À Thao Câm Viên, les animaux sont aidés pour surmonter la crise du COVID-19

Au jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville, les animaux sont considérés comme des trésors. Ils reçoivent maintes aides du public pour traverser les moments difficiles pendant la crise du COVID-19.

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Le calao bicorne, abrité avec une aile cassée, sauvé et soigné par des employés du jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville.
Photo : TP/CVN

En visite au jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville, que l’on appelle en vietnamien Thao Câm Viên, on peut témoigner du dévouement ainsi que de l’amour des soignants pour les animaux de cet établissement.

Comme des parents

Diêm, l’une des vétérinaires du jardin est surnommée "maman de Chaien", à savoir que Chaien et le surnom d’un petit douc (espèce de primate colorée présente au Laos et au Vietnam). "Quand il est né, il pesait un demi-kilo à peine. Aujourd’hui, il pèse trois fois plus", dit-elle.

Tôt le matin, elle lui donnait du lait à boire pour la première fois de la journée. Ensuite, elle nettoyait son abri, remplaçait le tissu sur lequel il dormait et lavait son corps avec une serviette. Le soir, elle lui redonnait du lait pour la troisième fois avant de le coucher. C’est une routine qu’elle avait mise en place pendant des mois avant le désallaitement du petit singe. "Maintenant il ne boit plus de lait, alors +maman Diêm+ n’est plus aussi occupée qu’avant", fait savoir Nguyên Phuoc Thinh, responsable de l’infirmerie du jardin.

"Chaque animal dans le jardin a son propre prénom ou surnom afin de favoriser le soin leur étant réservé", explique Nguyên Phuoc Thinh. Le surnom du douc lui a été donné en référence à un personnage de la série de bandes dessinées japonais Doreamon, très populaire au Vietnam. En effet, ce personnage et le petit singe partagent la caractéristique physique particulière d’avoir le nombril qui ressort !

Juste à côté de l’abri de Chaien, c’est celui d’un calao bicorne qui s’est cassé l’aile. Il a donc été apporté au jardin pour que Thinh et son équipe lui apportent les soins nécessaires. Ils lui ont alors posé un plâtre pour fixer l’os. "Actuellement, son état de santé est stable mais il est nécessaire encore de le surveiller régulièrement", indique le responsable de l’infirmerie du jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville.

De petits trésors

Si soigner des animaux adultes n’est pas facile, soigner des petits s’avère encore plus complexe. Séparés de leur mère, les jeunes animaux doivent retrouver la même attention maternelle de la part des soignants qui, effectivement, passent la plupart de leur temps auprès d’eux et qui prennent en charge leur régime alimentaire ainsi que l’hygiène de leurs abris. "Les animaux du jardin sont quasiment tous rares et très précieux, certains sont menacés d’extinction. Ainsi, si la digestion des bébés rencontre des problèmes ou si le jeune animal présente les symptômes d’une maladie, on est vraiment inquiets", explique Nguyên Ba Phu, directeur adjoint de l’institution animalière.

Chaque jour, les vétérinaires du jardin doivent composer le menu de chaque animal en fonction de leur régime nutritif et de leurs goûts pour l’envoyer ensuite à la cuisine. Nguyên Thi Ngoc Nhung, cheffe cuisinière des animaux, explique que les repas du matin se composent de fruits et de légumes. L’après-midi, on les régale avec de la viande ou du poisson. Outre les aliments ordinaires, on ajoute des aliments fonctionnels. Concrètement, "pour les macaques, on leur donne aussi des aliments enrichis en omega 3 et en vitamine E, pour les ours et les tigres, des aliments avec du calcium", souligne-t-elle.

Le douc surnommé Chaien dans le jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville.

D’après Nguyên Phuoc Thinh, le soin et l’élevage des animaux du jardin respectent des critères très sévères. "Les animaux ici sont pour certains rares et menacés d’extinction donc nous les considérons vraiment comme des trésors. Nous devons ainsi leur fournir des repas d’une quantité et d’une qualité suffisante, particulièrement adaptés à leurs besoins nutritionnels", ajoute-t-il.

Chaque jour, il faut presque cinq tonnes d’aliments comprenant de la viande et des fruits et légumes pour satisfaire les animaux de l’établissement. Hormis les légumes récoltés au sein du jardin qui représentent une tout petite partie du stock alimentaire total du jardin, tous les aliments doivent être achetés auprès d’entreprises spécialisées et testés avant le stockage.

Un fort soutien citoyen

Selon le directeur du jardin botanique et zoologique de Hô Chi Minh-Ville, il était plus aisé de nourrir les pensionnaires du zoo avant l’apparition du COVID-19 et des mesures visant à lutter contre l’épidémie. À titre indicatif, le chiffre d’affaires de l’établissement était en moyenne de 330 millions de dôngs par jour, un revenu qui permettait de faire subsister cet établissement qui souffle cette année ses 156 bougies.

Mais pour la première fois, le jardin a dû faire face à d’énormes difficultés financières dues à sa fermeture imposée pendant les deux vagues de COVID-19 dans le pays. Le chiffre d’affaires a alors chuté drastiquement, mettant en péril la sécurité des animaux. Toutefois, grâce à l’engagement des employés sur le site et au soutien du public à distance, les pensionnaires du zoo n’ont manqué de rien, l’établissement étant parvenu à leur fournir une alimentation adéquate en termes de quantité et de qualité.

En effet, la sécurité alimentaire des animaux étant en jeu, 270 cadres et employés se sont mis d’accord pour accepter une retenue de 30% sur leur salaire mensuel et pour organiser un appel au public afin d’aider les animaux pendant la période du COVID-19. Ainsi, des milliers de particuliers dans tout le pays ont apporté leur aide au profit du jardin botanique et zoologique de la mégapole du Sud. Outre des tonnes de fruits et légumes, le zoo a reçu une importante aide financière de 3 milliards de dôngs.

"Nous sommes très touchés par la sympathie des gens. Certains nous offraient une dizaine de fruits et légumes, d’autres un kilo de grappes. Certains apportaient un voire plusieurs millions de dôngs, d’autres des dizaines de milliers dôngs. La plupart des mécènes n’indiquent pas leur nom et prénom mais des mots d’encouragement à être forts devant la pandémie", exprime le directeur.

Seulement deux jours après l’appel aux dons, le jardin a dû demander d’arrêter de le soutenir car il en avait "reçus assez pour ce moment-là", se satisfait Nguyên Ba Phu. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ont continué de contribuer au zoo, en argent ou en nature.

Mai QuynhCVN

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