Au Sommet des Amériques, grandes déclarations de coopération et vraies tensions

Le Sommet des Amériques organisé par Joe Biden à Los Angeles a donné lieu jeudi 9 juin à de grandes déclarations en faveur de plus de coopération sur le continent, mais a aussi laissé transparaître des tensions entre certains pays et les États-Unis.

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Le président américain Joe Biden lors du Sommet des Amériques, le 9 juin à Los Angeles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président américain a ainsi connu un vrai moment d'embarras diplomatique quand le Premier ministre du Bélize puis le président argentin l'ont critiqué, en pleine séance plénière de l'événement, et alors qu'il était assis à quelques mètres.

"Il est inexcusable que tous les pays des Amériques ne soient pas ici", a déclaré le Premier ministre du Bélize, John Briceno, prenant en particulier la défense de Cuba et du Venezuela qui, comme le Nicaragua, n'ont pas été conviés par les États-Unis.

Le président argentin Alberto Fernandez a lui estimé qu'"être le pays hôte du sommet ne donne pas la capacité de décider qui a le droit ou non" d'y participer.

Malgré ces désaccords sur la liste des participants, qui ont déjà conduit le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador à bouder le sommet, "sur les questions de fond, ce que j'ai entendu était quasiment de l'unité et de l'uniformité", a pourtant assuré Joe Biden.

Le président américain a notamment pointé "l'accord presque total" sur des sujets tels que la gestion de l'immigration et la lutte contre le changement climatique.

Le démocrate de 79 ans a aussi affiché un ton conciliant lors de sa première rencontre bilatérale avec son homologue brésilien Jair Bolsonaro, avec qui les sujets de friction ne manquent pourtant pas.

"Points communs"

Le président brésilien Jair Bolsonaro (centre) au Sommet des Amériques, le 9 juin à Los Angeles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il a qualifié le Brésil de démocratie "vibrante" dotée d'institutions "solides" et salué les "sacrifices" faits par le pays pour protéger la forêt amazonienne, lors d'une courte allocution à laquelle assistaient les journalistes, avant que ne se tienne la réunion proprement dite.

Jair Bolsonaro a lui assuré avoir "beaucoup de points en communs" avec le président américain, par exemple celui d'être des "démocrates" attachés à "la liberté".

Le président d’extrême-droite, climato-sceptique notoire, y est toutefois allé de sa critique concernant la forêt amazonienne, estimant que le Brésil se sentait "parfois menacé dans sa souveraineté" à ce sujet.

Le chef d'État brésilien, cette semaine encore, a mis en doute publiquement la validité de la victoire de son homologue américain.

Jair Bolsonaro, qui brigue un second mandat mais qui est distancé dans les sondages par l'ancien président Lula, attaque par ailleurs régulièrement le système électoral de son propre pays. Comme s'il se préparait déjà à contester une défaite, ce qui inquiète Washington.

L'organisation même du Sommet des Amériques, le second se déroulant aux États-Unis depuis la première édition de 1994, a donc montré que la question de ce qu'est la démocratie, et des moyens de la défendre, ne fait pas consensus au niveau régional.

L'administration Biden n'en espère pas moins relancer le dialogue avec une région qui n'a jusqu'ici pas été en tête de ses priorités diplomatiques.

Les États-Unis ont ainsi annoncé des initiatives sur la santé et l'environnement, ainsi qu'un partenariat économique aux contours assez flous, et veulent s'atteler vendredi 10 juin à une grande déclaration de coopération sur l'immigration.

Mais les Américains ne comptent pas imiter Pékin qui investit très lourdement dans la région, et préfèrent encourager les financements privés.

Cela a valu à Joe Biden une autre pique du Premier ministre du Bélize, qui a fait référence à l'aide massive apportée par les États-Unis à l'Ukraine et lancé : "La question est de savoir combien (d'argent) sera promis pour financer le programme ambitieux que nous nous donnons ?".

Climat

Le président américain Joe Biden (droite) et le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors du Sommet des Amériques, le 9 juin à Los Angeles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Autre sujet majeur du Sommet des Amériques : le climat.

Washington a annoncé un partenariat avec les pays des Caraïbes afin de "soutenir l'adaptation" au changement climatique et la "sécurité énergétique", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les États-Unis vont également promouvoir une initiative régionale visant à porter à 70% la proportion des énergies renouvelables dans la capacité installée de production électrique d'ici 2030.

Selon la Maison Blanche, cinq pays, dont le Brésil et l'Argentine, vont se rallier d'une manière ou d'une autre à cette initiative.

Enfin, l'administration Biden a l'intention de donner 12 millions d'USD pour soutenir le Brésil, la Colombie et le Pérou afin de protéger la forêt amazonienne.

En avril 2021, la Banque mondiale avait souligné l'impact dévastateur du changement climatique en Amérique latine et dans les Caraïbes, estimant que cela pourrait précipiter 3 millions de personnes par an dans la pauvreté d'ici 2050.

AFP/VNA/CVN

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