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Des enfants déplacés par les combats contre les talibans sont réfugiés à Kunduz, dans le Nord de l'Afghanistan, le 26 juin, avant que la ville ne tombe finalement aux mains des insurgés, début août. |
À quelques heures d'intervalle, les insurgés ont, après d'intenses combats, pris possession de Kunduz, qu'ils encerclaient depuis quelques semaines. Ils ont ensuite pris Sar-e-Pul, puis, en fin de journée, Taloqan, les capitales des provinces situées au sud et à l'est de Kunduz. Ils contrôlent maintenant cinq des 34 capitales provinciales afghanes.
Selon Zabihullah Hamidi, un habitant de Taloqan, la capitale de la province de Takhar, contacté par l'AFP, les violences ont débuté dans la matinée et les talibans ont fini par prendre la ville "sans beaucoup de combats", les responsables officiels et les forces sécuritaires ayant fui la ville.
"Les talibans sont partout dans la ville avec leurs drapeaux blancs sur des pickups et des Humvee. Certains tirent en l'air pour célébrer (leur victoire)", a-t-il raconté. "Nous avons peur et nous n'osons pas encore sortir de nos maisons".
Un responsable de la sécurité a confirmé la fuite des forces afghanes et des dirigeants locaux vers un district voisin.
"Le gouvernement n'est pas parvenu à nous envoyer de l'aide et nous nous sommes retirés de la ville cet après-midi", a-t-il dit.
Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans, a confirmé la prise de Taloqan, assurant que "la sécurité y a été rétablie", ainsi que de Kunduz et de Sar-e-pul, tombées dans la matinée.
"Les talibans ont pris le contrôle de tous les bâtiments clefs de la ville", a constaté un correspondant de l'AFP à Kunduz.
Cette cité d'environ 300.000 habitants, déjà conquise deux fois ces dernières années par les insurgés, en 2015 et 2016, est un carrefour stratégique du nord de l'Afghanistan, entre Kaboul et le Tadjikistan.
La prise de Kunduz constitue le principal succès militaire des talibans depuis le début en mai de l'offensive qu'ils ont déclenchée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici au 31 août.
Après s'être emparés de vastes territoires ruraux, ils concentrent leurs efforts depuis début août sur les centres urbains.
"C'est le chaos total", a affirmé Abdul Aziz, un habitant du centre de Kunduz, joint au téléphone par l'AFP.
Axe névralgique
Fin juin, les talibans s'étaient emparés du poste-frontière de Shir Khan Bandar, au sud du Tadjikistan, un axe névralgique pour les relations économiques avec l'Asie centrale.
Le ministère de la Défense a affirmé que les troupes gouvernementales tentaient de reprendre des zones-clés de Kunduz. "Les commandos ont lancé une opération de nettoyage. Certains endroits, dont la radio nationale et les bâtiments de la télévision, ont été dégagés", a-t-il affirmé.
"La capture de Kunduz est vraiment importante car elle va libérer un grand nombre de combattants talibans qui pourront ensuite être mobilisés en d'autres endroits du Nord" de l'Afghanistan, a déclaré à l'AFP Ibraheem Thurial Bahiss, un consultant de l'International Crisis Group (ICG).
Après Kunduz, Sar-e-Pul est aussi tombée aux mains des talibans. Ceux-ci s'étaient déjà emparés samedi 7 août, plus au nord, de Sheberghan, le fief du célèbre chef de guerre Abdul Rashid Dostom.
Parwina Azimi, une militante des droits de l'homme, a affirmé à l'AFP par téléphone que les responsables administratifs et le reste des forces armées s'étaient retirés vers des baraquements à environ trois kilomètres de Sar-e-Pul.
Mirwais Stanikzai, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, a quant à lui assuré que des renforts, dont des membres des forces spéciales, avaient été envoyés à Sar-e-Pul et Sheberghan.
"Les villes que les talibans veulent prendre seront bientôt leurs cimetières", a-t-il ajouté.
AFP/VNA/CVN