L'angoisse grandit pour des milliers d'Afghans pressés de fuir avant le 31 août

L'angoisse montait encore mercredi 25 août chez les milliers d'Afghans prêts à tout pour fuir leur pays aux mains des talibans, après la confirmation par le président américain Joe Biden de la fin des évacuations la semaine prochaine.

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Un enfant afghan regarde l'avion militaire dans lequel il s'apprête à monter sur l'aéroport de Kaboul, le 24 août.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des milliers d'Afghans sont massés depuis des jours devant l'aéroport de la capitale, sécurisé par plus de 6.000 soldats américains, dans une atmosphère tendue. Certains y campent par familles entières. Tous espèrent arriver à entrer dans le complexe et prendre un avion.
Malgré une situation chaotique, 88.000 personnes ont été évacuées depuis la mise en place du pont aérien le 14 août, à la veille de l'entrée des talibans dans Kaboul et de leur prise du pouvoir, a indiqué la Maison Blanche.
Quelque "58.000 à 60.000" ont quitté l'Afghanistan du seul fait des
États-Unis, selon le général Hank Taylor, de l'état-major américain.
Les opérations se sont encore intensifiées ces dernières heures : près de 19.000 personnes, au total, ont été exfiltrées en 24 heures entre mardi 24 août et mercredi 25 août, dont 11.200 par les
États-Unis et 7.800 par les autres pays.
Parmi ces dizaines de milliers de personnes, beaucoup ont fui parce qu'elles craignaient pour leur vie pour avoir travaillé pour le gouvernement déchu, des forces ou des civils occidentaux au cours des 20 ans de guerre.
Lors d'un sommet virtuel mardi 24 août avec les autres dirigeants du G7, M. Biden a écarté l'idée de prolonger au-delà du 31 août la présence militaire américaine à Kaboul du fait du "risque grave et croissant d'une attaque" du groupe jihadiste État islamique à l'aéroport.
"Nous sommes en voie de terminer d'ici le 31 août" la "mission" visant à "évacuer les gens aussi efficacement et sûrement que possible", a déclaré le président américain.
"Entrave"
Mais le respect de ce délai "dépend" de la coopération des talibans pour permettre l'accès à l'aéroport des candidats au départ, a-t-il prévenu, les mettant en garde contre toute "entrave" à ces opérations extrêmement difficiles.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a toutefois assuré mercredi 25 août que les talibans se sont engagés à laisser partir les Américains et les Afghans à risque encore dans le pays après le 31 août.
"Les talibans ont pris des engagements en public et en privé pour fournir et permettre un passage sûr aux Américains, aux autres étrangers, et aux Afghans à risque, dans le futur, après le 31 août", a-t-il déclaré.
Plusieurs pays plaidaient avec insistance pour une extension du délai au-delà du 31 août, afin de pouvoir évacuer tous ceux qui le souhaitent. D'autant que, pour que le retrait soit effectif ce jour-là, il faudra avoir interrompu les évacuations plus tôt, les
États-Unis devant rapatrier leur dispositif militaire.
La Belgique a ainsi annoncé que les évacuations de ses ressortissants et des Afghans qu'elle protégeait avaient cessé mercredi soir 25 août, et la France a prévenu que si la date du 31 août était maintenue, son pont aérien cesserait dès jeudi soir 26 août.

Le président américain Joe Biden.
Photo : AFP/VNA/CVN

La Turquie a de son côté annoncé le retrait de ses soldats, qui avec les militaires américains gardaient l'aéroport de Kaboul.
Avant la prise de parole de M. Biden, les talibans avaient énergiquement répété leur opposition "ferme" à toute extension des évacuations après la fin août.

Beaucoup d'Afghans, souvent urbains et éduqués, craignent que les talibans n'instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que quand ils ont occupé le pouvoir entre 1996 et 2001.
"Les croyances du peuple d'Afghanistan ont changé ces 20 dernières années. (...) Les femmes afghanes veulent vivre, travailler. Les jeunes vivent dans un monde différent, pas celui des talibans. Les talibans sont maintenant le groupe le plus isolé" du pays, a déclaré Ahmad Wali Massoud, le frère du défunt commandant Ahmad Shah Massoud, figure de la lutte anti-talibans.
"Les gens pensent que les Afghans sont arriérés, qu'ils vont accepter la version talibane de la charia, mais ce n'est plus le cas", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP à Paris, où il est en visite.
Selon lui, une "résistance" pacifique ou armée s'est "énormément étendue" à travers le pays.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé mercredi 25 août que la communauté internationale devait continuer de "dialoguer avec les talibans", pour préserver les acquis des dernières années.
Peur pour l'économie
Les talibans savent qu'ils doivent s'appuyer sur les structures administratives existantes, n'ayant pas dans leurs rangs l'expertise nécessaire pour gouverner seuls le pays, et notamment relancer une économie dévastée par la guerre et très dépendante de l'aide internationale.
Hors de Kaboul, dans les campagnes et certaines villes, les gens sont soulagés de voir des décennies de conflit prendre fin. Mais les femmes et les minorités ethniques s'inquiètent pour leur sort.
En certains endroits, les islamistes ont mis en place une forme de ségrégation entre hommes et femmes au travail ou à l'école. Sous leur précédent régime, les femmes ne pouvaient ni travailler, ni étudier.
Un humanitaire de Khost (Sud-Est), une région acquise aux talibans, les décrit comme plus accommodants que par le passé. Jusqu'ici, "l'attitude des talibans est bien plus souple que ce à quoi les gens s'attendaient", confie-t-il, mais les gens ont "peur pour l'économie".
Les talibans n'ont pas formé de gouvernement, disant attendre que le dernier soldat étranger ait quitté le pays. Sans lois valables sur tout le territoire, les règles diffèrent d'une région à l'autre.
Les islamistes s'efforcent de se présenter sous un jour plus modéré, souvent sans convaincre, en tout cas à Kaboul.
Mercredi 25 août, les présidents russe et chinois, Vladimir Poutine et Xi Jinping, ont annoncé vouloir renforcer leur coopération contre "les menaces du terrorisme et du trafic de drogue venant d'Afghanistan".

AFP/VNA/CVN

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