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Au pied de ces tours Cham, de grands maîtres transmettent le flambeau à la nouvelle génération. |
Photo : CTV/CVN |
Les arts martiaux coulent depuis très longtemps dans les veines des habitants de Binh Dinh. Cette province du Centre a témoigné de nombreux exploits des héros nationaux, dont les trois frères Nguyên Nhac, Nguyên Huê et Nguyên Lu, considérés comme les "Tam Kiêt Tây Son" (trois leaders du soulèvement des Tây Son à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle). Leurs exploits retentissants et ceux du roi Quang Trung (1753-1792) durant le processus d’établissement des troupes Tây Son, ainsi que les victoires sur les envahisseurs successifs ont laissé à cette terre sacrée un legs glorieux.
Patriotisme, harmonie corps-esprit
Les arts martiaux traditionnels de Binh Dinh sont intimement liés à l’histoire du pays. Ils ont des caractéristiques uniques qui les distinguent des autres écoles d’arts martiaux.
D’abord, ils manifestent une combinaison harmonieuse entre le "cuong" (rigidité) et le "nhu" (souplesse), entre l’attaque et la défense, entre la force et la faiblesse, entre l’intérieur et l’extérieur du corps. Ensuite, ils sont basés sur la théorie du Yin et du Yang. Enfin, leur code moral est très prégnant avec cinq vertus fondamentales que sont nhân, nghia, lê, trí et tín (respectivement humanité, loyauté, politesse, intelligence et honnêteté).
Les arts martiaux traditionnels de Binh Dinh ont toujours gardé l’esprit martial, celui de lutte contre les envahisseurs étrangers et la tradition "uông nuoc nho nguôn" (quand on boit de l’eau, on pense à la source).
Les arts martiaux traditionnels de Binh Dinh conviennent bien aux femmes. |
Photo : CTV/CVN |
Il y a quelques décennies, quand il était jeune, le grand maître Hô Sùng se rendait souvent aux pieds des trois tours Cham Duong Long pour faire du quyên (kata ou enchaînement de techniques). Il y enseignait également à ses élèves les plus prometteurs. Construites en brique et en pierre vers le XIIe siècle, ces tours sont agrémentées de gravures d’aigles, d’éléphants ou de Garuda, l’oiseau mythique, et présentent des scènes de chants, de danses et des figures des moines.
"Ces tours Cham sont entourées d’immenses rizières. Il est intéressant de s’entraîner dans un aussi bel espace culturel et naturel", a partagé le grand maître Hô Sùng avec enthousiasme.
Il enseignait à ses élèves les techniques de combat avec des objets usuels des paysans tels râteau, foulard, éventail, pipe à eau... Il leur transmettait aussi les vertus martiales. Maintenant, en raison de son âge, il enseigne moins. Mais plusieurs de ses enfants et petits-enfants suivent ses traces en ouvrant leur propre dojo. Certains ont même été convoqués à l’équipe d’art martial du Musée de Quang Trung. Le maître Hô Cuong, fils aîné de M. Sùng, est chargé du dojo familial, d’où sont sortis des talents tels que Hô Thi Diêu, Hô Van Nui, Hô Van Tu…
Un patrimoine immatériel national
Les arts martiaux traditionnels de Binh Dinh sont devenus un patrimoine culturel pas seulement provincial mais aussi national. Ils se pratiquent aussi au féminin.
"Ai về Bình Định mà coi
Con gái Bình Định bỏ roi, đi quyền"
(Qui va à Binh Dinh doit voir
Les filles de Binh Dinh maniant le fouet et s’exerçant au quyên).
Cette vieille chanson populaire exprime la popularité des arts martiaux traditionnels auprès des filles. Comme leurs bienfaits sont multiples quel que soit l’âge ou le sexe, en aidant le corps à se développer, en renforçant le dos, les articulations et toute la musculature, les arts martiaux traditionnels de Binh Dinh sont entrés dans le programme d’études des établissements scolaires de la province. Ils ont même été reconnus patrimoine national immatériel en 2012 par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.
Depuis, la province s’est focalisée sur leur préservation et leur valorisation en organisant des festivals internationaux.
En mars dernier, le Comité populaire provincial a exprimé le souhait d’élaborer, avec le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, un dossier dans l’optique d’une inscription des arts martiaux traditionnel de Binh Dinh au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Il estime que l’État doit prévoir des politiques de soutien en faveur des maîtres de ces arts martiaux pour les aider à transmettre leur savoir aux jeunes générations.