauteur des attentes", a déclaré Yoo Ho-yeol, de la Korea University. La déclaration signée à Pyongyang l'a été treize ans jour pour jour après que le Nord se fut engagé lors des pourparlers à six "à abandonner toutes les armes nucléaires et les programmes nucléaires existants". Mais Séoul comme Pyongyang avaient à coeur de resserrer leurs liens, M. Kim pour faire profiter son pays de la puissance économique du Sud, M. Moon pour éloigner le spectre d'un conflit dévastateur.

Les deux dirigeants ont ainsi également annoncé leur volonté de faire acte de candidature commune à l'organisation des jeux Olympiques de 2032. Ils ont promis une série d'initiatives bilatérales comme l'organisation régulière de réunions de familles divisées par la guerre de Corée ou un effort pour connecter leurs réseaux routiers et ferrés. "L'heure est maintenant aux réactions concrètes". Le voyage à Séoul de Kim Jong Un, qui pourrait intervenir cette année, serait la première visite d'un dirigeant du Nord dans la capitale sud-coréenne depuis la fin de la guerre.

Le journal nord-coréen Rodong Sinmun a largement couvert le sommet, publiant entre autres l'image de l'accolade entre les deux leaders à l'aéroport de Pyongyang, puis des clichés de l'impressionnante ovation soigneusement chorégraphiée qui a accompagné la parade des deux hommes dans les rues de la capitale. Selon Séoul, M. Moon devait se rendre jeudi 20 septembre avant de rentrer chez lui au mont Paektu, berceau spirituel de la nation coréenne à la frontière entre la Chine et le Nord.


AFP/VNA/CVN

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