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Sanofi va se renforcer dans les maladies rares avec l'OPA amicale |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon un accord définitif avec cette biotech basée près de Boston (Est), Sanofi offre 105 dollars par action, une prime de 64% sur le cours de clôture de vendredi 19 janvier, réalisant ainsi sa plus grosse acquisition depuis Genzyme, autre biotech américaine spécialisée dans les maladies rares, achetée 20 milliards de dollars en avril 2011.
L'offre publique d'achat devrait débuter en février et être finalisée trois mois plus tard, a précisé le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, lors d'une conférence avec des analystes.
En 2016, Sanofi avait procédé à un échange d'actifs géant avec Boehringer Ingelheim, auquel il a cédé sa division de santé animale Merial contre l'activité de médecine grand public du laboratoire allemand. Mais au-delà de cet échange, Sanofi cherchait aussi à effectuer une méga-acquisition dans l'un de ses autres domaines de prédilection, alors que son ancienne locomotive, l'activité diabète, est en déclin, et que le groupe a pris du retard dans l'immuno-oncologie.
Le groupe français n'était cependant pas parvenu à racheter la biotech américaine Medivation en 2016, spécialisée dans l'immuno-oncologie et finalement tombée dans l'escarcelle de Pfizer pour près de 14 milliards de dollars, ni la biotech suisse Actelion (maladies rares), raflée pour 30 milliards de dollars par Johnson and Johnson.
Mais avec Bioverativ, Sanofi pourrait considérablement redorer son blason. "Il y a une véritable logique à cette acquisition", a commenté lundi 22 janvier le directeur général Olivier Brandicourt : "Il suffit de regarder les chiffres".
Opération "logique, mais onéreuse"
L'hémophilie, un trouble grave de la coagulation sanguine, est la plus fréquente des maladies rares. Cette affection hémorragique représente un marché mondial d'environ 10 milliards de dollars par an, et qui devrait enregistrer une croissance de plus de 7% par an jusqu'en 2022, selon des études prospectives citées par Sanofi.
Bioverativ est un leader mondial du segment, avec deux traitements innovants déjà commercialisés, des protéines de fusion recombinante pour permettre la coagulation : Eloctate pour l'hémophilie de type A et Alprolix pour celle de type B.
Cette ancienne division de l'américain Biogen a généré en 2016 847 millions de dollars de ventes et 41 millions de dollars de redevances (elle a le laboratoire suédois Sobi comme distributeur de ses deux traitements dans l'Union européenne notamment). Son chiffre d'affaires 2017 est estimé à 1,17 milliard de dollars, a précisé M. Brandicourt.
Son rachat devrait entraîner une augmentation du bénéfice net par action de Sanofi dès l'exercice 2018 et de "jusqu'à 5% pour l'exercice 2019", prévoit le groupe français, qui a de son côté publié en 2016 un chiffre d'affaires de 33,8 milliards d'euros.
Sanofi prévoit de financer cette opération pour moitié en puisant dans sa trésorerie et le reste par l'emprunt, mais table sur un retour sur capitaux investis supérieur au coût du capital dans un délai de trois ans.
Le coût de cette transaction a toutefois déplu aux investisseurs : l'action Sanofi a terminé lundi 22 janvier en net repli de 2,91% à 70,83 euros, tandis que le CAC 40 a fini dans le vert (+ 0,28%).
C'est une opération "logique, mais onéreuse", ont tranché les analystes de Jefferies dans une note, estimant par ailleurs que le potentiel de croissance de Bioverativ était "limité" à moyen terme, sur fond d'une concurrence élevée sur le segment.
Le géant suisse Roche a notamment obtenu en novembre dernier l'autorisation de commercialiser aux États-Unis Hemlibra, un autre traitement innovant contre l'hémophilie de type A, tandis que l'irlandais Shire ou le danois Novo Nordisk sont déjà des piliers du secteur.
Bioverativ dispose d'autres traitements en développement dans l'hémophilie et d'autres troubles hématologiques, mais un seul d'entre eux est actuellement en phase III (dernière étape clinique avant éventuelle commercialisation).
Sanofi pour sa part a acquis début janvier les droits mondiaux de fitusiran, un traitement novateur contre l'hémophilie, auprès d'une autre biotech américaine partenaire, Alnylam. Les essais de phase III sur le fitusiran doivent reprendre ce trimestre, selon Sanofi.
Le géant pharmaceutique français ne renonce pas pour autant à d'autres grandes acquisitions pour rattraper son retard dans l'immuno-oncologie. Lundi 22 janvier, ses dirigeants ont souligné que le groupe avait encore la capacité financière de mener des achats de même ampleur, notamment dans ce domaine toujours prioritaire pour le groupe.