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Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc visite la compagnie par actions de céramique de Chu Dâu, le 8 avril 2018. |
Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc visite la compagnie par actions de céramique de Chu Dâu, le 8 avril 2018. Photo: VNA/CVN |
Il a fallu attendre plus de trois siècles pour qu’un Japonais lui redonne vie. Cet homme providentiel venu du pays du Soleil levant, c’est Makoto Anabuki qui, en 1980, alors qu’il était premier secrétaire à l’ambassade du Japon à Hanoï, a écrit une lettre à Ngô Duy Dông, secrétaire du comité du Parti de la province de Hai Hung (l’entité administrative qui a été ensuite divisée en deux provinces, Hai Duong et Hung Yên).
Dans cette lettre, ce diplomate racontait notamment qu’il avait eu l’occasion d’admirer, dans le musée de Topkapi Saray, à Istanbul, en Turquie, un vase en céramique de couleur bleue de 54 centimètres de haut, en provenance du Vietnam.
Sur l’objet, il a noté une inscription en caractères sino-vietnamiens (nôm), traduite par R. L. Hobson en 1933, indiquant : "Peint par la potière Bùi Thi Hy", dans la 8e année de l’ère Thai Hoà (période des Lê postérieurs, équivalent à 1442-1459), dans le district de Thanh Lam (aujourd’hui un village de la province de Hai Duong). Cette lettre a permis de remonter au village de Chu Dâu, où vécu cette potière, et ainsi de déterminer que l’origine de la céramique "hoa lam" est ce village.
Pour les descendants de Chu Dâu, où la guerre entre les dynasties Trinh et Mac avait ravagé le village et fait fuir ses artisans vers d’autres régions, cette lettre du diplomate japonais a été véritablement salvatrice. Mais ils ont aussi dû patienter encore trois années avant que ne débutent les premières fouilles archéologiques sur place. En 1992, le site archéologique de Chu Dâu a été classé vestige national par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.
Chose singulière, la découverte décisive n’a pas été faite à Chu Dâu-même, mais à des centaines de kilomètres de là, dans un bateau coulé au fin fond des îles de Cu Lao Chàm, dans la province centrale de Quang Nam.
Plus de 240.000 objets en céramique ont été repêchés, en majorité en provenance de Chu Dâu. Cette découverte retentissante a attiré l’attention des professionnels internationaux qui sont arrivés à la conclusion qu’entre le XIVe et le XVIIe siècles, la céramique de Chu Dâu était l’une des plus prisées de part le monde.
La beauté de la céramique Chu Dâu est décrite ainsi : «fine comme un feuille de papier, transparente comme de la pierre précieuse, blanche comme de l’ivoire et sonnante comme une cloche».
Les dessins et motifs des produits de Chu Dâu portent sur le caractère culturel traditionnel du Vietnam. Il s’agit de paysages naturels et de la vie quotidienne des habitants du delta du Fleuve rouge : pasteur de buffles, chaumières au bord du fleuve, paysan portant chapeau conique ou en costume traditionnel, oiseaux sur des branches, poissons dans l’eau...
En 2001, la société commerciale de Hanoï (Hapro) s’est lancée dans la restauration des techniques anciennes, ce qui a permis de ressusciter l’ancien village de céramique de Chu Dâu. Après de nombreuses recherches, les scientifiques ont réussi à retrouver la technique de fabrication de l’émail traditionnel de Chu Dâu. La même année, l’entreprise de céramique de Chu Dâu (devenue aujourd’hui compagnie par actions de céramique de Chu Dâu) a vu le jour.
À Chu Dâu, la céramique a retrouvé ses lettres de noblesse. Les céramiques anciennes de Chu Dâu sont exposées actuellement dans 46 musées de 32 pays, les produits contemporains du village sont exportés vers une bonne vingtaine de pays. La compagnie par actions de céramique de Chu Dâu s’est vu, au début de cette année, décerner par le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc ces lettres d’or : "La céramique de Chu Dâu – l’identité vietnamienne rayonne sur les cinq continents".
VNA/CVN