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Vue d'une vaste tranchée creusée par des chercheurs d'or sur le site archéologique à Jabal Maragha, dans le désert soudanais, le 20 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Intrigués par le bruit de moteurs dans ce désert de Bayouda, à 270 km au nord de Khartoum, ils ont découvert deux pelleteuses en action. Elles avaient creusé une entaille de 17 m de profondeur et 20 m de longueur.
"Ils n'avaient qu'un but en s'enfonçant ici : trouver de l'or et pour gagner du temps, ils ont utilisé les pelleteuses", explique, choquée, l'archéologue Habab Idriss Ahmed, qui a travaillé en 1999 sur ce site.
La terre ocre est zébrée de traces de pneus, mais certaines sont plus profondes. Ce sont celles des camions qui ont transporté le matériel de terrassement.
De ce site de l'époque méroïtique (environ 350 av JC- 350 ap JC), qui était soit une unité d'habitations soit un poste de contrôle, il ne reste presque plus rien.
"Ils ont excavé en profondeur car le sol est composé de couches de grès et de pyrite et comme cette roche est métallique leur détecteur se mettait à sonner. Ils pensaient que l'or se trouvait plus bas", explique Hatem al-Nour, directeur des Antiquités et des Musées soudanais.
Près de la monstrueuse tranchée, sur des pierres en grès taillées en cylindre et disposées en colonne, les "voleurs d'or" ont posé un toit rudimentaire pour utiliser l'espace comme salle à manger.
Mais la surprise ne s'arrête pas la. "Conduits au poste de police, les cinq ouvriers ont été relâchés quelques heures plus tard et ont même pu récupérer leur matériel", peste Mahmoud al-Tayeb, ex-inspecteur des Antiquités.
Ce qui reste du site archélogique de Jabal Maragha ravagé par les chercheurs d'or dans le désert soudanais, le 20 août. |
"Ils auraient dû être arrêtés et leurs machines confisquées. Il existe des lois", ajoute ce professeur d'archéologie à l'université de Varsovie convaincu que le vrai coupable, leur employeur, a le bras long.
Pour le directeur des Antiquités, il ne s'agit pas d'un cas unique mais d'un pillage systématique des sites archéologiques, comme sur l'île de Saï, longue de 12 km, entre la deuxième et troisième cataracte sur le Nil.
Là, sur les centaines de tombes de toutes les époques depuis la préhistoire, beaucoup ont été détruites ou abimées par les chercheurs d'or.
En fait, ces derniers ont toujours existé au Soudan, troisième producteur d'or d'Afrique, après l'Afrique du sud et le Ghana. La vente d'or a rapporté à l'État 1,2 milliard de dollars en 2019, selon la Banque centrale.
AFP/VNA/CVN