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Le vieux manguier a obtenu le titre honorifique d’”arbre patrimonial du Vietnam”. |
Photo : Chi Công/CVN |
Non loin de la pagode de Xiêm Can, sur le chemin conduisant au village de Biên Tây B, commune de Vinh Trach Dông, province de Bac Liêu (Sud), se dresse un vieil arbre aux dimensions hors du commun : 15 m de haut, 300 m² de feuillage, tronc colossal - il faut cinq hommes pour en faire le tour avec les bras. Parmi les feuilles apparaissent d’innombrables mangues. La récolte cette année promet d’être bonne !
“Ce manguier tricentenaire fait la fierté des gens d’ici. En 2015, il a été reconnu arbre patrimonial national. Il a une histoire extraordinaire, étroitement liée à l’historie des premiers défricheurs de cette région”, révèle Trân Chi Quang, 70 ans, responsable du Conseil d’administration de la pagode de Xiêm Can. Avec un brin d’orgueil, le septuagénaire relate l’histoire que son grand-père lui a contée lorsqu’il était enfant.
Il y a trois siècles, cette région côtière du Sud, comprenant les territoires des actuelles provinces de Hà Tiên, Kiên Giang, Bac Liêu et Cà Mau, connut l’arrivée de nombreux émigrants de diverses nationalités (chinoise, khmère et vietnamienne) désireux de défricher les lieux et de s’y installer.
En ces temps-là, dans la commune de Vinh Trach Dông où s’établirent les ancêtres de Trân Chi Quang, les habitants n’avaient pas à se soucier de l’alimentation (provenant essentiellement des produits de la mer) mais de l’eau potable.
“Mon grand-père considérait l’eau de pluie comme un don du ciel. À la saison de pluies (vers les 7e et 8e mois du calendrier lunaire), on la recueillait dans des jarres, se souvient Trân Chi Quang. À de multiples reprises, on a essayé de creuser des puits. Mais toujours en vain”.
“Et puis un jour, en voyant le vieux manguier verdoyant toute l’année, le patriarche du village eut l’idée qu’une source d’eau souterraine devait se trouver près de là. Après une cérémonie cultuelle dédiée au Génie de l’arbre, la terre fut creusée. Et miracle ! Une nappe d’eau douce souterraine apparut parmi les racines. Et depuis, le puits, de 2 m de profondeur et 3 m de diamètre, fournit suffisamment d’eau potable à tous les villageois de Biên Tây B”, s’enthousiasme le septuagénaire.
Le tronc du manguier tricentenaire est très grand. |
Photo : Chi Công/CVN |
Ce puits aux eaux transparentes et douces ne tarit jamais. Le vieux manguier se situait en ces temps-là au milieu d’une terre sauvage où abondaient les serpents. Une fois l’eau puisée, tout le monde retournait prestement dans ses pénates de peur de tomber sur des reptiles.
Arbre patrimonial national
En 1990, reconnaissants envers l’arbre bienfaiteur, et dans l’intention de le protéger, les villageois de Biên Tây B ont planté des piquets de pierre tout autour pour le soulager de ses grosses branches. Malheureusement, sans que personne ne comprenne pourquoi, l’arbre se mit à ne plus donner de fruits, et ce durant de longues années. “Peut-être avions nous fâché le Génie de l’arbre”, chuchote Trân Chi Quang.
L’année 2015 fut un tournant dans la vie du vieux manguier. En coordination avec la commune, l’Association nationale de sauvegarde de la nature et de l’environnement passa à l’action. Après des analyses approfondies du vieil arbre, les scientifiques annoncèrent son âge : plus de 330 ans. Le vieux manguier devint un ”arbre patrimonial du Vietnam”.
Ces dernières années, des soins intensifs lui ont été prodigués. “Notre vieil arbre est redevenu verdoyant. Il semble rajeunir. Cette année il est en pleine floraison, et la récolte promet d’être abondante”, exprime avec fierté le septuagénaire Trân Chi Quang.
Nghia Dàn/CVN