Brésil : le carnaval de Rio enfin de retour

Les plumes, les paillettes et la samba enfin de retour à Rio de Janeiro! Après deux longues années, les défilés du carnaval le plus célèbre du monde auront bien lieu, vendredi 22 avril et samedi soir 23 avril, pour renouer avec la fête après le deuil de la pandémie.

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Bianca Monteiro de l'école de samba Portela Drum Queen danse lors d'une répétition à Rio de Janeiro, le 13 avril

Le maire de Rio, Eduardo Paes, a remis mercredi symboliquement une énorme clé de la "ville merveilleuse" au "Roi Momo", personnage jovial en costume bleu électrique, au milieu d'une pluie de confettis. "J'annonce avec fierté que le plus grand spectacle de la Terre est de retour! Le carnaval est là !", a dit le maire, coiffé d'un panama, lors de la cérémonie rituelle.

Le sambodrome va vibrer à nouveau, deux nuits entières, au rythme des percussions, avec des milliers de danseurs aux costumes chatoyants et des chars fastueux hauts comme des immeubles de plusieurs étages. La fête avait été annulée en 2021, quand le COVID-19 tuait encore plusieurs centaines de personnes par jour au Brésil. Cette année, les défilés ont été reportés de deux mois en raison de la hausse des contaminations due au variant Omicron.

"C'est une émotion trop longtemps réprimée. Il faudra boire beaucoup d'eau pour compenser toutes les larmes qui couleront quand nous allons défiler", confie Talita Batista, danseuse de Portela, une des écoles de samba les plus traditionnelles. "Ce sera un carnaval très spécial, j'ai la sensation d'être une survivante", renchérit Bianca Monteiro, Reine de la Batterie de Portela, qui défilera devant un groupe de 300 percussionnistes.

Cette danseuse hors-pair, qui a perdu des amis et des membres de sa famille durant la pandémie, veut "rendre hommage aux victimes du COVID", qui a fait plus de 660.000 morts au Brésil. Mais à présent, plus de 75% des Brésiliens affichent un schéma vaccinal complet et les courbes de décès et de contaminations ont fortement baissé.

Quelque 75.000 spectateurs pourront donc se masser dans les gradins du sambodrome, à condition de présenter un certificat de vaccination. "Ça me manquait, j'adore le carnaval. C'est une fête qui représente notre identité, celle de la ville et de tout un pays", a déclaré récemment le maire de Rio. M. Paes aime se montrer devant les caméras jouant du tambourin et dansant la samba.

Mouvement antiraciste

Au sambodrome, enceinte de gradins qui entoure une piste de 700 mètres de long, 12 écoles vont défiler l'une après l'autre - six vendredi soir et six autres le lendemain - pour tenter de remporter le titre très convoité de championne du carnaval. Pour séduire les jurés et le public, chaque école fera défiler pendant plus d'une heure quelque 3.000 danseurs plus ou moins dénudés et une demi-douzaine de chars monumentaux. Cette année, huit des 12 écoles ont choisi un thème lié à la lutte antiraciste et aux racines africaines de l'univers de la samba.

Le groupe "Cordao Do Boitata" lors d'un "bloco" se rend au Sambodrome de Rio, à Rio de Janeiro le 17 avril

Salgueiro, par exemple, présentera lors de la première nuit son défilé intitulé "Résistance", inspiré du mouvement de contestation Black Lives Matter, qui a secoué les États-Unis après la mort de George Floyd, homme noir tué par un policier blanc en juin 2020.

"Cette affaire a suscité une vive émotion dans le monde entier et cela a déteint sur les écoles de samba", estime Alex Souza, directeur artistique de Salgueiro. D'autres écoles, comme Grande Rio et Mocidade, vont rendre hommage à des divinités des religions afro-brésiliennes, Exu et Oxossi.

"Dimension politique"

"Les écoles de samba sont une manifestation de la culture afro-brésilienne", explique pour sa part l'historien Luiz Antonio Simas, auteur de nombreux ouvrages sur le carnaval. Ces thèmes avaient déjà été abordés lors de nombreux défilés par le passé, mais ils ont une tout autre pertinence depuis l'arrivée au pouvoir en 2019 du président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Coutumier des dérapages racistes ou homophobes, il est soutenu par des églises néo-pentecôtistes qui ont tendance à diaboliser les rites afro-brésiliens et le carnaval en général. "Sous le gouvernement actuel, un carnaval viscéral, à la forte identité noire, prend toute une dimension politique", insiste M. Simas.

Le retour des festivités du carnaval est aussi un soulagement pour le secteur du tourisme, qui table sur une occupation de 85% des hôtels ce week-end. La mairie de Rio n'a pas autorisé le carnaval de rue, dont les cortèges les plus importants, "les blocos", peuvent rassembler des centaines de milliers de fêtards, mais certains groupes moins importants devraient tout de même défiler.


AFP/VNA/CVN

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