Au Salon de l'agriculture, Macron face à la flambée des prix et à la sécheresse

Un "plan de sobriété sur l'eau", un autre pour les produits phytosanitaires et un appel pressant aux chaînes de supermarchés pour contenir les prix alimentaires : au Salon de l'Agriculture, samedi 25 févier, Emmanuel Macron a voulu offrir des esquisses de solutions aux maux qui inquiètent les Français, y compris sur la réforme des retraites.

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Le président Emmanuel Macron (centre) caresse la tête de la vache Ovalie, égérie du 59e Salon de l'Agriculture, le 25 février à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selfies, bains de foules mais aussi parfois des huées ont accompagné le président dans sa longue déambulation qui a duré environ 13 heures parmi les stands, où trônait l'égérie du salon, la superbe vache de Salers Ovalie.

Au moment où certains redoutent un "mars rouge", qui verrait les prix alimentaires flamber encore davantage, Emmanuel Macron a considéré que "ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs", en estimant que les producteurs avaient fait leur part compte tenu de l'explosion de leurs coûts.

Des négociations annuelles entre industriels et grande distribution sont actuellement en train de s'achever, ce qui alimente le spectre d'un nouveau rebond des prix dans quelques jours. Alors que la France connaît un épisode de sécheresse historique cet hiver, Emmanuel Macron a par ailleurs plaidé pour un "plan de sobriété pour l'eau" sur le modèle du "plan de sobriété énergétique" lancé pour contenir les effets de la tension en Ukraine.

La formule avait fait mouche et la consommation d'électricité en France sensiblement diminué. "On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau) : plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça", a-t-il expliqué, ajoutant qu'il fallait se résoudre à la "fin de l'abondance".

À quoi tu sers ?"

Au milieu d'échanges bon enfant, c'est sur cette question du climat que le chef de l'État a été vivement interpellé par un militant du collectif "Dernière rénovation". Arborant un T-shirt barré d'un "À quoi tu sers ?", le jeune homme a reproché à Emmanuel Macron son inaction sur le climat. "Je suis là pour vous dire qu'on n'arrêtera pas, parce qu'on n'en peut plus de demander gentiment", lui a-t-il lancé. "Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique", a répliqué le président.

Quelques instants plus tard, les gardes du corps du président ont expulsé sans ménagement un autre militant qui tentait d'interpeller M. Macron, une scène massivement relayée sur les réseaux sociaux.

"Moi, je réprouve tous les gestes de violence, quels qu'ils soient, quand il s'agit d'interpeller quelqu'un - qu'elle soit d'ailleurs physique ou verbale", a ensuite assuré le chef de l'État, en appelant à n'être "jamais dans la violence" et "toujours dans le dialogue".

"Oukases sans solutions"

À l'intention des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs, Emmanuel Macron a multiplié les gestes. Il a ainsi exclu de soutenir en l'état un accord commercial avec les quatre pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), conclu en 2019 avec l'UE mais pas encore ratifié.

Le président Emmanuel Macron au 59e Salon de l'agriculture, le 25 février à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce ne sera "pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris (sur le climat) et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs", a-t-il dit.

Pour la filière pêche, les aides sur les carburants seront prolongées jusqu'au mois d'octobre.

Emmanuel Macron a encore annoncé une "planification" concernant les produits phytosanitaires, "pour donner de la visibilité à nos agriculteurs", "à chaque fois s'assurer qu'il y a des alternatives et des accompagnements" notamment après "des décisions (européennes) qui sont un peu tombées trop brutalement". Elisabeth Borne doit en détailler le contenu lundi 27 février.

Les agriculteurs réclament notamment un relâchement des contraintes, à l'image de la présidente du syndicat majoritaire FNSEA, Christiane Lambert, qui a déploré "des décisions qui vont à l'envers de la souveraineté alimentaire", en évoquant "des producteurs (qui) coupent les cerisiers et les pommiers faute de produits phytosanitaires".

"Travailler davantage"

En 2022, la visite présidentielle avait été très rapide, au tout début de la tension en Ukraine, et le salon avait été annulé en 2021 en raison du COVID. Renouant avec la tradition, Emmanuel Macron met par ailleurs fin à une discrétion médiatique observée depuis le début des débats sur la réforme des retraites.

Si quelques visiteurs munis de pancartes appelant à un retour à la retraite à 60 ans ont été tenus à distance de la déambulation du chef de l'État, celui-ci a défendu sa réforme qui maintient le système par répartition - "un trésor" -, en estimant qu'il n'y avait "qu'une solution : travailler davantage". Trois jours avant l'examen du texte par le Sénat, Emmanuel Macron a dit souhaiter que ce dernier "l'enrichisse".

AFP/VNA/CVN



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