Avec deux ans au compteur, Linky accélère mais peine encore à convaincre

Deux ans après ses débuts, Linky accélère son déploiement en France : près de 30.000 compteurs électriques communicants sont installés chaque jour, malgré les critiques, voire l'hostilité de certains consommateurs.

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Le déploiement du compteur Linky s'est heurté à de fortes résistances de particuliers et parfois de communes s'opposant à son installation.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après des essais localisés, Enedis (ex-ERDF), filiale d'EDF, avait lancé le 1er décembre 2015 l'installation en masse de ces nouveaux appareils destinés à remplacer des compteurs électriques d'ancienne génération, pour certains âgés de plus de 40 ans.

"On a, à ce jour, installé 7,3 millions de compteurs dans 4.200 communes. Aujourd'hui, on pose 28.000 compteurs par jour et on a 3.000 installateurs sur le terrain", détaille pour l'AFP Bernard Lassus, directeur du programme Linky. "L'objectif de cette année, c'est de finir à 8,1 millions et pour fin 2018, c'est d'atteindre 16 millions de compteurs installés", ajoute-t-il. Enedis veut en avoir installé 34 millions à la fin de 2021.

Pour les foyers dotés du compteur Linky, finis les passages du technicien chargé de relever les compteurs : la consommation est mesurée et automatiquement transmise au fournisseur d'électricité, permettant une facturation plus précise que celle fondée sur des estimations.

Le compteur de nouvelle génération peut aussi recevoir des ordres à distance, par exemple pour une mise en service ou un changement de puissance, avec des économies au passage.

Près de 30.000 compteurs électriques communicants Linky sont installés chaque jour en France.

Malgré tout, l'utilité de Linky fait encore débat. "Si les bénéfices pour les opérateurs sont évidents, ceux qui concernent les consommateurs tardent à se concrétiser", avait critiqué au printemps le médiateur de l'énergie, Jean Gaubert.

Les clients peuvent certes s'inscrire sur le site internet du gestionnaire de réseau pour y suivre leur consommation --une démarche qui peut notamment encourager les économies d'énergie. Mais seulement 200.000 comptes ont été ouverts à ce jour. "On a aussi dans l'idée d'ouvrir des applis mobiles qui devraient normalement susciter beaucoup plus d'envie", espère Bernard Lassus.

Le déploiement du Linky s'est également heurté à de fortes résistances, de particuliers et parfois de communes s'opposant à son installation. Une vingtaine de véhicules d'Enedis avaient même été endommagés dans un incendie fin octobre à Limoges, avec des inscriptions anti-Linky...

Certains opposants craignent l'exposition aux champs électromagnétiques, même si l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a jugé le risque très faible.

D'autres s'inquiètent pour leur vie privée. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) veille toutefois à ce que les données de consommation détaillées ne soient pas collectées sans l'accord de l'usager.

Des problèmes concrets

Mais les associations de consommateurs font surtout état de plaintes en raison de problèmes plus concrets: coffrage électrique qui ne ferme plus, compteur qui disjoncte plus souvent, appareils électroménagers qui ne fonctionnement plus correctement...

"On est inondés par des demandes et des inquiétudes", indique Nicolas Mouchnino, chargé de mission énergie à l'UFC-Que choisir. "Il y a beaucoup de consommateurs dont on ne traite pas les problèmes", regrette-t-il auprès de l'AFP.

"On est bien conscients qu'il peut y avoir des difficultés au déploiement, mais il faut que derrière, ils assurent le service après-vente", souligne l'expert.

L'installation des Linky a été sous-traitée à des prestataires de services. Pour des installations un peu plus compliquées que la moyenne, les employés d'Enedis sont parfois obligés de repasser pour corriger le tir.

"Les entreprises prestataires de pose ne sont pas forcément bien formées" et "les poseurs de compteurs font de l'abattage", regrette Bruno Bosquillon, délégué syndical central CGT chez Enedis.

Malgré tout, la pose se passe "plutôt bien" dans l'ensemble, selon le responsable syndical, même si la prochaine phase de déploiement dans les zones rurales pourrait s'avérer plus compliquée.

Pour sa part, la direction d'Enedis reconnaît volontiers des problèmes mais en minimise l'ampleur. "C'est normal qu'il y ait des défauts de jeunesse", juge Bernard Lassus : "Dès qu'on rencontre une difficulté, on essaie de la prendre en compte, de corriger le plus vite possible et de remédier à la situation".


AFP/VNA/CVN

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