Attirer le secteur privé dans le traitement des déchets solides

La question du traitement des déchets solides est de plus en plus préoccupante dans les agglomérations du Vietnam. Puisque les équipements sont très coûteux et que le budget d’État est limité, la meilleure option semble être d’attirer les investisseurs du privé.

Le Vietnam doit faire face à une urbanisation rapide. Le pays compte actuellement 755 agglomérations contre 649 en l’an 2000, avec pour conséquence une augmentation massive des déchets sans véritable solution de traitement. Comparé à un habitant de la campagne, un citadin consomme en moyenne 2-3 fois plus d’énergie, d’aliments et de produits ménagers. Cela signifie qu’il rejette aussi 2-3 fois plus d’ordures, avec tous les problèmes de stockage et de traitement que cela implique.

Traitement des déchets à l’usine de Soc Son (Hanoi).

Selon le Département général de l’environnement (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), l’augmentation du volume de déchets solides rejetés dans les centres urbains provient à 60-70% des activités quotidiennes des habitants. Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville sont les plus gros pollueurs en ce domaine. Selon les estimations, 80-82% des déchets solides urbains seraient ramassés.

Le plus gros problème réside dans le tri à la source des ordures. D’après le directeur général de la Compagnie d’environnement urbain de Hanoi, Nguyên Van Hoà, la masse des déchets solides de la municipalité augmente annuellement de 15%. Chaque jour, ce sont environ 6.500 tonnes d’ordures qui sont collectées. Selon les statistiques, le taux de ramassage des ordures ménagères atteint 95% en centre-ville, mais seulement 65% en banlieue. Et 85-90% des déchets industriels seraient ramassés.

Le traitement, la destruction et le recyclage des ordures se limitent à leur déversement dans les dépôts d’ordures de Nam Son (Soc Son), Xuân Son (Son Tây), Kiêu Ky (Gia Lâm), Nui Thoong (Chuong My), déjà tous surchargés, et à leur traitement par les deux usines de Câu Diên (Tu Liêm) et Son Tây.

Recyclage des déchets solides

Lors de la récente publication du Rapport national sur l’environnement en 2011, le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Nguyên Minh Quang, a reconnu qu’en dépit du fait que le traitement des déchets solides soit l’un des sept programmes prioritaires de la stratégie de protection de l’environnement nationale, le ramassage, l’acheminement, le traitement et la destruction des déchets solides demeurent un problème compliqué pour les services de gestion.

Selon cette stratégie, d’ici 2020, il faut développer les technologies de traitement des déchets solides en limitant l’enfouissement et en augmentant le recyclage. La mise en œuvre du projet 3R (réduction, réutilisation, recyclage) sera renforcée dans les centres urbains.

Hanoi a mis en expérimentation le projet 3R selon lequel les ordures sont triées à la source.

Hanoi a mis en expérimentation depuis longtemps déjà le projet 3R, avec un tri à la source des ordures ménagères dans les deux districts de Phan Chu Trinh et de Thành Công qui comptent 18.000 foyers. Ce projet est financé par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Environ 25.000 tonnes de déchets organiques ont été ramassées, ce qui a permis de produire 10.000 tonnes d’engrais. Ce projet a permis de diminuer de 30% le volume des ordures enterrées dans les décharges.

Selon les statistiques, les usines d’engrais organiques au Vietnam n’ont qu’une faible capacité de 200 tonnes/jour, à l’exception d’une de 600 tonnes à Hô Chi Minh-Ville. Le Docteur Hoàng Duong Tùng, chef adjoint du Département général de l’environnement, prévoit le développement des technologies de traitement des déchets au Vietnam afin de diminuer l’enfouissement et d’augmenter le taux de réutilisation et de recyclage. Et ce secteur attire de plus en plus d’investisseurs.

Mobiliser des fonds privés dans le traitement

Dans plusieurs localités, les compagnies étatiques de l’environnement urbain URENCO assurent en grande partie le ramassage et le traitement des déchets. Des compagnies par actions et des coopératives de services environnementaux viennent en complément.

Cependant, selon une enquête du Département général de l’environnement, plus de 70% des travailleurs dans les URENCO sont affectés au ramassage des ordures ou à la conduite des engins, mais ne sont pas des ouvriers pour le traitement. Une situation contraire à celles des sociétés privées, surtout à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville, où un grand nombre d’ouvriers sont affectés au traitement des déchets.


Selon les enquêtes, 46% des déchets solides proviennent des centres urbains, 17% de la production industrielle et le reste de la campagne, des villages de métier et du secteur de la santé. Selon les prévisions, d’ici 2015, leur volume augmentera de 51% dans les agglomérations et de 22% dans la production industrielle.

À Hanoi, on voit la naissance de compagnies privées telles que la compagnie des services de l’environnement de Thang Long, celle de Tây Dô, Xanh et la coopérative Thành Công. À Hô Chi Minh-Ville, siègent des compagnies de plus grande envergure comme la compagnie Vietstar et son usine de recyclage d’une capacité de 1.200 tonnes/jour ; celle de la SARL de traitement des déchets solides du Vietnam avec son complexe de traitement à Da Phuoc, d’une capacité de 3.000 tonnes/jour. Ces usines utilisent des technologies modernes - incinération notamment - qui permettent de traiter les ordures pour produire de l’énergie.

La participation de ces compagnies privées a aidé à diminuer la surcharge des URENCO et constitue autant d’exemples pour attirer davantage les investisseurs privés.

Selon le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, attirer le secteur privé dans le traitement des déchets apparaît comme l’une des meilleures solutions. Mais pour cela, l’État doit mettre en place des politiques d’encouragement et d’assistance aux investisseurs. Comme par exemple dispenser de la taxe d’importation les équipements, garantir les emprunts contractés auprès des banques étrangères, etc.

Hà Minh/CVN

 

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