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Des voisins écoutent de leur toit le DJ mexicain Roberto Garcia dans une banlieue de Mexico, le 18 juilet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Roberto, 38 ans, qui s'est auto-proclamé "Conquistador Latino", est un "sonidero", un DJ de style mexicain, très populaire, qui mélange musique et lumières pour faire danser les rues.
Dans son micro, du haut de l'immeuble où il a installé son matériel, il salue aussi amicalement que bruyamment son public.
C'est l'impossibilité de faire la fête à cause de la pandémie qui sévit au Mexique, qui a encouragé Roberto à d'abord mettre son show sur son propre toit. Succès immédiat. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour être invité à jouer sur d'autres terrasses.
"À cause de la pandémie, on ne donne plus d'autorisation de se produire et il n'y a pas d'endroits où sortir et s'amuser. Cela fait 20 ans que mon "Conquistador Latino" tourne. Je me suis donc adapté à la situation", explique le DJ.
Derrière lui, son équipe prépare la soirée. "Sur le toit pour vous ! Mes excuses et mes salutations à Charly, à la famille Arreguín et à tous les habitants du quartier de Miramar", lance-t-il.
La sono est si puissante que les quartiers voisins en profitent aussi. Une version tropicale de "Mi cacharrito", un tube célèbre du Brésilien Roberto Carlos, s'élève en arrière-plan.
Peu à peu, depuis leurs balcons, des voisins se laissent prendre par le rythme de la musique électronique. Le quartier tout entier semble couvert par ces sons entrecoupés des sorties du DJ. Tout est retransmis en direct sur Facebook.
"À tous les habitant de Los Reyes, à tous ceux qui dansent déjà sur leurs toits", crie Roberto. Ses projecteurs inondent de lumière les façades des immeubles des quartiers proches. Aux fenêtres, des voisins brandissent des lampes torches allumées, comme le stipulait l'invitation à l'évènement.
Le DJ Mexicain Roberto Garcia teste son micro avant de commencer son show sur une toit du quartier de Rio Hondo, un quartier de Naucalpan de Juarez, près de Mexico, le 18 juillet. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un DJ sur le toit
Roberto ne fait pas payer son spectacle. Sa seule motivation, confie le DJ, est d'apporter un peu de musique aux personnes confinées.
Et si l'on en juge par les chiffres officiels, la pandémie est loin d'être enrayée. Quelques 350.000 personnes ont été contaminées et environ 40.000 ont succombé au nouveau coronavirus.
"Toutes les dépenses liées au transport et à l'installation du matériel sont à notre charge. Offrir de la musique aux gens, c'est une forme de thérapie, de plaisir, une récréation en quelque sorte", estime Roberto.
Lorsqu'il ne joue pas au DJ sur un toit pendant les week-ends, Roberto dirige une entreprise qui fabrique des meubles de bureau. Vivre de son hobby ici au Mexique, lui serait impossible.
"L'industrie (musicale) est à l'arrêt. Elle ne sera remise en route que plus tard. Nous souffrons de ce qui se passe en ce moment dans le monde", déplore Roberto en expliquant qu'avant la pandémie, un "sonidero" se faisait rémunérer entre 10.000 et 60.000 pesos (450 à 2.600 dollars) par représentation.
Bien que le Mexique ait autorisé la remise en route de certaines activités économiques, les "sonideros" et les boîtes de nuit, vont dans doute être parmi les derniers à reprendre. Quelques 380.000 emplois directs et indirects sont en péril, selon le syndicat mexicain Anidice.
AFP/VNA/CVN