À la recherche des objets anciens

De nombreux habitants de la commune de Hai Minh, province de Nam Dinh (Nord), se sont enrichis en dénichant puis en revendant des antiquités.

Les habitants du district littoral de Hai Hâu (province de Nam Dinh) vivent essentiellement de la riziculture et de la pêche. Cependant, la commune de Hai Minh est réputée pour le commerce d’objets anciens. Ici, dans les simples maisons sans étages et aux murs blancs, les antiquités sont partout.

L’un des quartiers de vente d’objets anciens dans la commune de Hai Minh.
Photo : Panoramio/CVN

De nombreux commerçants de Hai Minh sont aussi chiffonniers transnationaux et travaillent en groupes. Le plus important est celui du village No9. Ces chiffonniers un peu particuliers se consacrent à la recherche d’objets de valeur. Ils aiment raconter l’histoire de l’achat de la tête d’une ancienne statue Cham pour quelques millions de dôngs et revendue 180 millions.

«De la chance et du flair»

Si c’est une commune tranquille que l’on découvre en arrivant à Hai Minh, il suffit de se rendre dans le «Nouveau quartier» pour trouver un peu d’animation. Ici, des dizaines de boutiques d’objets anciens se succèdent. Des sâp gu (lit en planches sur pieds) aux présentoirs pour service à thé en passant par des horloges et des sentences parallèles. Tous ont l’air démodé, mais sont en réalité d’une grande valeur et rapportent beaucoup d’argent. Les patrons de ces brocantes possèdent d’ailleurs bien souvent une voiture moderne et une fortune de dizaines de milliards de dôngs.

Hai Minh recense actuellement une trentaine de commerçants d’objets anciens. D’après Luong Van Minh, commerçant local, ce métier n’est pas une nouveauté et a connu son âge d’or il y a une dizaine d’années. Les commerçants expérimentés apprennent aux jeunes qui veulent se lancer. «Il faut avoir de la chance et du flair pour chasser ces objets. Les commerçants de Hai Minh partent en vadrouille afin de trouver ce dont ils ont besoin».

Luong Van Minh nous raconte alors le cas de Dô Van Thiên, qui a découvert un bol fabriqué sous le règne du roi Thiêu Tri (1841-1847). L’homme avait vu la pièce chez une femme de Tiên Hai (province de Thai Binh, Nord) alors qu’elle contenait des poissons cuits dans la saumure. Il lui avait alors proposé de l’acheter et la propriétaire lui en avait proposé un dixième de taël d’or. Sans hésiter, M. Thiên avait alors retiré la bague en or de son doigt, et était immédiatement rentré chez lui.

Des objets dérobés ou contrefaits

«Il y a 50 ans, à Hai Minh, la collecte d’objets anciens était une passion pour certaines personnes âgées. Aujourd’hui, les gens ont pris conscience de la valeur de ces pièces et sont devenus professionnels», explique Luong Van Minh. Cet homme fait savoir que les membres de l’organisation des objets anciens de Hai Minh adhèrent aussi à l’Association des objets anciens de Thiên Truong dont les membres se rencontrent le 7e jour du 1er mois lunaire. Ils partagent alors leurs expériences et s’accordent sur le niveau d’évaluation des objets.

Les objets anciens emplissent les maisons de Hai Minh.

Mais l’activité n’est plus à son apogée et les réserves en objets anciens s’épuisent dans le Nord. Les villageois de Hai Minh chassent désormais les objets dans le Sud, notamment dans les régions autrefois riches telles que Bac Liêu, Cân Tho ou An Giang. Ils vont parfois jusqu’en Chine.

Selon Sao Huy, les commerçants doivent étudier et s’informer en permanence afin d’évaluer au mieux toutes ces pièces. «Pour les céramiques ou porcelaines, l’émail et la couleur déterminent la date de fabrication. Pour les objets en bois, ce sont les veines», partage-t-il.

Pourtant, malgré leurs connaissances, il arrive aux habitants de Hai Minh de se tromper et d’acheter des objets dérobés ou contrefaits. Sao Huy a ainsi, un jour, déniché un document de grande valeur. Quelques mois plus tard, la police lui a expliqué qu’il s’agissait d’un objet volé dans une maison communale de la province de Bac Ninh (Nord). Il peut aussi arriver que les objets abîmés soient retouchés par les artisans, faisant perdre à la pièce sa valeur. «Ils corrigent tellement bien les défauts qu’on ne le voit pas à l’oeil nu. Les retouches sont dévoilées par la loupe ou la torche», ajoute ce commerçant.

Les objets anciens ont changé la vie des habitants de la commune autrefois agricole et aquacole et ont permis à Hai Minh de s’enrichir.

Quê Anh/CVN

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