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Les adolescents passent beaucoup de temps devant l’écran à jouer. |
Photo : CTV/CVN |
P.M.Q, âgé de 21 ans et domicilié à Hanoï, est dépendant aux jeux vidéo. Il a perdu le contrôle de son comportement, abandonné la vie réelle et passe la plupart de son temps dans un monde virtuel. Malgré avoir été soigné deux fois à l’Hôpital psychiatrique national, il n’a pas complètement guéri.
Sa mère raconte : “Il était étudiant en biotechnologie mais a abandonné l’école à mi-chemin. Il a souffert d’un traumatisme infantile en 7e classe en raison du divorce de ses parents. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à passer beaucoup de temps à jouer à des jeux en ligne pour fuir la dure réalité qui l’entourait”. Avant d’ajouter : “Au début, il jouait pour s’amuser avec ses amis, mais il a augmenté son temps de jeu pour soulager le stress des études et se faire plus d’amis. Petit à petit, il a joué jour et nuit, passant parfois pendant 10 à 12 heures devant l’écran. Les jours de congé, il consacrait tout son temps à jouer, à manger des nouilles instantanées et à boire des boissons énergisantes”.
Sa mère a essayé de lui dire d’éteindre l’ordinateur lorsqu’elle a réalisé que son enfant jouait trop aux jeux vidéo, mais, en réponse, il a réagi de manière agressive. P.M.Q. a perdu tout intérêt pour ses anciens passe-temps comme le football et sortir avec des amis. Ses résultats scolaires ont également chuté, passant d’assez bons à moyens.
Une fois à l’université, éloigné de sa mère et de sa surveillance, il a continué à jouer. Inquiète du comportement inhabituel rapporté par les professeurs, sa mère a décidé d’emmener son fils pour un traitement.
P.M.Q. fait partie d’un nombre croissant d’adolescents accros aux jeux en ligne qui entrent dans des centres médicaux pour des problèmes de santé mentale.
Impacts sur la santé mentale
Le docteur Bùi Nguyên Hông Bao Ngoc de l’Institut de santé mentale de l’hôpital Bach Mai informe que son établissement reçoit environ trois à quatre jeunes accros au jeu chaque mois.
Selon lui, la majorité ont entre 10 et 24 ans. La plupart sont hospitalisés dans un état grave, jouent à des jeux depuis longtemps et sont diagnostiqués avec des troubles émotionnels et comportementaux. À l’échelle mondiale, la proportion de dépendance au jeu s’élève actuellement à 8,5% pour les hommes et à 3,5% pour les femmes.
En ce qui concerne la répartition par région, l’Asie affiche la prévalence la plus élevée (6,3%), suivie de l’Amérique du Nord (3,6%), de l’Océanie (3,0%) et de l’Europe (2,7%). Les enfants et les adolescents représentent le taux le plus élevé d’addiction au jeu, avec 6,6%.
Une étude de l’Institut national de la santé mentale en 2021 portant sur les 10 à 24 ans montre que plus de 51,3% des personnes utilisent Internet en moyenne plus de trois heures par jour. Le temps le plus élevé passé en ligne est de 15 heures par jour.
M. Ngoc explique que la dépendance aux jeux survient lorsque les gens négligent la plupart de leurs autres intérêts et responsabilités pour jouer à des jeux. Cette activité en ligne ininterrompue entraîne une déficience ou une détresse cliniquement significative.
Les accros aux jeux passent la plupart de leur temps en ligne et à jouer, ce qui entraîne une réduction de la communication sociale, de l’insomnie et une baisse des résultats scolaires et des performances au travail. Ils éprouvent des symptômes de manque lorsqu’ils ne jouent pas à des jeux, tels que l’agitation, l’irritabilité et la colère.
“La dépendance à Internet est classée comme une dépendance comportementale, qui peut affecter négativement le développement mental, réduire la capacité à retenir les informations. Cette situation affecte le processus d’apprentissage des enfants, le développement des compétences de lecture, de compréhension, d’analyse et de concentration, et conduit les enfants à abandonner facilement face aux difficultés”, souligne M. Ngoc.
Selon lui, le jeu et la dépendanceà Internet sont souvent déclenchés par le besoin de contrebalancer des émotions négatives telles que la dépression, l’anxiété, le stress ou la solitude. Les utilisateurs voient Internet comme un moyen d’évasion et d’apaisement. Ce sont des émotions que les jeunes rencontrent souvent, et les jeux et Internet sont les outils les plus efficaces pour s’en échapper.
Le cerveau des accros à Internet libère des substances chimiques comme la dopamine, qui provoquent des sentiments d’euphorie et de satisfaction. Cela incite les utilisateurs à rechercher de plus en plus ce sentiment et conduit facilement à la dépendance.
Comment s’en sorti
Les activités sportives et de divertissement permettent aux jeunes de réduire leur temps devant l'écran. |
Photo : VNA/CVN |
Pour sa part, le docteur Nguyên Thành Long de l’Institut de la santé mentale estime que la dépendance aux jeux commence généralement à l’adolescence et s’aggrave sans le contrôle et l’intervention d’adultes. Les garçons ont tendance à être plus susceptibles de devenir dépendants que les filles. En raison de leur caractère plus têtu, curieux, impulsif et destructeur, ils sont plus facilement stimulés et attirés par les jeux, ce qui les rend plus enclins à tomber dans l’addiction.
Cependant, il souligne que tous les cas de dépendance aux jeux ne nécessitent pas une hospitalisation. Seuls les enfants présentant des signes de troubles émotionnels et mentaux, des problèmes alimentaires et de sommeil, de la dépression, de l’aliénation sociale et de la négligence à l’école et au travail devraient se rendre à l’hôpital. Ces cas nécessitent une psychothérapie ainsi que des traitements chimique et pharmaceutique pour récupérer sur le plan émotionnel et comportemental.
Le docteur Long invite les parents qui constatent que leurs enfants jouent à des jeux ou utilisent Internet pendant plus de trois à quatre heures par jour, sans rapport avec des études ou du travail, à intervenir immédiatement. Les parents ne doivent pas laisser leurs enfants devenir accros aux jeux.
“Afin de soutenir leurs enfants, les parents devraient les encourager à pratiquer des activités sportives et de divertissement, ainsi qu’à s’engager dans des interactions sociales”, conseille le médecin.
Huong Linh/CVN