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Devant un magasin proposant des décorations de Noël, à Bayonne dans le New Jersey, le 15 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec une demande en hausse au moment où les États-Unis rouvrent leur économie, les commerçants américains travaillent dur pour ne pas ternir les festivités, en faisant leur possible pour surmonter les obstacles.
Parmi les mesures les plus symboliques : Walmart et d'autres chaînes de grands magasins ont affrété leurs propres bateaux pour contourner les retards chaotiques dans les ports de la côte Ouest.
D'autres ont choisi de recevoir leurs importations plus tôt qu'à l'accoutumée, de lancer en avance leurs promotions de Noël ou d'abandonner le transport maritime pour l'aérien.
"Un grand nombre d'entreprises ont pris cette décision ces 30 derniers jours", a expliqué Neel Jones Shah, responsable du fret aérien chez Flexport, une société de transport de marchandises. "Elles sont obligées de passer par les airs, sinon elles vont complètement rater leur saison".
Mais même avec ces mesures, selon Scott Case, un vétéran de l'industrie logistique, "il y aura des manques visibles dans ce qui sera disponible cette saison des fêtes". Les commerces travaillent ainsi également à des stratégies pour atténuer la déception des clients lorsque le choix viendra à manquer.
Dans un magasin à New Yorki. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Pénuries monumentales"
La demande reste forte, comme en attestent les chiffres des ventes au détail publiés vendredi 15 octobre, qui ont créé la surprise avec un nouveau bond en septembre.
"Ce sera une bonne saison des fêtes du point de vue de la demande", a estimé Neil Saunders, directeur chez GlobalData Retail, qui s'attend à ce que les entreprises fassent moins de promotions que par le passé pour attirer le chaland, à cause d'approvisionnements réduits.
Outre les embouteillages dans les ports, où les navires attendent de pouvoir décharger, les magasins sont aussi confrontés à des retards dans la production, à cause de confinements liés au COVID-19 en Asie dans certaines régions où se trouvent des usines-clés.
Ils font aussi face à une pénurie de main-d'oeuvre qui pourrait compliquer les recrutements de travailleurs saisonniers.
Ces goulots d'étranglement ont été un sujet central lors de la rencontre des ministres des Finances de pays industrialisés rassemblés la semaine dernière à Washington.
À la Maison Blanche, Joe Biden a annoncé que le port de Los Angeles s'était engagé à travailler 24 heures sur 24. Saisissant l'occasion, des groupes comme la National Retail Federation ont pressé les consommateurs de faire leurs emplettes plus tôt cette année.
Mais même ainsi, "il y aura quelques pénuries monumentales", a déclaré Terry Esper, professeur de logistique au Fisher College of Business de l'Université de l'Ohio.
Les commerçants vont devoir créer de la demande chez les consommateurs pour les produits qu'ils ont en stock, ou certains de substitution, y compris plus chers. Par exemple, un client qui souhaite acheter un pull en laine pourrait se voir proposer à la place un pull en cachemire.
Les entreprises diversifient leurs fournisseurs, et utiliseront davantage de solutions automatisées, prédit Terry Esper, en estimant que les complications dureront jusqu'en 2023. Selon lui, "ce n'est pas un problème de Noël, c'est une transition vers un modèle commercial différent".
Sur le tarmac de l'aéroport international Rickenbacker dans l'Ohio, le 11 octobre 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Prix en hausse?
La pression exercée tant sur les capacités des entrepôts que sur les avions de fret provoque aussi une augmentation des prix, déjà à la hausse. Les estimations varient, mais des responsables industriels se sont plaints de prix pour des cargaisons par bateau dix fois plus élevés qu'avant la pandémie.
Et le prix du pétrole a conduit Delta Air Lines à avertir que la flambée du prix du kérosène pourrait entraîner une perte au quatrième trimestre.
Neil Saunders s'attend à une certaine inflation, mais ajoute que dans un secteur commercial "extrêmement compétitif", "les entreprises doivent faire attention à ne pas trop la répercuter sur le prix, par peur de perdre des parts de marché".
Bryan Schreiber, qui s'occupe du développement du fret à l'aéroport international Rickenbacker dans l'Ohio, se dit surpris de ne pas avoir vu une plus forte hausse des prix. "Peut-être les entreprises essaient-elles d'atténuer ce qu'elles répercutent sur les consommateurs", a-t-il dit. "Mais je pense qu'en réalité, pour beaucoup de choses - si on arrive à se les procurer - ce sera beaucoup plus cher".