Une affiche annonce le 62e Berlinale dans le backlot du studio Balbelsberg à Postdam Balbelsberg |
Marlène Dietrich y a fait ses débuts, le chef d’œuvre de science-fiction Metropolis y a pris son envol en 1926 et Hitchcock y a appris les ficelles du métier comme assistant réalisateur.
Du haut de ses 100 ans (12 février), Babelsberg contemple son passé glorieux. Il regarde aussi sereinement vers un avenir qui doit y voir se succéder les productions renommées.
«Tous les gens d’Hollywood disent +quelle histoire, c’est un honneur de travailler ici+, que ce soit Tom Hanks ou Tarantino qui connaît bien sûr tous les films réalisés ici», déclare Eike Wolf, responsable de la communication de Babelsberg, lors d’une visite du studio, à quelques jours de l’anniversaire.
Tom Hanks vient d’y tourner Cloud Atlas d’après le best seller de David Mitchell, avec Halle Barry et Susan Sarandon. Tarantino y a reconstruit un cinéma parisien d’autrefois pour le seul plaisir de le faire exploser, avec Hitler à l’intérieur, à la fin d’Inglourious Basterds et Clive Owen a transformé en gruyère une réplique du musée Guggenheim de New York dans une scène de fusillade de L’enquête. «Berlin est très intéressant pour les types créatifs et c’est bien plus abordable que Londres», explique le patron du studio, Charlie Woebcken.
Une brochette de stars, plusieurs expositions et livres sont attendus pour célébrer ce jour de février 1912 qui a marqué le début de Totentanz (Danse de mort), le premier film jamais tourné à Babelsberg.
La Berlinale (9-19 février) projettera une rétrospective et des évènements sont prévus dans les mois qui viennent à Cannes, Los Angeles, New York et Londres. «Aujourd’hui, dans le studio Marlène Dietrich, il y a encore du parquet sur lequel elle a posé le pied», s’enthousiasme M. Woebcken. «On l’a conservé tel quel pour garder ce parfum d’histoire».
En prenant les rênes du studio, Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, sonne la fin de son âge d’or, le transformant en usine à films ressassant la propagande antisémite du régime, à l’image du Juif Süss.
Chambre des costumes du mythique studio Babelsberg |
Après la guerre, Babelsberg, hérite d’un nouveau surnom : Honnywood en référence au leader de la RDA, Erich Honecker.
Le studio se découvre d’autres fonctions avant d’opérer en 2004 un spectaculaire retour sur le devant de la scène sous la direction de Woebcken et de son partenaire Christoph Fisser. «Nous sommes en permanence confrontés à notre propre histoire car d’un certain côté, le cinéma est le média le plus à même de nous réconcilier avec elle, c’est une question toujours prégnante en Allemagne», explique Woebcken.
Babelsberg, ce sont 25.000 mètres carrés d’espaces de tournage et plus de 3.000 films, dont Le Pianiste, Le Liseur ou encore tout récemment Poulet aux prunes.
Son département des costumes mis à l’honneur par une récente nomination aux Oscars pour Anonymous, le film de Roland Emmerich sur Shakespeare, a des allures de caverne d’Ali Baba, aux trésors vestimentaires de toutes époques.
Et s’il conserve cette alchimie associant passé illustre et savoir-faire réputé, Babelsberg pourra tracer sa route au cours du prochain siècle, espère M. Woebcken, souhaitant le voir «épargné par les troubles qui ont secoué le précédent».
AFP/VNA/CVN