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Photo diffusée par la NASA, le 25 janvier, montrant la pale du rotor de l'hélicoptère Ingenuity endommagée lors de l'atterrissage de son 72e vol. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ce que Ingenuity a accompli dépasse largement ce que nous pensions possible", a souligné dans une vidéo le patron de la NASA, Bill Nelson. L'hélicoptère "a ouvert la voie à de futurs vols dans notre système solaire".
Ingenuity était devenu en 2021 le premier appareil motorisé à effectuer un vol sur une autre planète. Il a ainsi prouvé qu'il était possible de voler dans l'air martien, d'une densité équivalente à seulement 1% celle de l'atmosphère terrestre.
L'hélicoptère ne devait à l'origine décoller que cinq fois, mais devant ses très bonnes performances, la mission avait été prolongée - jusqu'à aujourd'hui.
L'accident est survenu la semaine dernière lors du 72e vol. L'hélicoptère avait bien atteint une altitude de 12 mètres, mais la communication s'était brutalement interrompue peu avant son atterrissage.
Elle avait finalement pu être rétablie le lendemain, mais les équipes de la NASA ont pu constater, sur des images récupérées quelques jours plus tard, des "dommages". Une photo prise par l'hélicoptère lui-même a été publiée jeudi, montrant l'ombre de l'une de ses pales de rotor endommagée.
"Environ 25%" de la pale est manquante, a déclaré lors d'une conférence de presse Teddy Tzanetos, responsable de la mission au Jet Propulsion Laboratory de la NASA.
"Nous ne saurons peut-être jamais" ce qu'il s'est passé exactement, en raison de la perte temporaire de transmission de données à la fin de l'ultime vol, a-t-il souligné. "Mais notre jugement d'ingénieur nous conduit à penser que durant la descente, une pale a heurté la surface de Mars".
L'hélicoptère n'a de ce fait plus la poussée nécessaire à un vol. La cause de l'interruption de la communication est encore à l'étude, mais pourrait être liée à l'impact lui-même, selon M. Tzanetos. Il a précisé que d'autres pales étaient probablement endommagées, ce que les équipes de la NASA cherchent encore à confirmer.
Déjà durant son 71e vol, Ingenuity avait dû atterrir en urgence, a précisé l'agence spatiale. Il évoluait alors sur un terrain difficile car sans beaucoup de relief - un défi pour son système de navigation autonome, s'appuyant sur des points de repères au sol. Le 72e vol, programmé pour être court, a été réalisé dans les mêmes conditions.
Éclaireur
Loin d'être triste, l'annonce a permis de saluer tous les accomplissements de l'engin. "Ingenuity a complètement pulvérisé notre paradigme d'exploration, en ajoutant une nouvelle dimension aérienne", s'est félicitée Lori Glaze, directrice des sciences planétaires à la NASA. Ne pesant que 1,8 kg, l'hélicoptère ressemblait plutôt à un gros drone.
Graphique sur l'hélicoptère Ingenuity de la NASA, premier appareil motorisé à avoir volé sur une autre planète. Il aura effectué 72 vols depuis avril 2021 au lieu des cinq initialement prévus. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au total, il a parcouru quelque 17 km et volé jusqu'à une altitude de 24 m. Son temps de vol cumulé s'élève à plus de deux heures. Il était arrivé sur Mars en février 2021, avec le rover Perseverance, dont la mission est de chercher des traces de vie microbienne ancienne sur Mars.
Ingenuity a ainsi pu jouer le rôle d'éclaireur aérien pour aider son compagnon à roues. Ce dernier se trouve actuellement "trop loin" pour tenter de rendre visite à l'hélicoptère et le photographier de près, a précisé la NASA.
Puisque le rover sert de relais pour transmettre les données entre Ingenuity et la Terre, la communication avec l'hélicoptère sera perdue lorsque Perseverance poursuivra sa route.
La longévité d'Ingenuity est remarquable, sachant notamment qu'il devait survivre aux nuits glaciales martiennes en se réchauffant grâce à des panneaux solaires qui chargeaient ses batteries la journée.
L'agence spatiale américaine travaille déjà sur un autre projet d'engin volant, dans le cadre de la mission Dragonfly ("libellule" en français), avec cette fois pour destination la plus grande lune de Saturne, Titan.
Des hélicoptères pourraient aussi, à l'avenir, venir en aide à l'exploration de Mars par des humains, a avancé Teddy Tzanetos : "Personne ne devrait plus s'étonner si, dans le futur, les premiers astronautes, la première femme et le premier homme sur la surface, sont entourés d'une flotte d'aéronefs, capturant ces scènes."
AFP/VNA/CVN