Attentats : un impact négatif de "courte durée" sur les villes

Les attentats de Barcelone et Cambrils pourraient avoir un impact négatif sur la fréquentation touristique en Espagne, mais les dernières années en Europe ont montré qu'il devrait être de courte durée, selon des experts du secteur.

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Barcelone est classée première ville en matière de tourisme international en Espagne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Annulations, raccourcissement de séjours, diminution des réservations... L'impact d'un attentat sur le tourisme d'une ville européenne peut s'étaler sur trois à six mois, selon les évaluations des professionnels qui tombent d'accord pour trouver que l'effet se dissipe de plus en plus vite.

"L'effet se raccourcit avec la banalisation des attentats", confirme Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage (anciennement Syndicat des agences de voyage, SNAV). En revanche, des effets négatifs plus durables sont à prévoir "s'il y a une répétition des attentats dans un même lieu", selon lui.

En cas d'attaques en série, une ville peut finir par "apparaître dangereuse", opine auprès de l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.

Comme Paris, frappée à plusieurs reprises en 2015 et où les attentats du 13 novembre avaient provoqué une perte de 0,1 point de PIB au 4e trimestre.

Deux villes espagnoles ont été frappées jeudi 17 août mais le "retentissement médiatique" de l'attaque à Cambrils a été moindre, relèvent M. Arino et M. Mas.

Des touristes posent sur l'avenue des Champs Elysées, devant l'Arc de Triomphe, le 18 août, lendemain des attentats terroristes en Espagne. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Miroir grossissant"

Difficile d'évaluer de façon générale les conséquences d'un attentat. Le nombre de touristes étrangers au Royaume-Uni a ainsi augmenté de 7% en juin 2017 sur un an, selon l'Office of National Statistics, et ce malgré les attentats du printemps à Londres, première destination touristique britannique.

"Plus l'image d'une destination est forte et plus l'impact est limité", explique M. Arino.

L'enjeu est donc d'éviter la dégradation de cette image avec un "travail sur les réseaux sociaux", en publiant "des mises en situation avec des selfies" pour stimuler "le sentiment d'appartenance", comme l'a fait la Côte d'Azur après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice. "Cela ne sert à rien de dire :  +notre destination est sûre+".

Pour les "clientèles asiatiques", le sentiment de sécurité est pourtant primordial, note M. Mas. Les clientèles "lointaines" perçoivent les attentats avec "un effet de miroir grossissant", développe M. Arino.

En France, où le secteur touristique connaissait une perte "des clientèles européennes en séjours" mais une augmentation "des clientèles lointaines" avant les attentats, le "recul" des "clientèles lointaines" a eu "un impact fort sur les zones touristiques concernées", rappelle M. Arino.

La France a accueilli, en 2016, 83 millions de visiteurs étrangers contre 85 millions en 2015, selon l'Insee. Une baisse d'environ 2%, sachant que le tourisme génère 8% du PIB français.

Des touristes posent sur l'avenue des Champs Elysées, devant l'Arc de Triomphe, le 18 août, lendemain des attentats terroristes en Espagne.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quel scénario pour l'Espagne ? 

"La clientèle venant de pays éloignés et ayant une sensibilité accrue à l'égard de menaces terroristes, comme la Chine et les Etats-Unis, voit la situation dans un contexte plus global. Ils (..) se posent la question +vais-je encore faire mon voyage en Europe?+", souligne Christian Tänzler, porte-parole de l'Office de tourisme visitBerlin.

La réponse est en fait souvent oui. Ainsi, malgré l'attentat de Noël 2016 à Berlin, entre janvier et mai 2017, les visiteurs chinois ont augmenté de 15% en Allemagne, et de 6% en provenance des Etats-Unis, selon la Deutsche Zentrale für Tourismus, office de promotion touristique à l'étranger.

L'Organisation mondiale du tourisme (OMT) souligne pour sa part "les bons résultats du tourisme européen", avec "sur les quatre premiers mois de 2017, une hausse du nombre de touristes internationaux en Europe de l'ordre de 7%", Européens inclus.

Quel scénario pour l'Espagne ? "Le pays est dans une telle dynamique de croissance" que l'effet se fera "moins voir", estime M. Arino.

Première ville en matière de tourisme international dans un pays lui-même classé en deuxième position des nations les plus visitées au monde en termes de nombre de voyages, selon le cabinet Euromonitor International, Barcelone bénéficie d'une clientèle internationale (7,6 millions de touristes en 2016) qui provient majoritairement du Royaume-Uni, de France et d'Italie, des pays géographiquement proches.

"Pour l'instant, on recense seulement des questions de plusieurs clients sur la situation sur place, mais aucune demande de retour anticipé", indique à l'AFP Susanne Stünckel, porte-parole du groupe allemand TUI, convaincue que les attaques "n'auront pas d'impact sur les réservations en Espagne".


AFP/VNA/CVN

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