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Une visiteuse du musée d'art moderne de New York (MoMA) regarde le 1er mai l'œuvre Terra Nova de Firelei Báez, partie de l'exposition "Chosen Memories" sur une relecture du passé colonial de l'Amérique latine. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au total, 65 œuvres de 40 artistes de générations et de styles différents réinterprètent l'histoire de la région racontée par des cartographes, des missionnaires, des scientifiques et des aventuriers.
Grâce à la peinture, la photographie, la sculpture ou la vidéo, l'exposition "Chosen Memories", jusqu'au 9 septembre, est une partie de la collection de la Vénézuélienne Patricia Phelps de Cisneros qui en a fait don au musée de New York.
Articulée autour de trois thématiques, les artistes proposent de nouvelles "lectures de l'histoire" du colonialisme européen de l'Amérique latine et de la revitalisation de son patrimoine culturel, selon le MoMA.
Ainsi avec Looting, la Guatémaltèque Regina José Galindo a créé une œuvre avec les incrustations d'or qu'un dentiste a placées dans ses molaires et qui, après les avoir extraites à nouveau, sont restées comme "des empreintes de sa bouche qui fonctionnent comme de petites sculptures d'un musée archéologique imaginaire", dans une métaphore de la violence des économies d'extraction de matières premières.
Terra Nova, nom d'une carte publiée en Europe en 1541, sert de base à la Dominicaine Firelei Báez pour peindre une ciguapa, créature féminine mythologique de son pays, voluptueuse et insaisissable qui, juxtaposée au schéma de la carte, "incarne les peurs et les désirs des conquérants européens" aux cultures inconnues.
L'Argentin Leandro Katz a utilisé les premières lithographies réalisées dans les années 1830 par les explorateurs John Lloyd Stephens et Frederick Catherwood, qui ont étudié la région maya qui occupe aujourd'hui le Sud du Mexique, le Guatemala et le Honduras, pour reconstituer leurs expéditions.
Sous le nom artistique "Las Yeguas del Apocalipsis", les Chiliens Pedro Mardones Lemebel, un écrivain, et le poète Francisco Casas présentent leur version de "Las dos Fridas" dans une photographie impressionnante, faisant allusion à la peintre mexicaine Frida Kahlo (1907-1954).
"L'Histoire est un organisme vivant"
Une visiteuse observe l'œuvre d'art Mamá Kalunga de l'artiste cubain José Bedia, partie de l'exposition "Chosen Memories" du musée d'art moderne de New York (MoMA) le 1er mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les artistes se sont plongés "dans le passé afin de réparer des histoires de dépossession, de renouer avec des héritages culturels sous-évalués et de renforcer les liens de parenté et d'appartenance", a résumé dans un communiqué la conservatrice d'art latino-américain du musée, l'Argentine Inés Katzenstein.
"Par exemple", a-t-elle ajouté auprès de l'AFP, "les œuvres offrent un regard critique sur le colonialisme" européen.
Pour la photographe brésilienne Rosangela Rennó, citée par le MoMA, "l'Histoire est un organisme vivant (...) constamment relue et réévaluée".
Pour les organisateurs de "Chosen Memories", les structures coloniales continuent de conditionner les systèmes de valeurs autour des cultures ancestrales, du travail et de la nature.
Car le "passé n'est jamais complètement passé" et "est champ fertile de possibilités pour le présent".
Une partie de ce qui est exposé au MoMA provient de la collection de Mme Phelps de Cisneros qui fait don de 250 œuvres au musée pour 25 ans. En 2016, cette Vénézuélienne, l'une des plus grandes collectionneuses privées au monde, a créé un institut de recherche éponyme consacré à l'art latino-américain.
Le MoMa possède plus de 5.000 œuvres d'art moderne et contemporain de cette région.
AFP/VNA/CVN