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Un restaurant McDonald's à Garden Grove (Californie) le 8 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des panneaux "On embauche" s'étalent sur le bord des routes, devant les restaurants, ou encore sur les bus. Car si les employeurs cherchent à embaucher davantage qu'avant la pandémie face à la frénésie de consommation des Américains, ils peinent cependant à recruter.
Plus de 10 millions de postes étaient vacants en juin, selon les données les plus récentes disponibles, pour moins de 6 millions de demandeurs d'emploi.
"Nous avons beaucoup d'emplois, mais pas assez de travailleurs", et "cette pénurie affecte tous les secteurs", résume la Chambre de commerce américaine, qui représente les entreprises américaines, dans un communiqué.
De nombreuses personnes ont cessé de travailler au printemps 2020, lorsque l'économie américaine était touchée de plein fouet par le COVID-19. Et ne sont pas revenues.
"Nous aurions 3,4 millions de personnes de plus sur le marché du travail" si le taux de participation, de 62,1% en juillet, était toujours de 63,4%, comme avant la pandémie, a calculé l'organisation patronale.
Mais où sont-ils tous passés ?
Pour beaucoup, à la retraite : "la population américaine vieillit", a indiqué Nick Bunker, spécialiste du marché de l'emploi américain et responsable de la recherche économique pour le site d'annonces d'emplois Indeed.
Pas assez d’immigration
Les très nombreux "baby-boomers" avaient déjà commencé à quitter le marché du travail avant le COVID, mais il y a eu une "accélération des départs" au début de la crise du COVID-19, ajoute Diane Swonk, cheffe économiste pour KPMG, à l'AFP également.
Un magasin T.J. Maxx à Annapolis (Maryland) le 16 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des millions de personnes avaient pris une retraite anticipée, craignant pour leur santé, et profitant du bond des prix des actions et des biens immobiliers pour vendre et profiter de leurs économies.
Et à court terme, "nous sommes peu susceptibles" de retrouver la masse de travailleurs d'avant la pandémie "à cause du vieillissement de la population", avertit Nick Bunker.
D'autant plus que "nous n'avons pas d'immigration à un rythme suffisant pour remplacer les baby-boomers qui quittent le marché du travail", relève Diane Swonk.
En effet, les restrictions imposées par l'administration de Donald Trump avaient presque divisé par deux l'immigration entre 2016 et 2019. Puis le COVID a encore fait chuter les arrivées d'étrangers, qui ne représentaient en 2021 qu'un quart environ de celles de 2016.
"C'est reparti un petit peu, mais toujours pas aux niveaux que nous connaissions il y a quelques années", précise Nick Bunker.
La Chambre de commerce américaine pointe elle aussi du doigt "les retraites anticipées et la baisse de l'immigration". Mais également les généreuses aides du gouvernement face à la pandémie, estimant qu'elles "ont gonflé les finances de certains travailleurs précédemment employés, qui n'ont plus besoin de travailler".
COVID long
Les femmes elles aussi, avaient largement cessé de travailler en 2020, à cause d'écoles restées fermées parfois pendant un an et demi. Et n'ont pas toutes repris, face, désormais, au manque de personnel dans les crèches lié, justement, à la pénurie de main-d'œuvre.
Taux de chômage aux États-Unis par mois depuis février 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Diane Swonk met aussi en avant "les effets de la pandémie elle-même", des personnes qui ont contracté le virus. Ou souffrent d'un COVID long, "l'un des problèmes les plus sous-estimés et les plus mal compris, tenant les gens à l'écart de la population active".
Cela s'ajoute à la pénurie de travailleurs, "mais aussi, complique la recherche d'emploi", ajoute l'économiste.
Pour faire face à ce manque de travailleurs, il faut d'une part faire revenir des gens sur le marché du travail. Mais aussi faire ralentir la frénésie de consommation des Américains, afin que les entreprises aient besoin de moins de personnel.
La pénurie devrait perdurer, mais se tasser un peu, car la lutte contre la forte inflation suppose de faire ralentir l'économie, et donc l'emploi.
En attendant, les salariés en profitent. Ils sont, depuis près d'un an, des millions chaque mois à changer d'employeur, ceux-ci se faisant concurrence en offrant de plus hauts salaires et de meilleures conditions de travail.
Cette "Grande démission" a fait grimper le salaire horaire moyen, qui, dans le secteur privé, est désormais de 32,27 dollars, +5,2% sur un an. Ce qui contribue à alimenter l'inflation.
Le marché de l'emploi a retrouvé en juillet sa bonne santé. Les 22 millions d'emplois détruits par le COVID-19 ont été recréés, et le taux de chômage est retombé à 3,5%.
AFP/VNA/CVN