Améliorer la vie des ouvriers des ZI

Les zones industrielles (ZI) et zones franches (ZF) ont contribué grandement à la création d’emplois et à la restructuration économique. Cependant, les conditions de vie des ouvriers y sont encore difficiles. État des lieux.

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Les conditions de vie de la plupart des ouvriers sont encore difficiles.
Photo : An Hiêu/VNA/CVN

Pham Thi Nhung, originaire de la province de Ninh Binh (Nord), est ouvrière dans la ZI de Bac Thang Long, à Hanoi. Chaque jour, elle doit travailler deux heures supplémentaires pour augmenter son modeste salaire. «En raison de notre faible revenu et des mauvaises conditions de vie ici, nous avons dû confier notre fils à nos parents, qui vivent à la campagne. Impossible de s’en occuper ici», partage-t-elle. Et d’ajouter : «Après cinq ans de travail dans cette ZI, nous n’avons aucune activité de loisir. Moto, boulot, dodo, voilà notre quotidien». 

Des ouvriers précarisés

La situation n’est guère plus reluisante du côté de Trân Manh Quy, ouvrier dans la ZI de Dai An, province de Hai Duong (Nord). «Je gagne 4 millions de dôngs par mois. Mais, je dois en réserver une grande part pour le loyer, à quoi s’ajoutent les autres dépenses pour la nourriture, l’électricité, l’eau, etc. Impossible d’économiser, ou alors si peu. Pour y parvenir, je dois parfois travailler jusqu’à 10-12 heures par jour, déplore M. Quy. En raison de nos faibles revenus, nous avons beaucoup de mal à vivre avec ma femme, aussi ouvrière».

Selon la Fédération du travail de la province de Hai Duong, cette dernière compte huit zones industrielles qui emploient 75.000 travailleurs dans 194 projets. Le logement des ouvriers est un casse-tête pour les entreprises. Environ 58% d’entre eux doivent louer un logement en dehors de la zone, en général de très modeste superficie. Et lorsqu’ils sont de repos, ils ne trouvent souvent aucune activité culturelle ou sportive. Au lieu de s’épanouir, l’ouvrier se sent brimé, aliéné.

Une enquête menée par la Confédération générale du travail du Vietnam montre que le pays compte 295 ZI et ZF, dont 212 en activité, qui emploient 2,2 millions d’ouvriers. Leurs conditions de vie sont difficiles. Ils vivent pour la plupart dans des logements rudimentaires, doivent travailler plus de huit heures par jour, parfois douze heures. Leurs enfants ne bénéficient pas des services de scolarité, de santé, etc., des localités où ils vivent, en raison de leur statut de migrants qui leur en empêche l’accès.

«Ces bas salaires ne permettent pas une vie décente. En moyenne, les ouvriers des ZI et ZF gagnent de 3 à 5 millions de dôngs par mois et 80% d’entre eux doivent louer un logement», informe Vu Manh Tiêm, un responsable de la  Confédération générale du travail du Vietnam.

Les entreprises s’implantent dans les ZI pour produire. L’épanouissement de leurs ouvriers  ne figure pas dans leurs priorités. Ainsi, rares sont les ZI disposant de bibliothèques, d’espaces culturels ou sportifs. La ZI de Bac Thang Long, située dans le village de Kim Chung, à Hanoi, compte 12.000 ouvriers, pour une population locale de 8.000 habitants. La plupart logent dans des studios basiques.

«En raison du manque d’activités culturelles et sportives, beaucoup d’ouvriers ont sombré dans la drogue ou l’alcool, avec des répercussions sur l’ordre publique de la localité», reconnait Vu Manh Tiêm. Selon lui, seuls 44 des 63 provinces et villes du pays disposent d’un syndicat des ZI et ZF qui se charge de protéger les intérêts des travailleurs ainsi qu’organiser des activités culturelles et de sensibilisation à la loi en leur faveur.

Aider les ouvriers à s’épanouir

Ces dernières années, l’État a approuvé un certains nombre de projets destinés à améliorer la vie des travailleurs, aussi bien au sein de l’usine qu’à l’extérieur. Comme par exemple le «Projet d’édification d’une vie culturelle pour les ouvriers des ZI et ZF», l’«Aménagement global d’ouvrages culturels et sportifs  au service des ouvriers pour la période 2013-2020», etc. Malgré ces efforts louables, peu de résultats notables ont été notés.

Remise des cadeaux à des ouvriers en situation difficile dans la province de Vinh Long (Sud).

Actuellement, la Confédération générale du travail du Vietnam élabore le projet «Renforcement de la direction du Parti dans l’amélioration de la vie culturelle et spirituelle des ouvriers des ZI et ZF».  Le fil conducteur est que le développement des ZI et ZF doit se faire en parallèle avec la construction de nouvelles cités dotées de logements accessibles financièrement aux ouvriers. L’État devrait réserver aux entreprises des ZI et  ZF des politiques facilitant la construction de tels logements pour leurs ouvriers. Les entreprises devraient coopérer avec les comités populaires des communes et quartiers où vivent des ouvriers pour construire des centres de loisirs, organiser des activités culturelles et sportives quotidiennes.

Rappelons-le, le travail doit avant tout permettre aux individus de s’épanouir pleinement en réalisant toutes leurs potentialités, pour accéder au bonheur et au bien-être social. En aucun cas, il ne doit être aliénation, altération et perte de soi.

Huong Linh/CVN

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