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Le président français Emmanuel Macron (gauche) reçu par son homologue gabonais Ali Bongo Ondimba, le 1er mars à Libreville. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le chef de l'État a atterri en début de soirée dans la capitale gabonaise et immédiatement pris la direction de la présidence pour un dîner avec son homologue Ali Bongo. Lundi 27 février, deux jours avant ce dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, M. Macron a exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir.
Prenant acte d'une hostilité croissante envers la France, ex-puissance coloniale, dans son ancien "pré carré" d'Afrique de l'Ouest, Emmanuel Macron a appelé de ses vœux une "nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable" avec le continent.
Il a aussi annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel, mais devenue l'incarnation de l'héritage colonial aux yeux d'une jeunesse avide de "nouvelle" indépendance. "L'Afrique n'est pas un pré carré", a martelé le président français, prônant une "posture de modestie et d'écoute" dans le prolongement de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.
"D'abord la démocratie"
Depuis août 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Le Burkina a aussi dénoncé mardi 28 février un "accord d'assistance militaire" signé en 1961 avec la France, au lendemain de l'indépendance du pays.
Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d'influence française historique. Certaines acteurs politiques locaux surfent aussi sur ce ressentiment pour asseoir leur légitimité.
Emmanuel Macron dit vouloir désormais s'appuyer sur la société civile et les diasporas africaines pour tourner la page de la "Françafrique", longtemps faite de liens troubles et de soutien à des potentats locaux. "Notre intérêt, c'est d'abord la démocratie", martèle-t-il, promettant aussi de "défendre les intérêts" économiques français là où nombre de pays, de la Chine à la Turquie, avancent à visage découvert.
Carte localisant les forces spéciales françaises et l'ambassade de France à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Photo : AFP/VNA/CVN |
L'exercice s'annonce délicat au Gabon où l'opposition l'accuse d'"adouber" à travers sa visite le président Ali Bongo, élu dans des conditions controversées en 2016 et probable candidat à sa réélection cette année.
Emmanuel Macron se défend de toute démarche "politique" et assure que l'unique but de sa visite est le Sommet, co-organisé par la France et le Gabon, sur la préservation des forêts du bassin du Congo, premier poumon de la planète selon l'Élysée.
Il devait aussi remettre mercredi soir 1er mars à son homologue une copie d'un fonds de 900 séquences sonores, enregistrées au Gabon entre 1954 - avant l'indépendance - et 1970, qui illustrent toute la tradition orale et musicale du Gabon.
Pour arpenter les terres non francophones d'Afrique et à élargir l'horizon de la France sur le continent, le chef de l'État signera aussi vendredi 3 mars en Angola un accord visant à y développer la filière agricole.
Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville où le président Denis Sassou Nguesso dirige d'une main de fer le Congo depuis près de 40 ans, une rencontre qui risque là aussi d'apparaître à contrecourant de son discours de lundi 27 février.
La République démocratique du Congo (RDC), ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, lui offrira sans doute une meilleure opportunité pour dérouler sa vision de l'Afrique. Mais là aussi le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année, et l'opposition ne voit pas d'un bon œil cette visite.
AFP/VNA/CVN