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Yasuhiro Kamiyama, PDG de Hyakusenrenma, fait visiter un appartement à louer à Tokyo, le 16 avril. |
Actuellement, les personnes louant un toit à des visiteurs de passage, pratique appelée "minpaku", s'exposent à des sanctions. Ces hébergements se sont malgré tout multipliés, portés par l'afflux de touristes étrangers et le manque d'infrastructures hôtelières.
Avec environ 60.000 logements, l'américain Airbnb domine le marché - même s'il est encore loin des 450.000 hébergements proposés en France - et le chinois Tujia revendique plus de 10.000 lieux référencés.
Mais s'ils veulent continuer de louer leur bien sous forme saisonnière au-delà du 15 juin, les hôtes devront avoir enregistré leur logement auprès des autorités, une procédure fastidieuse.
La nouvelle loi limite la durée cumulée de location à 180 nuitées par an par logement. Surtout, les autorités locales peuvent promulguer en sus des décrets restreignant le cadre légal.
La ville de Kyoto a ainsi décidé qu'elle n'autoriserait les "minpaku" dans les zones résidentielles qu'entre mi-janvier et mi-mars, c'est-à-dire hors saison touristique. À Tokyo, de nombreux arrondissements, comme celui de Shinjuku, ont aussi pris des mesures (jours ou zones géographiques interdits).
Airbnb et ses concurrents se heurtent à l'hostilité d'une partie de la population qui craint pour sa sécurité et se plaint des mauvaises manières et du bruit intempestif de locataires temporaires.
Max Ikeda, un ukraino-japonais qui vit à Hiroshima, a loué pour quelques jour un appartement à Tokyo, le 12 mai. |
Parcours du combattant
Nobuhide Kaneda, 41 ans, qui propose une chambre dans la capitale, confie son inquiétude à l'approche de l'entrée en vigueur du texte.
"Sous la nouvelle loi, les hôtes Airbnb ne pourront plus héberger des invités aussi simplement qu'avant. J'espère que cela ne va pas placer la barre trop haut pour nous", dit-il à l'AFP.
Des touristes ont rapporté avoir vu leur réservation annulée, leurs hôtes arguant être confrontés aux exigences de la future législation.
Sur le forum de discussions d'Airbnb, Erik, un Belge vivant à Shiojiri (centre), indique avoir décidé de "ne plus louer (son logement) à personne après le 15 juin" face au parcours du combattant pour obtenir l'autorisation.
Airbnb, qui a informé les hôtes de leurs nouvelles obligations, ne nie pas ces difficultés et affirme être "en train d'échanger à ce sujet avec l'Agence japonaise du tourisme". "Nous attendons des instructions", souligne Jake Wilczynski, porte-parole d'Airbnb pour la région Asie-Pacifique.
Max Ikeda (1er à gauche) discute avec les propriétaires d'un appartement qu'il loue à Tokyo, le 12 mai. |
Rude concurrence
Malgré tout, les acteurs du secteur saluent la loi. "C'est un signe clair que le Japon adhère totalement au principe de la location pour des courtes durées par les particuliers", se réjouit M. Wilczynski.
Pour l'Institut de recherche Yano, il pourrait y avoir dans un premier temps "une baisse temporaire des offres" mais l'arrivée de nouveaux acteurs "augmentera in fine le nombre d'hébergements proposés".
De leur côté, les groupes hôteliers ont récemment multiplié les projets de nouveaux hôtels, réduisant le "risque de pénurie" d'ici à 2020, selon une note récente de l'Institut de recherche Mizuho.
En 2020, année où Tokyo organisera les Jeux olympiques, le Japon veut attirer 40 millions de visiteurs étrangers, contre près de 29 millions en 2017.
Environ 12% d'entre eux ont eu recours au "minpaku" l'an dernier et "il était urgent de mettre en place des règles", explique M. Taguchi.
La loi "va ouvrir la voie à la normalisation du marché (...), tous les acteurs devront respecter les mêmes règles", ajoute Yasuhiro Kamiyama, PDG de Hyakusenrenma, société japonaise qui gère 2.000 logements et espère atteindre les 30.000 en 2020 grâce à la Coupe du monde de rugby en 2019 et aux JO l'année suivante.
La concurrence s'annonce rude, avec d'autres acteurs locaux en embuscade. Le géant du commerce en ligne Rakuten lancera un site de location de logements dès l'entrée en vigueur de la loi et le groupe de télécommunications KDDI a aussi une plateforme de réservation d'hébergements.
AFP/VNA/CVN