Allemagne : à un mois des élections, le suspense reste entier

Réputée stable et prévisible, l'Allemagne s'avance vers une avenir totalement incertain à un mois d'élections à suspense qui tourneront la page de l'ère Merkel et pourraient sacrer les sociaux-démocrates.

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La chancelière allemande Angela Merkel au Budestag, le 25 août à Berlin.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quelle que soit l'issue du scrutin, la première économie européenne se prépare à plusieurs mois turbulents de négociations compliquées pour former un nouveau gouvernement de coalition, avec une multitude d'options possibles faute pour un seul parti de clairement se démarquer.
Aucun des candidats à la succession de l'inoxydable chancelière, au pouvoir depuis 16 ans, ne semble convaincre les 62 millions d'Allemands appelés aux urnes le 26 septembre.
Si elle briguait à 67 ans un cinquième mandat, Mme Merkel, dont la popularité reste au zénith, aurait ainsi toutes les chances d'être réélue.
Mais voilà, elle a décidé de passer la main, sans pour autant préparer sa succession et en se contentant de soutenir du bout des lèvres son propre camp conservateur.
"Méga-nul"
Le candidat de son parti chrétien-démocrate, la CDU, a toutes les peines à s'imposer.
Armin Laschet et les conservateurs sont même devancés par les sociaux-démocrates dans un sondage Forsa publié mardi 24 août, une première depuis 2006.
Avec 22% des intentions de vote, ils sont crédités de leur plus mauvais score depuis 1984. Aux élections de 2017, ils avaient récolté 33% des suffrages.
Impopulaire, M. Laschet l'est aussi en interne chez les conservateurs. Il ne s'est imposé qu'au forceps au printemps pour être candidat, face au dirigeant bavarois Markus Söder, que les Allemands continuent de lui préférer largement.
Dirigeant de la région allemande la plus peuplée, la Rhénanie du nord-Westphalie, M. Laschet, 60 ans, aurait pu pendant l'été peaufiner sa stature en se portant au chevet des victimes des terribles inondations qui ont frappé l'ouest de l'Allemagne et sa région en particulier.
Mais contrairement au social-démocrate Gerhard Schröder, parvenu à arracher un nouveau mandat en 2002 en faisant preuve d'empathie avec les victimes de crues estivales, M. Laschet a perdu des points.

La chancelière allemande Angela Merkel et le candidat de la CDU, Armin Laschet, le 23 août à Düsseldorf.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des images l'ont montré hilare durant un discours empreint de gravité du président allemand, Frank-Walter Steinmeier.
M. Laschet a aussi été pris à partie lors de visites de terrain par des sinistrés qui se plaignaient de la lenteur des aides publiques. L'un d'entre eux l'a traité de "méga-nul" qui paierait "l'addition aux élections".
"Plan simple"
Les conservateurs, au pouvoir depuis 16 ans, sont confrontés, selon M. Söder, à leur scrutin "le plus difficile depuis 1998", quand Helmut Kohl avait été battu par M. Schröder.
Les Verts allemands, un temps favoris au printemps après la désignation de leur cheffe de file, Annalena Baerbock, ne sont pas plus fringants.
Eux aussi voient leur cote s'effriter et pâtissent de la campagne difficile de leur candidate de 40 ans, cible favorite de "fake news".
La co-présidente des "Grünen" a commis des "erreurs" pour lesquelles elle a présenté des excuses, concernant des primes de son parti non déclarées à des soupçons de plagiat.
Les difficultés de MM. Laschet et Mme Baerbock font mathématiquement le jeu des sociaux-démocrates, auxquels les observateurs prêtaient il y a peu un destin similaire au Parti socialiste français, marginalisé.
Ministre des Finances et vice-chancelier du gouvernement Merkel, leur chef de file, Olaf Scholz, est peu charismatique. Mais cet élu expérimenté de 60 ans fait pour le moment un sans-faute.
M. Scholz a tiré profit de la pandémie en rompant avec la "doxa" budgétaire allemande et débloquant des centaines de milliards d'euros pour soutenir l'économie. Il est en passe de réussir un "plan simple", selon l'hebdomadaire Der Spiegel : être élu en étant celui qui "ressemble le plus à la chancelière".
Si les électeurs votaient directement pour le chancelier, M. Scholz, héraut de la tendance centriste du parti, arriverait largement en tête avec 41%, loin devant M. Laschet (16%) et Mme Baerbock (12%), selon une enquête pour la chaîne publique ARD.
Mais ce sont les membres du Bundestag qui éliront le chef du gouvernement après le scrutin, à l'issue des négociations de coalition qui s'annoncent complexes. Celles qui avaient suivi le scrutin de 2017 avaient déjà duré des mois avant de parvenir à un accord.

AFP/VNA/CVN

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