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Des clients arpentent les allées d'une foire aux armes à feu, le 17 février à Miami, en Floride. Photo : AFP/VNA/CVN |
Mike Vallone, 55 ans, s'en est offert un pour 600 dollars, qui viendra étoffer sa collection d'armes. Il en a déjà une cinquantaine. Quand on lui demande pourquoi en posséder tant, il répond : "Parce que je l'ai choisi. La Constitution me donne le droit d'en posséder et j'exerce mon droit constitutionnel". Le deuxième amendement de la Constitution américaine, qui date du XVIIIe siècle, garantit en effet le droit de "posséder et porter une arme".
Mercredi 14 février, Nikolas Cruz, âgé de 19 ans, a ouvert le feu sur ses anciens camarades de lycée à Parkland, au nord de Miami, faisant 17 morts. Il a utilisé un AR-15, un type d'arme qui a servi dans d'autres tueries de masse: lors d'un concert en plein air à Las Vegas (58 morts) et dans une église à Sutherland Springs au Texas (25 morts) en 2017, dans une école primaire de Newton dans le Connecticut (26 morts dont 20 enfants) en 2012.
Les médias "en font un instrument du mal mais il ne fait rien par lui-même. Il faut un être humain pour prendre le fusil, viser et tirer sur quelqu'un", assure pourtant à l'AFP Mike Vallone.
Chaque relance le débat entre ceux qui réclament un contrôle plus strict, comme la généralisation des contrôles des antécédents judiciaires et psychiatriques avant toute vente, et ceux qui y sont opposés, au premier rang desquels la très puissante NRA (National Rifle Association).
Un homme accompagné de son bébé porte en bandoulière un fusil semi-automatique de type AR-15, semblable à celui utilisé par un jeune homme qui a tué 17 personnes dans un lycée de Floride. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais même les plus virulents des militants anti-armes ont renoncé à modifier le sacro-saint deuxième amendement et aucun ténor politique américain n'appelle à confisquer les armes. "Centrer le débat sur le contrôle des armes est une erreur et cela n'arrêtera pas quelqu'un de déterminé à commettre un crime", estime M. Vallone, qui reprend un argument du lobby pro-armes.
Pas une menace
"J'ai des armes, j'ai choisi d'en avoir et d'en porter. Mais je suis tout à fait d'accord qu'elles ne sont pas pour tout le monde. Il doit y avoir des vérifications pour tout le monde, comme pour moi maintenant", dit-il alors que le vendeur étudie son dossier sur un ordinateur.
Il suffit généralement d'avoir un casier judiciaire vierge pour pouvoir acheter une arme aux États-Unis. Mais les partisans de contrôles accrus estiment que ce n'est pas assez et qu'il faut aussi vérifier les antécédents psychologiques des acheteurs. C'était le cas du tueur de Parkland, qui est passé entre les mailles du filet.
Le FBI est ainsi sous le feu des critiques après avoir reconnu qu'il avait reçu, le 5 janvier, un appel d'un proche de Nikolas Cruz décrivant le comportement violent du jeune homme et ses intentions meurtrières, alors qu'il avait été suivi dans une clinique spécialisée. Mais le signalement n'a pas été transmis.
"On peut parler de législation, à condition que cela n'empiète pas sur nos droits", affirme George Fernandez, le porte-parole des organisateurs de la Foire, qui accueille 140 exposants.
La fusillade "n'est pas une affaire liée aux armes à feu mais un problème de santé mentale" et le jeune tueur "aurait dû être identifié quelque part dans une base de données comme quelqu'un ayant des problèmes de santé mentale", assure M. Fernandez. "Après cette fusillade, je ne pense pas que la loi soit le problème", renchérit Daniel Bustinos, estimant que le FBI avait sa part de responsabilité. "Il y a tous ces honnêtes propriétaires d'armes à feu, les collectionneurs, qui ne sont une menace pour personne", assure Ralph Merritt.
Une étude américaine a toutefois conclu que les violences à autrui seulement attribuables à des troubles mentaux graves ne concernaient que 4% des cas constatés.
Des survivants de la tuerie ont annoncé dimanche 18 février l'organisation d'une grande manifestation à Washington le 24 mars pour réclamer un contrôle plus strict des armes. Mais le commentateur radio conservateur Rush Limbaugh prône une solution plus radicale : généraliser le port d'une arme dissimulée ("concealed carry") sur les campus pour pouvoir répondre à une attaque.
AFP/VNA/CVN