Après Wall Street, la Bourse de Tokyo s'affole et lâche 5%

La nervosité de Wall Street a gagné mardi 25 décembre la Bourse de Tokyo, qui a lâché plus de 5% à la clôture après un week-end prolongé, les investisseurs prenant peur face aux multiples incertitudes politiques et économiques aux États-Unis.

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Des piétons passent devant un tableau d'indices boursniers, le 25 décembre à Tokyo, au Japon.
Des piétons passent devant un tableau d'indices boursniers, le 25 décembre à Tokyo, au Japon. Photo: AFP/VNA/CVN

L'indice vedette Nikkei a terminé sur un plongeon de 5,01% à 19.155,74 points, au plus bas en 20 mois. Il a perdu plus de 1.000 points, sa pire dégrindolade depuis le 6 février 2018, sur fond de net renforcement du yen, valeur refuge, ce qui dessert les groupes exportateurs.
Le Nikkei était pourtant monté à près de 25.000 points début octobre, et a donc perdu plus de 20% depuis cette date. Cette contre-performance fait entrer l'indice dans la catégorie de "marché déprimé" ou "bear market", en référence à l'ours, symbole d'un marché démoralisé, tout comme le Nasdaq vendredi 21 décembre à New York.
"Je ne m'attendais pas à ce que le marché s'effondre autant", a commenté Makoto Sengoku, analyste à l'institut de recherche Tokai Tokyo. "Il n'y a pas d'élément signalant la fin de la débâcle ou de gros acheteurs émergeant", a-t-il dit à l'AFP.
Les places boursières chinoises évoluaient aussi dans le rouge même si elles limitaient leur repli dans l'après-midi: l'indice composite de Shanghai et celui de Shenzhen cédaient près de 1%.
Noël oblige, la place de Hong Kong était, elle, fermée, tout comme les Bourses d'Australie, d'Inde, d'Indonésie, de Malaisie, de Nouvelle-Zélande, des Philippines, de Singapour et de République de Corée.
Le "chaos" Trump
Selon les courtiers, les raisons du plongeon des Bourses sont nombreuses: "le ralentissement de l'économie mondiale, les retombées de la querelle commerciale entre Pékin et Washington, l'impasse budgétaire ou +shutdown+ aux États-Unis" qui paralyse une partie des administrations américaines, détaille M. Sengoku.

C'est surtout à Washington que se cristallisent les craintes. Au point que les dirigeants démocrates ont accusé lundi 24 décembre Donald Trump de provoquer "le chaos" dans le pays à la veille de Noël.
"La Bourse plonge tandis que le président mène une guerre personnelle contre la Réserve fédérale, juste après avoir limogé son ministre de la Défense", le général Jim Mattis, ont-ils asséné.
Agacé par la décision de la banque centrale d'augmenter une nouvelle fois les taux la semaine dernière, M. Trump a tempêté lundi contre l'institution, affirmant dans un tweet: "Le seul problème de notre économie, c'est la Fed".
Le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, n'a pas arrangé la situation en faisant état de discussions individuelles avec les patrons des six principales banques américaines, "ce qui a causé des inquiétudes sur les marchés", a commenté dans une note Toshiyuki Kanayama, analyste chez Monex.
Les investisseurs "n'ont pas confiance dans l'administration Trump. Ils sont mus par leur perception des choses, et elle est très mauvaise en ce moment", a résumé Stephen Innes, chef de la division Asie-Pacifique chez Oanda, interrogé par l'AFP.
"Pas très inquiet"
À tous ces éléments, viennent s'ajouter "des cours du brut qui fondent plus rapidement que neige au soleil", les investisseurs restant sceptiques face aux promesses de l'Opep et s'inquiétant des turbulences économiques.
"La bulle Trump, qui avait profité aux marchés d'actions américains et au dollar, éclate", a jugé pour l'agence Bloomberg Mitsushige Akino, un responsable d'Ichiyoshi Asset Management.
Mais à Tokyo, les autorités se veulent rassurantes. Le ministre des Finances, Taro Aso, a estimé mardi 25 décembre que les marchés réagissaient avec excès aux craintes sur la conjoncture mondiale. "Je ne suis pas très inquiet", a-t-il déclaré à la presse.
Même tonalité du côté du ministre de la Revitalisation économique, Toshimitsu Motegi: "les fondamentaux de l'économie restent solides", a-t-il dit, invoquant les profits record des compagnies nippones.

AFP/VNA/CVN

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