France
Après les incendies, le devenir incertain du bois brûlé

Depuis début septembre, les entreprises de travaux forestiers ont été autorisées à investir une partie des parcelles de pins ravagées durant l'été sur plus de 25.000 hectares autour de La Teste-de-Buch, près du Bassin d'Arcachon, et Landiras, au sud de Bordeaux.

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Des arbres brûlés dans les incendies de forêt estivaux, le 7 septembre près de Hostens, en Gironde, dans le Sud-Ouest de la France.
Photo : AFP/VNA/CVN

Il a fallu attendre que tout risque de reprise du feu soit écarté - il a longtemps couvé dans le sol - pour que machines d'abattage et engins de débardage puissent entrer en action, et ce n'est pas encore le cas partout.

À Guillos, village de 500 âmes proche de Landiras qui fut évacué en juillet, la quasi-totalité de la surface boisée a été parcourue par les flammes.

"Rien qu'ici, je dois avoir 250 hectares à couper", indique Ludovic De Zangroniz, exploitant mandaté par un propriétaire pour intervenir. Face à lui, des pins vieux de 50 ans s'élèvent sur un sol sableux noirci par les cendres, encore debout malgré le feu qui a brûlé leurs racines.

"Il y en a deux au bord de la route, je me demande comment ils tiennent. On essaie de traiter les arbres au plus vite car tout a cramé et ils ne sont plus alimentés", explique le professionnel en montrant les aiguilles qui rougissent au sommet, signe de sécheresse.

Des bûcherons abattent avec soin les pins les plus gros, qui peuvent fournir du bois d'œuvre (parquet, lambris, caissage, charpente, etc.); plus loin, une machine s'attaque à de jeunes arbres, dont le bois est voué à la trituration pour finir en papier, carton ou panneaux de contreplaqué. Quand il n'est pas broyé sur place, en pure perte, car inexploitable.

Mais couper ne suffit pas : une fois scié, le bois est la proie des parasites comme les scolytes, ou des champignons qui le font bleuir - ils apparaissent déjà sur certaines souches. "Il faut trouver rapidement des débouchés, sinon il va se dégrader et perdre de la valeur", estime M. De Zangroniz.

 Urgence

"L'urgence, c'est de sauver tout ce qu'on peut : suivant comment le feu est passé, le bois n'a pas brûlé entièrement, seulement l'écorce ; à l'intérieur, le bois est exploitable", renchérit Jean-François Labrousse. Pour ce dirigeant d'une scierie familiale à Préchac, où défilent les billes de bois noircies par les flammes, "on devrait donner la priorité, sur toute la région, au traitement du bois brûlé".

C'est le mot d'ordre donné à la filière sylvicole en Nouvelle-Aquitaine, assure Stéphane Latour, directeur de l'association Fibois, qui fédère les différentes interprofessions, pour les Landes de Gascogne. Il évoque un enjeu de sécurité, face aux pins qui menacent de chuter au premier coup de vent, et un enjeu sanitaire : les insectes qui prolifèrent sur les arbres affaiblis pourraient s'en prendre aux autres ensuite.

"Si l'on n'a pas tout nettoyé d'ici le printemps, on aura un risque de dégradation supplémentaire de nos forêts", affirme le responsable. Mais les propriétaires sinistrés s'inquiètent aussi pour les prix face à l'afflux de bois sur le marché - plus de 2,5 millions de mètres cubes, soit une demi-année de production de pins maritimes à l'échelle de la Nouvelle-Aquitaine.

Un volume "sans commune mesure" avec les stocks issus de la tempête Klaus en 2009 (45 millions de m3), relativise M. Latour. Reste qu'une baisse des prix de 30 à 40% a été évoquée dans la presse. "Ça fait ruer du monde", déplore M. Labrousse.

Lui pratique une décote de 15 à 20% pour compenser le manque à gagner sur la valorisation de l'écorce brûlée. Pour les parties saines, en hauteur, il achète le bois d’œuvre au même tarif qu'avant. "Il faudrait que tout le monde joue le jeu pour ceux qui ont trinqué. Trente mille hectares, ce n'est qu'une infime partie du massif, mais certains propriétaires ont tout perdu", souligne-t-il. Ludovic De Zangroniz en appelle également à la solidarité générale dans la filière mais reste sceptique. "Le bois cramé, parfois, il a bon dos."

AFP/VNA/CVN


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