>>Canada, États-Unis et Mexique réunis pour revoir leur copie sur l'Aléna
La frontière entre les États-Unis et le Mexique, à San Diego le 11 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jusqu'à mardi 5 septembre, des représentants des trois pays seront réunis à Mexico, moins de deux semaines après le premier round de discussions, mené à Washington du 16 au 20 août.
Le ton avait été optimiste après ces échanges initiaux, les partenaires s'engageant à parvenir, de façon "rapide", à "un résultat ambitieux". Mais, signe de l'ampleur de la tâche, aucun progrès n'avait alors été atteint.
Et depuis, le président Trump a repris sa litanie anti-Aléna, estimant que le Mexique se montrait "difficile" et que Washington "finirait probablement par mettre fin" à ce traité en vigueur depuis 1994.
Toutefois, ce discours ne semble plus vraiment effrayer personne. "L'influence et le pouvoir des États-Unis dans le contexte de l'Aléna sont peut-être un peu moindres que ce que pensait l'administration Trump", observe Jean-François Perrault, chef économiste à Scotiabank.
Il y a une semaine, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, a ainsi balayé les dernières déclarations alarmistes du président américain : "Ce qu'il est en train de faire, c'est négocier", "avec un style particulier".
La plupart des experts estiment désormais que seuls des changements mineurs seront apportés au traité, même s'ils savent aussi qu'avec Donald Trump, rien n'est jamais certain.
"Le scénario de base, c'est que toutes les parties vont trouver un terrain d'entente, et il est peu probable que de petits changements à l'accord affectent les relations commerciales au sein du bloc", juge Neil Shearing, économiste au cabinet britannique de consultants Capital Economics.
Et malgré son ton défiant, Trump pourrait finalement avoir peu de marge de manoeuvre.
Quelque 14 millions d'emplois américains dépendent du commerce avec le Mexique et le Canada, selon la Chambre du commerce des États-Unis. Le président est également sous forte pression des industriels américains pour maintenir l'Aléna en place.
Plan B
De son côté, l'économie mexicaine, la troisième d'Amérique latine, affiche une embellie qui contraste avec les soubresauts du début d'année, quand le peso avait chuté et les prévisions de croissance avaient été revues en baisse, au moment où la Maison Blanche changeait de locataire.
Au deuxième trimestre, le PIB a grimpé de 3% en glissement annuel, poussant la Banque centrale à se montrer plus optimiste pour l'avenir, envisageant désormais une croissance de 2 à 2,5% en 2017.
Cette dernière s'est justifiée par la "probabilité réduite", selon elle, de grands changements dans la relation avec les États-Unis.
Prudent, le gouvernement mexicain a toutefois prévu un plan B, si les négociations de l'Aléna échouent.
Ce plan inclut d'élargir l'éventail des partenaires commerciaux du pays, qui envoie 80% de ses exportations aux États-Unis.
Car le président américain "peut toujours nous surprendre. Il a l'autorité exécutive" pour se retirer de l'accord s'il le souhaite, rappelle Alejandro Luna, associé du cabinet mexicain d'avocats Santamarina & Steta.
Il prédit un deuxième round "difficile" à Mexico.
Plusieurs sujets sensibles sont sur la table, Washington demandant de changer le mécanisme de résolution des contentieux prévu par l'Aléna ou encore de fixer un minimum de composants devant être fabriqués aux États-Unis pour qu'une voiture reste exonérée de taxes à l'importation.
La grande obsession de Trump est surtout de réduire l'énorme déficit commercial de son pays avec le Mexique - 64 milliards de dollars -, même si de nombreux économistes soulignent qu'il s'agit d'un problème structurel, qu'un simple accord commercial ne peut résoudre.
Le Mexique est sous pression pour améliorer sa législation du travail et ses salaires, alors que dans ses usines les employés touchent en moyenne 2,30 dollars de l'heure, environ un dixième de ce que touche un employé américain.
Le prochain cycle de discussions aura lieu fin septembre à Ottawa, avant de repasser par Washington en octobre.
Les négociateurs espèrent trouver un accord d'ici la fin de l'année, pour éviter les deux campagnes électorales prévues en 2018 au Mexique, pour le scrutin présidentiel de juillet, et aux États-Unis, pour les élections de mi-mandat de novembre.