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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (3e à droite) sur la base de la force internationale à Port-au-Prince, en Haïti, le 5 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le secrétaire d'État a lui-même annoncé une nouvelle aide humanitaire de 45 millions d'USD, exhortant les autres pays à contribuer au financement de cette force soutenue par les États-Unis et l'ONU pour appuyer la police haïtienne dépassée par les bandes criminelles dont la violence a aggravé la crise.
"En ce moment critique, nous avons besoin de plus de fonds. Nous avons besoin de plus de personnel pour soutenir et réaliser les objectifs de cette mission", a déclaré Antony Blinken lors d'une conférence de presse, ajoutant en français : "Nous sommes avec vous !".
Au quartier général de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), la force de police sous commandement kényan censée restaurer la sécurité, le secrétaire d'État a rencontré les responsables haïtiens et internationaux de la sécurité.
Washington, qui ne fournit pas de troupes à cette force mais en est le principal contributeur financier et en équipements, espère d'autres contributions afin d'assurer la pérennité de son financement.
"Préparation des élections"
Le Premier ministre haïtien par intérim Garry Conille (gauche) et le secrétaire d'État américain Antony Blinken lors d'une conférence de presse à la résidence du chef de mission américain à Port-au-Prince, en Haïti, le 5 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Plus haut responsable américain à se rendre en Haïti depuis 2015, M. Blinken est arrivé à Port-au-Prince deux mois après que le Kenya a envoyé des policiers dans le cadre de cette force internationale longtemps attendue.
Arrivé dans la matinée, M. Blinken a tenu plusieurs réunions dans la résidence de l'ambassadeur américain.
Lors de sa rencontre avec le Premier ministre intérimaire Garry Conille, il a constaté de "réels progrès" dans le travail initial des forces internationales avec la police haïtienne.
"La sécurité est la base de tout ce qui va arriver ensuite, y compris la préparation des élections de l'année prochaine, mais aussi les services de base au peuple haïtien", a-t-il affirmé.
Le Premier ministre haïtien a reconnu une situation "extrêmement complexe" mais avec un certain optimisme. "Si nos partenaires nous soutiennent et s'engagent à nos côtés, nous atteindrons nos objectifs", a-t-il déclaré, se félicitant de progrès "tout à fait remarquables".
"C'est un moment de grand défi, mais aussi d'espoir pour Haïti", a ajouté M. Blinken lors d'une conférence de presse avec le coordinateur du conseil présidentiel de transition Edgard Leblanc Fils. "La prochaine étape cruciale dont nous avons parlé est la mise en place d'un conseil électoral. Nous espérons qu'il sera bientôt mis en place", a-t-il souligné.
Edgard Leblanc Fils a dit espérer être en mesure de "présenter" ce conseil électoral dès la semaine prochaine avec l'objectif d'élections en novembre 2025 et un transfert de pouvoir en février 2026.
Haïti n'a plus connu d'élection depuis 2016.
Des bandits "même pas inquiétés"
Avec quelque 400 policiers arrivés cet été, sur les 2.500 prévus à terme, la MMAS tarde à se déployer, même si les responsables assurent qu'elle a permis de reprendre "le contrôle d'infrastructures essentielles, comme l'aéroport de la capitale, et de rouvrir des routes qui ont favorisé le retour de milliers d'Haïtiens déplacés".
Des policiers haïtiens dans les rues de Port-au-Prince, en Haiti, le 20 août 2024. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais deux mois après son arrivée, les habitants de la capitale commencent à perdre patience face à l'absence de résultats concrets.
"Les exactions des gangs se poursuivent et les bandits ne sont même pas inquiétés", avait déploré récemment Watson Laurent, un chauffeur moto-taxi de 39 ans.
Le gouvernement haïtien a d'ailleurs étendu mercredi 4 septembre l'état d'urgence à l'ensemble du pays.
La venue de M. Blinken coïncide aussi avec une panne d'électricité géante à Port-au-Prince ces derniers jours, après qu'un groupe de manifestants a pris d'assaut une centrale électrique.
La violence des groupes armés avait redoublé en début d'année et poussé le Premier ministre contesté Ariel Henry à démissionner.
Le secrétaire d'État américain s'est ensuite rendu en République dominicaine, pays qui partage l'île d'Hispaniola avec Haïti et dont les relations sont notoirement houleuses avec son voisin.
M. Blinken y rencontrera vendredi 6 septembre le président nouvellement réélu Luis Abinader, quelques jours après que son pays a autorisé les États-Unis à saisir l'avion utilisé par le président vénézuélien Nicolas Maduro, dans le cadre des sanctions américaines imposées contre Caracas.
AFP/VNA/CVN