Afghanistan: Washington aimerait un accord de paix avant les élections de juillet

L'émissaire des États-Unis pour l'Afghanistan s'est montré optimiste vendredi 8 février sur la possibilité de parvenir à un accord de paix "avant les élections" de juillet, ce qui ouvrirait la porte au retrait américain voulu par Donald Trump, sans toutefois cacher sa méfiance à l'égard des talibans.

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Le représentant spécial des États-Unis pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a évoqué vendredi 8 février les "perspectives de paix" devant le cercle de réflexion United States Institute of Peace à Washington.

De retour à Washington après une longue tournée ponctuée par six jours consécutifs de réunions avec les insurgés islamistes afghans au Qatar, Zalmay Khalilzad a précisé sa stratégie devant le cercle de réflexion United States Institute of peace.

"Le mieux pour l'Afghanistan serait de pouvoir trouver un accord de paix avant les élections, qui sont programmées en juillet", a lancé le diplomate d'une voix enrouée -- la conséquence de "42 heures de discussion avec les talibans", a-t-il plaisanté. "Il y a suffisamment de temps", a-t-il estimé.

Washington et les talibans mènent depuis l'été des discussions directes inédites pour tenter de mettre un terme au plus long conflit de l'histoire des Etats-Unis, lancé dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. À l'époque, les talibans étaient au pouvoir à Kaboul et le pays était considéré comme un sanctuaire pour le réseau jihadiste Al-Qaïda.

Mais après la chute rapide de son régime, le mouvement islamiste s'est mué en insurrection qui continue de contrôler une partie du territoire, malgré la présence encore aujourd'hui de 14.000 soldats américains après plus de 17 années de guerre.

Donald Trump a promis durant sa campagne de mettre fin à ce conflit qui a tué des milliers de civils afghans et 2.400 soldats américains, ou en tout cas de retirer ses troupes. Une intention réitérée mardi lors de son discours annuel sur l'état de l'Union devant le Congrès américain.

En décembre, des responsables américains avaient même fait savoir que le locataire de la Maison Blanche avait déjà décidé de rapatrier la moitié des troupes.

"Mon objectif", a assuré Zalmay Khalilzad, "n'est pas de chercher un accord de retrait mais un accord de paix". "Un accord de paix peut permettre le retrait", a-t-il insisté.

Pour lui, ceux qui pensent que les Américains partiront "quoi qu'il en soit" ont "mal compris la position du président".

Retrait sous "conditions" 

Jeudi 7 février déjà, il avait démenti sur Twitter l'existence d'un calendrier pour le départ des troupes, mais il n'a pas exclu clairement une possible réduction des effectifs sans attendre un accord de paix définitif.

"Notre retrait se fera à certaines conditions", notamment qu'il "n'y ait pas de terroristes qui menacent les États-Unis depuis l'Afghanistan", a encore dit le représentant spécial, évoquant "une ligne rouge".

Selon lui, ces deux points ont déjà fait l'objet d'un "accord de principe" avec les talibans: les insurgés se sont engagés à ce qu'"aucun groupe terroriste" ne puisse "utiliser l'Afghanistan" comme base, et Washington a accepté "un cadre pour un possible retrait américain, inclus dans un accord global".

Mais "les paroles ne suffisent pas lorsqu'il s'agit de la sécurité nationale des Américains", a-t-il souligné, affirmant que l'engagement des talibans devrait faire l'objet d'un "mécanisme de mise en oeuvre".

La prochaine étape doit être, aux yeux des États-Unis, de voir les talibans engager un "dialogue inter-afghan" avec le gouvernement de Kaboul -- ce qu'ils se sont jusqu'ici toujours refusés à faire, considérant qu'il s'agissait d'une "marionnette" des Américains.

"Ce ne sera pas facile" mais "nous ne pouvons pas nous substituer aux décisions qu'ils doivent prendre" entre Afghans, a-t-il plaidé, estimant qu'un forum élargi à d'autres parties et acteurs de la société afghane pourrait permettre de contourner l'hostilité des insurgés à un tête-à-tête avec le gouvernement.

Ce dialogue aurait ensuite plusieurs noeuds à démêler, à commencer par celui d'un possible cessez-le-feu permanent, mais aussi ceux du partage du pouvoir, des institutions et de la place de l'islam, alors que des talibans ont récemment exigé une nouvelle "constitution islamique".

"Nous allons défendre haut et fort nos valeurs, des droits humains, de la liberté de la presse, des droits des femmes", "et nous allons nous assurer qu'ils comprennent que pour avoir une relation positive à l'avenir avec les États-Unis, ces valeurs doivent être respectées", a martelé Zalmay Khalilzad.

Selon lui, les talibans lui ont assuré "qu'ils savaient qu'ils ne pouvaient pas faire marche arrière" et revenir au régime obscurantiste des années 1990.

 AFP/VNA/CVN

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