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Les ministres des Affaires étrangères et hauts responsables des pays membres de la coalition internationale antijihadiste réunis à Washington le 14 novembre. |
"Les membres de la coalition doivent rapatrier les milliers de combattants terroristes étrangers actuellement en détention, et les juger pour les atrocités qu'ils ont commises", a martelé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo à l'ouverture de cette rencontre à Washington avec ses homologues de la coalition internationale contre le groupe jihadiste État islamique (EI).
Le gouvernement américain demande de longue date à tous les pays de reprendre les milliers de jihadistes qui se trouvent dans les prisons kurdes du nord-est syrien. Mais la récente offensive turque dans la région contre les forces kurdes, qui a fait craindre que les prisonniers ne parviennent à s'évader, a remis leur sort au coeur des préoccupations.
"La situation peut changer en un clin d'œil", a prévenu le coordinateur de l'action contreterroriste des États-Unis, Nathan Sales. "Nous pensons qu'il devrait y avoir un sentiment d'urgence à les rapatrier maintenant, tant qu'il est encore temps."
Mais les participants se sont quittés sur un constat de désaccord.
La demande américaine se heurte au refus de nombreux pays, dont la France, de reprendre leurs ressortissants qui ont combattu dans les rangs jihadistes pour ne pas heurter une opinion publique échaudée par les attentats des dernières années en Europe.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian était d'ailleurs venu défendre le "maintien en détention sûre et durable des combattants de Daech". La France veut que les Français soient jugés au plus près de là où ils ont commis leurs crimes et tente de négocier avec Bagdad pour que la justice irakienne puisse s'en charger.
"Irresponsable"
"Il serait irresponsable de la part d'un pays d'attendre de l'Irak qu'il résolve ce problème à sa place", a répondu jeudi 14 novembre Nathan Sales. "Demander à des pays de la région d'importer les combattants étrangers d'un autre pays, et de les juger et écrouer là-bas, ce n'est pas une option viable", a insisté le responsable américain, balayant aussi les hypothèses de tribunaux internationaux spéciaux.
C'est Paris qui avait réclamé une réunion d'urgence de la coalition après l'offensive de la Turquie. En annonçant le retrait des forces américaines, le président des États-Unis avait laissé le champ libre à cette opération turque, qui visait pourtant les forces kurdes, alliées des Américains dans la lutte antijihadistes.
Face aux inquiétudes des alliés, Mike Pompeo a promis que les États-Unis continueraient de "diriger la coalition, et le monde" dans la lutte anti-EI.
Car le constat est unanime : malgré l'éradication, au printemps, du "califat" territorial instauré depuis 2014 par l'organisation jihadiste sur un vaste territoire à cheval entre la Syrie et l'Irak, et malgré la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'une opération américaine fin octobre, l'EI reste une menace.
Après avoir annoncé un retrait total de Syrie, Donald Trump a changé de cap plusieurs fois, finissant par annoncer qu'une "force résiduelle" resterait en Syrie pour "protéger" des champs de pétrole.
Ses alliés attendaient donc une clarification sur la stratégie américaine. Les pays qui ont eu des hommes sur le terrain syrien, comme la France, veulent savoir ce que vont faire les États-Unis avant de décider de l'avenir de leur propre participation.
Ces derniers jours, les membres de l'administration Trump se sont donc employés à les rassurer.
Le ministre de la Défense, Mark Esper, a précisé que le Pentagone maintiendrait quelque 600 militaires en Syrie. Et tous les responsables américains assurent que la mission première de ces soldats reste la lutte contre l'EI - alors que la référence à la protection des champs de pétrole a ulcéré plusieurs alliés.
"Nous avons redéployé certaines de nos troupes dans le nord-est de la Syrie, et plus largement dans la région, pour faire en sorte que l'EI ne renaisse jamais de ses cendres, et l'empêcher de reprendre les champs pétroliers", a expliqué Mike Pompeo, tentant de concilier ces deux missions.
AFP/VNA/CVN