Tandis que le pays ne manque pas de personnages historiques célèbres, les épopées made in Vietnam se font rares et la plupart des oeuvres déjà produites n'attirent pas vraiment le public.
Le colloque "Les films vietnamiens autour du thème historique" a été organisé en juillet à Hanoi par le Département de la cinématographie. De nombreux scénaristes et réalisateurs... se sont réunis pour discuter des obstacles dans la production des films historiques.
Les documents historiques sont en nombre insuffisant, voire très réduit concernant certaines époques du passé, ce qui constitue déjà un problème pour les cinéastes. Les historiens ont eux-mêmes de grandes difficultés à imaginer à quoi ressemblaient plusieurs personnalités historiques. Depuis longtemps, le débat existe entre historiens et cinéastes sur l'exactitude des films historiques. Plusieurs personnages et détails irréels ont été introduits dans les films, certains vêtements ne sont pas conformes à l'époque mise en scène... Le poète, scénariste Hoàng Nhuân Câm déclare pour sa part que les réalisateurs de films historiques devraient être des experts dans ce domaine et en culture afin de respecter les jalons, les événements du passé, l'apparence des personnalités, sans oublier de mettre en oeuvre leur créativité et empreinte personnelle.
L'important pour le cinéma historique est de représenter exactement l'image des personnalités, d'exprimer l'admiration et le respect qu'elles ont su établir. De nombreux scénaristes considèrent comme crucial de respecter l'Histoire en tout point, sans la détériorer, mais sans pour autant annuler la créativité, l'imagination. L'Histoire est un cadre dans lequel l'auteur a le droit de créer et d'imaginer.
D'autres obstacles dits "objectifs" ayant un mauvais impact sur la production de films historiques, sont premièrement que le pays manque cruellement de cadres voués à la réalisation cinématographique. Ensuite, les vestiges historiques comme palais, temples, mausolées... en dégradation, ne favorisent pas la production de films sur le passé, hormis les mausolées des rois Nguyên basés à l'ancienne capitale impériale, Huê, et certains studios à Cô Loa-Dông Anh (Hanoi), en phase de perfectionnement. Pour les cinéastes vietnamiens, les grands studios dotés d'équipements modernes restent un rêve inaccessible.
Le cinéma national a montré un intérêt tardif à la production de films historiques, regrette le Docteur Trân Duy Hinh. D'après lui, il manque un Cecil B. De Mille vietnamien. Car, n'importe quel scénariste ne peut pas s'improviser spécialiste de la reconstitution de l'Histoire. Par ailleurs, le pays ne compte aucune formation de scénaristes spécialistes dans ce domaine et rares sont les jeunes qui souhaitent s'y plonger.
Pour réaliser des films historiques, les échelons administratifs jouent un rôle important, d'après la scénariste Nguyên Thi Hông Ngat, s'appuyant sur le fait que la plupart des investissements consacrés à la production cinématographique proviennent de l'État. Ce dernier doit établir des politiques adéquates, en mettant en oeuvre par exemple la construction d'un studio professionnel, moderne ou l'établissement d'une société spécialisée dans ce type de production, toujours selon Nguyên Thi Hông Ngat, ex-directrice du Département de cinématographie. La formation joue également un rôle important pour pallier aux carences des professionnels dans ce domaine.
Tandis que les discussions entre professionnels restent animées, le public se languit de pouvoir apprécier, en salles obscures ou sur le petit écran, de nouvelles grandes fresques cinématographiques d'intérêt.
Thuân Thiên/CVN