>> Grèce : au moins 26 morts et 85 blessés dans une collision entre deux trains
Des secouristes sur les lieux de l'accident de train près de Larissa en Grèce centrale, le 1er mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les retards (pris dans la modernisation des chemins de fer) trouvent leur origine dans les pathologies chroniques du secteur public grec, dans des décennies de faiblesse", a admis jeudi 2 mars le porte-parole du gouvernement Yannis Oikonomou lors d'un point presse.
Les défaillances du secteur public ferroviaire grec sont pointées du doigt après la collition frontale de deux trains qui se trouvaient sur la même voie depuis plusieurs kilomètres. L'accident a provoqué quelques manifestations d'usagers dans plusieurs villes de Grèce.
Le chef de gare âgé de 59 ans a été arrêté mercredi 1er mars et poursuivi pour "homicides par négligence" et pour avoir provoqué des "blessures corporelles".
Il devait expliquer comment un train transportant 342 passagers et dix employés des chemins de fer, reliant Athènes à Thessalonique dans le Nord du pays, a pu être autorisé à emprunter la même voie qu'un convoi de marchandises.
M. Oikonomou a assuré jeudi 2 mars que "l'erreur a été avouée par le chef de gare lui-même" et son avocat a confirmé qu'il "reconnaît ce qu'il a fait".
Parallèlement, le nouveau ministre des Transports, Giorgos Gerapetritis, a présenté ses excuses aux familles des victimes, tout en faisant "une autocritique complète du système politique et de l'État". L'ancien ministre, Kostas Karamanlis, avait présenté sa démission mercredi.
L'accident a fait 47 morts, selon un porte-parole des pompiers grecs. Et les opérations de recherche avec 72 pompiers déployés, se sont poursuivies toute la nuit.
"Nous avons continué (cette nuit) car le temps joue contre nous. Plus le temps passe moins les chances (de retrouver des survivants) sont importantes", a affirmé une porte-parole des pompiers.
Sous la violence du choc survenu peu avant minuit (22H00 GMT), dans la nuit de mardi 27 à mercredi 28 février dans la vallée de Tempé, les locomotives et les wagons de tête ont été pulvérisés et les conducteurs des deux trains tués sur le coup.
Des passagers ont décrit des scènes d'horreur et de chaos, sous une pluie de verre brisé et de débris au moment où le train se renversait.
Le wagon restaurant du train a pris feu juste après la collision, avec des températures atteignant 1.300 degrés, selon les pompiers.
"Tout montre que le drame est dû, malheureusement, principalement à une tragique erreur humaine", avait dit mercredi soir 28 février le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.
"Le train de la terreur"
Racontant avoir rencontré des proches de victimes lors d'une visite sur les lieux puis à l'hôpital de Larissa, Kyriakos Mitsotakis a indiqué : "Ils m'ont demandé + pourquoi? +".
"Nous leur devons une réponse honnête", a-t-il ajouté lors d'une brève intervention télévisée enregistrée. Il a décrété un deuil national de trois jours.
Contacté par l'AFP, le groupe public italien Ferrovie dello Stato (FS), qui contrôle la société des chemins de fer Hellenic Train, privatisée en 2017, n'a pas fait de commentaires dans l'immédiat.
Lieux de l'accident de train près de Larissa en Grèce centrale, le 1er mars. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des habitants ont manifesté à Larissa portant des banderoles ! "La privatisation tue". Des manifestations ont eu lieu à Athènes également, devant le siège de la compagnie Hellenic Train.
"C'était le train de la terreur", a déclaré aux journalistes Pavlos Aslanidis, dont le fils est porté disparu ainsi qu'un des ses amis.
Le président du Syndicat des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de Grèce.t des conducteurs de train OSE, Kostas Genidounias, a dénoncé le manque de sécurité, selon lui, sur cette ligne qui relie les deux principales villes de Grèce.
"Toute (la signalisation) est faite manuellement. C'est depuis l'an 2000 que les systèmes ne fonctionnent pas", s'est-il emporté sur la chaîne de télévision ERT.
"Tout un réseau malade"
Auparavant, il avait également assuré qu'"aucun système de sécurité, télécommande et feu de circulation ne fonctionnait".
"C'était un train plein d'étudiants, des jeunes d'une vingtaine d'années", a déclaré à la presse Costas Bargiotas, un médecin de l'hôpital de Larissa. "C'est vraiment choquant de voir les wagons froissés comme du papier".
"C'est un cauchemar ce que j'ai vécu (...) Je tremble encore", a témoigné à l'AFP un passager, Angelos, 22 ans, sur les lieux de l'accident.
"Nous avons ressenti la collision comme un grand tremblement de terre", a-t-il ajouté. "Heureusement, nous étions dans l'avant-dernière voiture et nous en sommes sortis vivants", a-t-il dit.
Quelque 500 personnes participaient aux secours, a précisé le porte-parole du gouvernement.
De nombreux corps étaient carbonisés et certains passagers ne pourront être identifiés que grâce à des échantillons d'ADN.
À Larissa, où des blessés ont été transportés, le maire, Apostolos Kalogiannis a parlé de "flots d'ambulances amenant des brûlés, des amputés, tout ce qu'on peut imaginer".
"Je n'ai jamais rien vu de tel", a dit l'un des membres des équipes de secours travaillant parmi les débris.
À Larissa, les habitants ont veillé en silence avant de poser des roses blanches à la mémoire des victimes.
S'il est reconnu coupable, le chef de gare risque la prison à vie.
AFP/VNA/CVN