Aspect militaire de la Résistance à l’occupation française (suite)

Face à l’occupation des colonialistes français, le 19 décembre en 1946, le Président Hô Chi Minh a lancé l’appel du peuple à la Résistance nationale. Dans cet article, Huu Ngoc nous rappelle cet événement qui marquait le début de la guerre franco-vietnamienne.

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Le lieutenant Grué du 2/3e Régiment étranger d’infanterie (REI), dans une lettre écrite alors qu’il est prisonnier, remarque deux caractères de l’Armée populaire vietnamienne : «La haute valeur guerrière des combattants vietnamiens tient aux caractères mêmes de leur armée. Avant tout, il convient de se rappeler que l’armée vietnamienne est une armée populaire, appartenant à toutes les couches ethniques du Vietnam. Le caractère foncièrement populaire de cette armée, son recrutement parmi les éléments qui ont le plus souffert de l’occupation colonialiste, font que chaque combattant a la conviction sacrée qu’il combat pour ses intérêts et pour ceux de son peuple, et avant tout, pour l’indépendance du sol de la Patrie.

L’Armée vietnamienne est aussi une armée démocratique, ce qui la distingue nettement de toutes les armées impérialistes. Ici, il convient de préciser que la démocratie à laquelle il est fait allusion, n’exclut ni la discipline rigoureuse, ni la hiérarchie commune à toutes les armées du monde. Le combattant d’une armée démocratique s’instruit politiquement d’abord : il apprend à connaître le vrai visage de ses alliés et de ses ennemis et approfondit les raisons de sa lutte. Grâce à cette instruction commune aux hommes de troupe et aux cadres sur la base d’une parfaite égalité politique, le Vietnamien devient un combattant conscient et éclairé sur la cause qu’il défend, ce qui lui donne l’avantage sur un ennemi sans instruction politique et sans foi.

Les soldats et habitants au champ de bataille de Phao Dài Lang (Hanoi) se préparent à un combat contre les colonialistes français en 1946.
Photo : Archives/VNA/CVN


Les cadres et soldats unis

S’il est vrai que le combattant vietnamien est astreint à une discipline très sévère, il ne faut pas oublier qu’il en a lui-même discuté les fondements et l’application. La discipline démocratique est une discipline juste, librement consentie, à laquelle la pratique systématique de la critique et de l’autocritique confère une force inégalable. Hommes de troupe et cadres sont responsables entre eux de l’application scrupuleuse des ordres et des sanctions.
La démocratie appliquée à l’armée prévoit encore que le combattant a droit de regard sur la gestion de son ordinaire : il vérifie le fonctionnement de l’administration de son unité et il a le droit de formuler les critiques qui s’imposent à son esprit. Enfin, dans le domaine purement militaire, le combattant participe parfois à la critique de la manœuvre, de façon à réunir le maximum d’avis compétents, dans le but de s’assurer le succès ou de tirer les meilleurs enseignements. Il est facile d’imaginer les avantages d’un tel système. Le soldat n’est plus le numéro matricule, dont on dispose à la manière d’un pion sur un jeu d’échecs, entre les mains d’un chef autoritaire et distant. Le principal avantage du système démocratique appliqué à l’armée est de donner aux unités une cohésion qui force notre estime. En même temps, cadres et soldats unis dans le même amour de leur peuple, stimulés par la critique mutuelle, ont à cœur de rivaliser d’exemple et d’héroïsme.
Les deux caractères ci-dessus seraient sans doute insuffisants à expliquer la haute valeur de l’armée vietnamienne, si on oubliait de faire mention du Parti des travailleurs du Vietnam. Les membres du Parti dans l’armée, par les hautes, qualités qu’ils déploient, par l’intégrité dont ils font preuve, par leur profond attachement au peuple, par leur désintéressement et par leur abnégation joyeuse, ont su gagner la confiance de l’armée et lui insuffler une ardeur patriotique invincible
».
3,6 millions de personnes ayant servi le front
On ne peut pas comprendre les victoires de l’armée régulière si l’on omet le fait que cette dernière avait derrière elle le pays tout entier qui la ravitaillait, qui la servait directement au front ou dans l’arrière comme l’a constaté le capitaine Rouquette du 3e/1er régiment de tirailleurs marocains (RTM) : «... Résistant et véritable combattant de la Révolution nationale est cet habitant du sud de Hai Duong qui cache et nourrit, durant des jours et des jours, dans un souterrain de son jardin familial, deux soldats de son armée pour les soustraire aux investigations des troupes, françaises. Résistant et véritable combattant de la révolution nationale est ce cultivateur qui doublera les normes de production pour apporter son tribut au mouvement de lutte contre l’oppresseur. Résistant et véritable combattant de la révolution nationale est ce colporteur infatigable qui approvisionnera les troupes au prix de peines et de souffrances inimaginables, réalisant de véritables prouesses contre le temps, les éléments et la nature».
Du Nord à la 5e Interzone, le nombre de personnes qui ont servi directement ou indirectement le front de fin 1950 à juin 1953 est évalué à 3,6 millions. Ils ont fourni 48,5 millions de journées de travail. Tous les adultes valides se relayaient pour la construction et l’entretien des routes, le transport des vivres pour l’armée. Dans la campagne du Nord-Ouest, il fallait faire parfois plus de mille kilomètres à pied à travers la brousse pour apporter le riz aux combattants, l’essence étant réservée aux voitures militaires, le transport du riz devait la plupart du temps se faire à dos d’homme de sorte que quelquefois un ravitailleur devait consommer 25 kilos de riz en route pour pouvoir apporter un kilo de riz au front. Il y en avait tels que Nguyên Van Thang et Hoàng Van Day qui gravissaient des cols abrupts avec une charge de 100 kilos.

HUU NGOC/CVN

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