Banque mondiale et FMI, entre réflexion sur leurs réformes et crainte de Guerre froide

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) ont ouvert officiellement jeudi 13 avril leurs réunions conjointes de printemps, partagés entre l'espoir de "convergences" concernant les réformes les concernant ou la restructuration de la dette de certains pays, mais aussi la crainte d'une "Seconde Guerre froide".

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La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva lors de la conférence de presse, le 13 avril, à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'optimisme est venu du président de la BM, David Malpass, dont l'institution préside cette année les réunions de printemps, qui a estimé lors de la conférence de presse ouvrant officiellement l'événement, qu'il existait une "convergence sur la manière de renforcer la capacité financière" de l'institution.

Les principaux membres de la BM se sont en effet entendus pour donner une capacité de financement supplémentaire de 50 milliards d'USD, sur les dix prochaines années, à la banque et ses filiales.

"C'est une très bonne nouvelle", a estimé le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse à Washington, "mais nous voulons aller plus loin et définir un nouveau cadre financier qui permette notamment de renforcer la coopération entre les différentes institutions".

Une position qui rejoint celle exprimée la veille par la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, qui s'était félicité de ces financements supplémentaires, mais aussi estimé qu'il fallait "pousser pour des progrès supplémentaires".

Des progrès, il y en a eu dans les discussions concernant la restructuration de la dette des pays les plus endettés, pour laquelle "nous espérons arriver à un mémorandum rapidement", a déclaré M. Malpass.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a de son côté rappelé qu'il "restait des objectifs à atteindre en termes de calendrier". Elle a aussi assuré qu'un accord prochain devrait être trouvé concernant la Zambie et le Ghana, tous deux en situation difficile.

Mme Georgieva n'a en revanche pas caché sa crainte de voir le monde entrer dans une "Seconde Guerre froide".

"La question est de savoir si l'on peut en faire plus en termes de sécurisation des approvisionnements sans pousser trop loin au risque de nous retrouver dans une Seconde Guerre froide", a-t-elle insisté. "Je fais partie de ceux qui connaissent les conséquences d'une Guerre froide, c'est une perte de talents et de contributions pour le monde et je ne veux pas voir cela se répéter", a-t-elle ajouté.

"Garder la tête froide"

Originaire de Bulgarie, Mme Georgieva a grandi de l'autre côté du Rideau de fer avant de terminer ses études à Londres à la fin des années 1980.

Or les rapprochements en cours, qui se sont encore matérialisés jeudi par des discussions entre l'administration américaine et la Commission européenne à Washington sur les énergies propres, les matériaux critiques et les semi-conducteurs, renforcent le risque de fragmentation, c'est-à-dire de voir des pays privilégier le commerce à l'intérieur de régions du monde ou de blocs de pays alignés plutôt que le commerce mondial.

Pour la patronne du FMI, une "fragmentation du commerce mondial nous coûterait entre 0,2% et 7%" du PIB mondial sur le long terme, selon le degré de séparation des différents blocs.

"Nous pouvons rationnellement accepter un certain degré de fragmentation et les coûts qui vont avec pour l'économie mondiale, mais il importe de les contenir. Si nous ne parvenons pas à rester rationnels, les peuples un peu partout en payeront le prix, il faut donc garder la tête froide", a souligné Mme Georgieva.

Les pays du G7 se sont prononcés mercredi en faveur d'une approche favorisant le "friendshoring", qui consiste à privilégier les échanges entre pays proches ou alliés afin de moins dépendre de ceux considérés comme de potentiels rivaux systémiques.

Si la Chine n'est pas citée, elle est clairement visée : la pandémie de COVID-19 a mis en lumière la dépendance des pays industrialisés sur divers produits considérés comme essentiels, poussant ces derniers, en particulier les États-Unis et l'Union européenne, à chercher à ramener la production sur leur territoire.

Mercredi, le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, dont le pays préside le G7 cette année, a cependant assuré que cette approche "n'était pas contre un pays en particulier, c'est une position purement liée à la sécurité des approvisionnements".

Quant à David Malpass, qui devrait quitter son poste au plus tard fin juin, il a donné quelques indications concernant son futur, expliquant "chercher de nouvelles opportunités". "J'ai intégré l'administration américaine en 1984 et j'ai toujours été impliqué dans les [institutions financières internationales]", a-t-il rappelé.

Son successeur, qui devrait être le candidat des États-Unis, Ajay Banga, seul candidat en lice, sera connu normalement début mai.

AFP/VNA/CVN

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