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Beaucoup de stations-services étaient en rupture totale ou partielle de carburant le 2 décembre. |
À 17h00 lundi 3 décembre, moins de 10.900 manifestants et quelque 600 opérations étaient recensés par le ministère de l'Intérieur. De nombreuses stations-service du Finistère, des Côtes d'Armor et du Morbihan étaient en rupture totale ou partielle de carburant lundi.
Dès dimanche soir 2 décembre, le préfet du Finistère Pascal Lelarge avait dû prendre des mesures de restriction de consommation "afin de garantir l'accès au carburant au plus grand nombre". Ainsi, le montant maximal de carburant vendu par jour et par véhicule est limité à 30 euros pour les véhicules légers de moins de 3,5 tonnes, et 200 euros pour les poids lourds.
Après 40 minutes d'attente à Plougastel, Gaëlle Mevel, étudiante de 25 ans, a pu "mettre 20 euros d'essence" dans sa voiture. "C'est pénible, mais ce n'est pas grave", a-t-elle jugé, assurant "comprendre" les manifestants.
Dans le Morbihan, les pénuries sont dues "à une surconsommation irrationnelle de carburant" alors que "l'approvisionnement des stations-service est régulier", a indiqué la préfecture, appelant à n'utiliser les pompes "qu'en cas de réel besoin" et à éviter les "réserves de précaution". À 17h00, cinq dépôts pétroliers étaient toujours bloqués ou difficiles d'accès sur les 200 que compte la France, selon l'Union Française des industries pétrolières (UFIP).
Le dépôt pétrolier de Lorient (Morbihan) est bloqué depuis près d'une semaine par des indépendants du secteur des travaux publics qui dénoncent la fin, au 1er janvier, du gazole non routier (GNR) détaxé pour les entreprises du secteur. Ils ont été rejoints par des "gilets jaunes".
À Brest, les manifestants des travaux publics ont revêtu des gilets oranges pour se différencier des "gilets jaunes" et bloquent le dépôt du port depuis mercredi 28 novembre. Plus aucun camion ne rentre ni ne sort depuis vendredi 30 novembre. Le dépôt pétrolier du Mans restait également bloqué lundi soir 3 décembre.
En revanche, après intervention des forces de l'ordre, les blocages des dépôts de La Rochelle (Charente-Maritime) et de Donges (Loire-Atlantique) ont été levés lundi matin. Celui du dépôt de Grand Quevilly, près de Rouen, débuté à 3h du matin par la CGT et des "gilets jaunes", a été levé "dans le calme à 16h30", selon la préfecture, et celui de Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône), débloqué à la mi-journée.
Ce dernier point d'action était critiqué jusqu'au sein du mouvement des "gilets jaunes". "L'opération est pilotée en dehors de nous", a déclaré à l'AFP Chantal, une des coordinatrices du mouvement en région Alpes-Côte-d'Azur.
"Gilets jaunes" au Conseil municipal de Rennes
Une voiture brûlée devant un lycée professionnel à Aubervilliers dans le nord de Paris, le 3 décembre. |
Sur les routes, on comptait également des barrages filtrants dans les Côtes d'Armor, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. De grosses difficultés de circulation ont été également signalées dans l'Hérault et autour de Nîmes (Gard).
À la frontière franco-espagnole, les actions des "gilets jaunes" engendraient toujours plusieurs kilomètres de bouchons lundi soir sur l'AP-7, près de La Jonquera, selon le service catalan de gestion du trafic routier. Entre 3.000 et 4.000 camions ont été bloqués lundi 3 décembre dans la région, selon le gouvernement catalan. Vinci Autoroutes faisait également état dans un communiqué d'un "fort ralentissement au niveau du péage du Perthus (...) atteignant plus de 20 km en direction de Narbonne".
Des "Gilets jaunes" ont ciblé des lieux symboliques, comme à Bergerac (Dordogne) où une quarantaine d'agriculteurs ont déversé du fumier devant le centre des finances publiques.
À Rennes, une quinzaine de "gilets jaunes" campaient devant le centre des impôts, équipés de canapés, braséro et palettes, derrière un mur de pneus. Un groupe est également intervenu en début de conseil municipal, comme le permet le règlement, sollicitant "le vote d'un vœu de soutien" des élus et exposant leurs revendications, notamment une hausse du pouvoir d'achat, le relèvement des minima sociaux, le retour de l'ISF ou encore l'annulation de la taxe carbone.
À Pau (Pyrénées Atlantiques), le maire MoDem François Bayrou a reçu en fin de matinée cinq représentants de "gilets jaunes". Ils lui ont exprimé "des revendications extrêmement disparates" et "contradictoires", a dit M. Bayrou à la presse, notant toutefois "un point commun": le "sentiment de frustration", face à l'évolution de la société où "+L'humain a disparu+".
Par ailleurs, plus d'une centaine de lycées ont été bloqués, partiellement ou totalement, par un mouvement de protestation contre les réformes dans l’Éducation et en soutien parfois aux "gilets jaunes", selon le ministère de l’Éducation.
AFP/VNA/CVN