Aux États-Unis, le transport ferroviaire s'offre une cure de jouvence

Vétuste, lent, peu fréquent, souvent même inexistant, le train est le parent pauvre des transports aux États-Unis, loin derrière voiture et avion. Des travaux gigantesques ont commencé, avec l'ambition de doubler le nombre de passagers d'ici 2040.

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Des locomotives Amtrak à Union Station à Washington, le 28 novembre.  
Photo : AFP/VNA/CVN

Joe Biden a annoncé vendredi 8 décembre  la première ligne de train à grande vitesse dans le pays pour 2028, entre Las Vegas et Los Angeles.

Ce projet et des dizaines d'autres bénéficieront au total de 66 milliards d'USD issus du grand plan Biden d'investissements dans les infrastructures, adopté en 2021.

"Ce sera une véritable transformation pour le transport ferroviaire de voyageurs aux États-Unis", une "nouvelle ère", s'enthousiasme Laura Mason, vice-présidente exécutive chargée des travaux de rénovation d'Amtrak, la compagnie ferroviaire publique.

C'est la somme la plus importante depuis sa création en 1971 pour délester les entreprises privées de fret de l'encombrant transport de passagers.

L'objectif est de doubler le nombre de passagers d'ici 2040, a-t-elle expliqué.

Au programme : créations et prolongations de lignes, fréquences supplémentaires, rénovation de gares, nouveaux trains plus rapides et confortables...

"Beaucoup des infrastructures que nous utilisons aujourd'hui (...) ont été construites il y a bien plus de 100 ans", relève Laura Mason.

La ligne entre la Nouvelle-Orléans (Louisiane) et Mobile (Alabama), détruite il y a près de 20 ans par l'ouragan Katrina, sera remise en service. La gare de Baltimore (Maryland), elle, est en travaux pour accueillir plus de trains.

Réseau "squelettique"

Les locomotives d'Amtrak à la gare Centrale de Chicago, Illinois, le 2 mars 2022. 
Photo : AFP/VNA/CVN

C'est pourtant le train qui a permis la Conquête de l'Ouest au XIXe siècle.

"Les chemins de fer ont fait de l'Amérique une force du commerce et de l'innovation dans le monde, unissant le pays et construisant l'économie la plus puissante de l'Histoire", a rappelé vendredi 8 décembre Joe Biden à Las Vegas, mais "au fil du temps, cependant, nous avons pris du retard".

Le réseau, aujourd'hui, "est squelettique", résume Jim Mathews, responsable de l'Association des passagers du rail aux États-Unis : "Beaucoup de voyages ne sont tout simplement pas possibles".

Certes, voyager dans le Nord-Est, entre Boston, New York et Washington, "est une expérience relativement indolore. C'est plus lent que ça ne devrait l'être (mais) cela va bientôt s'améliorer".

Des trains tout neufs, fabriqués par le français Alstom dans l'État de New York, y circuleront d'ailleurs bientôt.

En revanche, pour traverser le pays d'Est en Ouest, "il faut bien compter deux à deux jours et demi de voyage. Vous devrez changer de train à Chicago. Et si vous souhaitez dormir dans une cabine, vous devez la réserver des mois à l'avance", déplore Jim Mathews.

Au Texas par exemple, le trajet entre Dallas et Houston - à peine 400 km, moins que Paris-Lyon - dure près de 24 heures, avec une correspondance.

La révolution promise ne consiste pas seulement à réparer les rails et y poser de nouveaux trains, précise Laura Mason, mais à "modifier la façon dont les gens se déplacent. Comment pouvons-nous encourager le passage des voitures et avions, au train ?".

Prix, confort, durée, connexions... Tout y passe.

Regards vers la Chine 

Laura Mason, vice-présidente d'Amtrak, lors d'une interview avec l'AFP à Washington le 28 novembre. 
 Photo : AFP/VNA/CVN

Le contexte est favorable au ferroviaire, se réjouit-elle, saluant "un réel changement depuis la pandémie, quant à la manière dont les gens veulent se déplacer", puisque "de plus en plus de gens choisissent de prendre le train".

Pour des préoccupations environnementales, la tranquillité, la connexion au wi-fi pour travailler, ou simplement pour "l'expérience", ajoute Laura Mason.

À la gare de Washington, Alan Beaubien, qui vit en Floride, est en déplacement professionnel : "Dès que je suis dans le Nord-Est, je voyage en train", car "vous pouvez (y) emprunter le train n'importe où". Mais "dans le Midwest ou l'Ouest, vous n'avez pas autant d'options".

Chukwuemeka Chuks-Okeke est lui aussi un usager fidèle d'Amtrak : "Il n'y a pas d'embouteillages, et (...) c'est relaxant". Il juge aussi "que nous pourrions faire mieux pour réduire notre empreinte carbone en prenant le train".

Les 66 milliards d'USD ne sont qu'un "début", avait assuré, le 6 novembre, Joe Biden, surnommé "Amtrak Joe", pour ses trajets quotidiens entre Washington et son fief de Wilmington (Delaware), lorsqu'il était sénateur.

"Nous sommes dans une compétition économique pour le XXIe siècle", a-t-il ajouté vendredi 8 décembre. Avec un regard appuyé vers le concurrent asiatique : "La Chine dispose depuis un certain temps déjà de trains roulant à 220 miles à l'heure", environ 340 km/h.

"Comment peut-on être la meilleure économie sans avoir la meilleure infrastructure au monde ?", a interrogé le président, promettant d'y remédier.

AFP/VNA/CVN

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